Le gardien de but égyptien, Essam Al Hadary, a été l’invité de l’émission «90 minutes» diffusée sur la chaîne satellitaire Al Mihwar ..
dans laquelle il est revenu sur les deux derniers matches de son équipe contre l’Algérie et l’élimination que l’Egypte n’est prête ni à digérer ni à accepter. Le gardien des Pharaons, à l’instar de ses camarades et toute la presse de son pays, n’a pas reconnu la défaite de son équipe sur le terrain et accuse les Algériens d’avoir fait usage de méthodes extrasportives pour remporter le match du Soudan. Il est allé même plus loin en affirmant que les journalistes algériens qui étaient derrière le but avaient sur eux des armes blanches. Al Hadary s’est dit très affecté par une élimination à laquelle il ne s’attendait guère, après leur victoire au Caire sur le score de 2 à 0 et qui leur a donné le droit de disputer un match d’appui au Soudan. Croyant à une victoire certaine à Khartoum, les camarades d’Al Hadary se sont heurtés à une volonté de fer des joueurs algériens qui leur ont donné une leçon de football et d’humilité qu’ils n’oublieront jamais.
«J’ai vu des armes blanches chez de pseudo-journalistes derrière le but»
Le gardien égyptien a déclaré d’emblée que lors de la dernière rencontre disputée au Soudan, il a vu des gens portant des gilets de presse et qui se trouvaient derrière les bois munis d’armes blanches. «J’ai vu des personnes avec des gilets de presse tenant des armes blanches, au point où j’avais peur de ramener le ballon, lorsqu’il sortait derrière le but», a-t-il dit. Mais la question qui mérite d’être posée est celle-ci : Si vraiment il a vu ce qu’il raconte, pourquoi n’avait-il pas informé les organisateurs de la rencontre ou, du moins, ses responsables, pour prendre les mesures nécessaires ?
«Je poussais notre public à nous encourager, mais les supporters algériens l’étouffait»
Al Hadary a affirmé par la suite qu’à chaque fois qu’il se dirigeait vers les supporters égyptiens pour leur demander d’encourager davantage les joueurs et les pousser à fournir plus d’efforts, il se heurtait à la révolte des supporters algériens. Selon lui, ceux qui portaient des drapeaux égyptiens n’étaient pas tous des Egyptiens. «On était menés au score et je demandais à nos supporters de nous encourager encore plus fort, afin de pousser les joueurs à se surpasser. Mais à chaque fois, les supporters algériens, qui étaient plus nombreux, réagissaient de manière très violente. Ce n’est pas la même réaction qu’au Caire, c’est un point important. Si nous n’avions pas été poussés par nos supporters au Stade du Caire, on n’aurait jamais gagné.»
«Le public égyptien ne fait peur qu’au Caire»
«Lors de cette rencontre (à Khartoum), je me suis rendu compte que le public égyptien n’était enthousiaste que lorsqu’il est au Caire. La preuve, seuls de petits groupes nous en couragaient. J’ai compris que les matches qu’on gagnait au Caire, c’est grâce au public qui faisait peur à nos adversaires. Malheureusement, nous n’avons pas trouvé ce soutien au stade de Khartoum. C’est plutôt nous qui étions effrayés par le public algérien qui donnait de la voix et suivait le match debout,pendant deux heures.»
«Il n’y avait pas plus de 1 000 vrais supporters égyptiens»
Toujours au sujet du public, l’ex-gardien d’Al Ahly a déclaré que le nombre des supporters égyptiens qui a fait le déplacement à Khartoum était de 3 000 personnes, mais la plupart sont des artistes et des personnalités connues. «Nous n’avons pas trouvé les véritables supporters dont on avait besoin. Il n’y avait que 1 000 ou un peu plus. Incomparable avec le nombre impressionnant des supporters algériens qui ont afflué en masse au stade. Franchement, si les supporters égyptiens avaient été aussi nombreux que les Algériens, on aurait assisté à une catastrophe.»
«Les ambassades égyptiennes en Algérie et au Soudan n’ont pas fait leur travail»
Al Hadary a accusé par ailleurs les ambassades de son pays, à Alger et à Khartoum, d’avoir eu une part de responsabilité pour le non déplacement des supporters égyptiens en force au Soudan. Alors qu’ils s’attendaient à un appui de la part de leurs voisins, les Soudanais ont soutenu l’Algérie. «Je ne sais pas pourquoi les ambassades d’Egypte à Alger et Khartoum n’ont pas informé l’Etat sur le déplacement d’un si grand nombre de supporters que l’Algérie préparait au Soudan. Même l’ambassade d’Egypte à Khartoum n’a pas pu informer les autorités égyptiennes sur l’afflux des Algériens à Khartoum en un laps de temps record. L’Etat aurait pu prendre les mesures qui s’imposent.»
«A défaut de vols civils, les Algériens se sont déplacés dans des avions militaires»
Alors que certaines parties en Egypte accusent l’Algérie d’avoir envoyé des commandos au Soudan et non des supporters, Al Hadary pense autrement. «Je crois que le public algérien qui s’est déplacé en force au Soudan ne l’aurait pas fait, s’il n’y avait pas des avions militaires. Je sais que l’Algérie n’a pas assez d’avions pour transporter autant de monde en un laps de temps aussi court. C’est la raison pour laquelle les autorités algériennes ont utilisé des avions militaires.»
«Je ne crois pas à l’agression du Caire, ce sont les supporters algériens qui ont tout manigancé»
Le gardien de but d’Al Ismaïli a évoqué l’agression des joueurs algériens sur le chemin entre l’aéroport et l’hôtel, en donnant une autre version. Si les autorités égyptiennes accusent les joueurs algériens d’être derrière cet incident en brisant les vitres du bus eux-mêmes, Al Hadary disculpe les joueurs. «L’agression des joueurs algériens n’a pas été fabriquée de l’intérieur du bus, mais de l’extérieur. Ce sont les supporters algériens qui étaient nombreux au Caire qui ont attendu le bus pour l’attaquer, dans le but d’annuler le match. Mais ils n’ont pas réussi», dira-t-il.
«J’ai pleuré deux fois, mais il n’y aura pas de troisième»
A la fin du match entre l’Algérie et l’Egypte, à Khartoum, avec la qualification des Verts au Mondial, Essam Al Hadary s’est effondré, en sanglots, car croyant dur comme fer à une deuxième victoire, après celle du Caire. «J’ai pleuré deux fois durant tout mon parcours. La première, c’était en 2007 avec Al Ahly lors de la finale de la Ligue des champions africaine que nous avions perdue contre l’Etoile de Sousse. C’est la deuxième fois donc que je pleure, car nous avons gâché le rêve du public égyptien. Et je ne veux pas pleurer une troisième fois, car on veut gagner la Coupe d’Afrique pour la troisième fois d’affilée.»
«Je n’ai pas dormi pendant trois nuits tellement j’étais affecté»
Le gardien de but égyptien n’a pas digéré l’élimination de son équipe. «Sachez que je n’ai pas dormi pendant trois nuits, et si je n’étais pas aux côtés de mes enfants (un garçon et trois files) j’aurais passé des moments plus pénibles. Le fait de me retrouver avec mes enfants m’a aidé quelque peu, mais je ne pourrais jamais oublier qu’on a gâché le rêve de 80 millions d’Egyptiens. Je veux reprendre les entraînements et la compétition pour surmonter ce qui s’est passé au Soudan.»
«Je veux terminer ma carrière à Al Ahly»
A la fin de l’émission, Al Hadary s’est dit gêné vis-à-vis des supporters de son club actuel, Al Ismaïli, en répondant à la question de savoir s’il reviendra un jour à Al Ahly. «J’ai le sentiment que je reviendrai à Al Ahly. J’ai joué dans ce club plusieurs années et je l’ai quitté à cause de certaines parties. Il viendra le jour où je reviendrai à Al Ahly pour y terminer ma carrière.»
Il a refusé de parler à un Algérien
A la fin de l’entretien, l’animateur de l’émission a ouvert le micro pour les intervenants par téléphone. Après avoir été félicité par ses compatriotes, un Algérien a appelé, mais Al Hadary a refusé de lui parler. Avant qu’on le ne coupe, l’intervenant algérien a reproché à l’animateur de l’émission et toutes les autres émissions de ne jamais évoquer le volet technique du match de Khartoum, se contentant de ce qu’ils appellent les ‘incidents du Soudan’. Al Hadary n’a pas voulu répondre alors que l’animateur de l’émission lui a répondu qu’il n’accepterait aucun appel venant d’Algérie.
«Dance Al Hadary» est devenu «Pleure Al Hadary»
En 2008, alors que l’Egypte venait de remporter sa deuxième CAN consécutive, le gardien de but Essam Al Hadary avait tourné un spot publicitaire dans lequel il répétait la phrase suivante : Dance Al Hadary. Un slogan qui a été changé par les Algériens en «Pleure Al Hadary» après que le gardien d’Al Ismaïli eut pleuré à l’issue de la rencontre face à l’Algérie au Soudan.