L’OPEP ne baissera pas sa production même si le baril plonge à 20 dollars. Le ministre saoudien du pétrole et super-décideur au sein de l’OPEP, Ali al-Naimi est catégorique : l’Arabie Saoudite continuera à défendre ses parts de marché.
« Ce n’est pas dans l’intérêt des producteurs de l’OPEP de réduire leur production, quel que soit le prix, qu’il soit de 20 dollars, 40 dollars, 50 dollars ou 60 dollars, cela n’a pas de sens », a-t-il affirmé dans un entretien à la revue Middle East Economic Survey repris hier par l’agence de presse saoudienne.
L’Arabie Saoudite qui refuse de jouer le rôle de « swing producer » ou producteur d’appoint qui régule le marché en augmentant ou en réduisant sa production. Certes, dit-il, si l’Arabie Saoudite baissait sa production « les prix repartiraient à la hausse » mais les » Russes, les Brésiliens et les producteurs américains de pétrole de schiste prendraient notre part ».
Le ministre saoudien affiche ainsi une détermination qui va même plus loin que le ministre émirati du pétrole qui avait refusé une baisse de la production même si le baril descendait à 40 dollars.
Les déclarations d’al-Naimi ont été interprétées comme une déclaration de guerre « franche » au secteur pétrolier américain dont les coûts de production sont supérieurs à 60 dollars. Dans les pays du Golfe, les coûts sont beaucoup plus bas, inférieurs à 10 dollars. Et Al-Naimi ne se prive pas de le rappeler : » Ils seront blessés avant que nous ressentions la moindre douleur ».
Le baril à 100 dollars, c’est fini
Mais il n’y a pas que les producteurs de pétrole de schiste américains qui seront affectés. Les pays de l’OPEP fortement peuplés et qui ont un besoin crucial des recettes hydrocarbures comme l’Iran, le Venezuela ou l’Algérie risquent, eux aussi, d’être blessés par le choix stratégique imposé par les pétromonarchies à l’OPEP.
Ali Al-Naimi leur annonce également la mauvaise nouvelle que le baril ne reviendra pas au niveau des 100 dollars. Jamie Webster, analyste à IHS Energy cité par le Financial Time considère qu’il s’agit d’un « changement fondamental » dans la stratégie de l’OPEP depuis les années 70.
« Nous sommes entrés dans une période alarmante pour le marché du pétrole pour les prochaines années, nous allons devoir nous habituer à beaucoup de volatilité. » Yasser Elguindi, analyste à Medley Global Advisors s’est dit surpris de la « crudité » des propos d’al Naimi.
» e suis plus pessimiste que la plupart des personnes qui observent les prix du pétrole, malgré tout je suis surpris par l’agressivité de ses propos sur ce changement radical de politique » a-t-il déclaré au Financial Time.