Le journaliste de la chaîne qatarie Al-Jazeera, Aktham Suliman, correspondant à Berlin, a démissionné récemment, accusant «le gouvernement du Qatar d’exercer une influence sur les informations traitées par la chaîne».
Selon des titres de la presse allemande, le correspondant d’Al Jazeera s’est confié à la radio Deutche Welle (DW) où il a accusé «le gouvernement du Qatar d’exercer une influence sur les rapports journalistiques d’Al Jazeera».
«Je dois dire que le professionnalisme fait défaut actuellement à Al Jazeera. Quand j’ai commencé en 2002, je n’ai pas eu cette impression, bien au contraire, mais dans les deux dernières années, Al Jazeera s’est dégradée en termes de professionnalisme», a-t-il expliqué le journaliste Aktham Suliman, d’origine syrienne âgé de 42 ans.
Pour lui, «le problème de la chaîne est le manque de structures internes qui l’immunisent contre ce qui était sans doute une tentative par le propriétaire ou par les éditeurs de s’ingérer politiquement dans les affaires qui auraient dû être traitées d’une manière journalistique».
Selon Aktham, «Al Jazeera a traité la crise en Syrie d’une manière partiale. Elle ne présente pas la situation d’une manière appropriée et équilibrée. Il y a des meurtres, des injustices, mais cela n’est pas du tout reflété par cette chaîne. Quand je vois la couverture médiatique de la crise en Syrie, je ne comprends pas vraiment ce qui se passe là-bas. Et c’est la première chose que j’attends du journalisme».
«Vous remarquez que le traitement médiatique diffère entre les gouvernements qui sont tombés en disgrâce aux yeux des dirigeants du Qatar, notamment en la Libye, la Syrie et le Yémen, par rapport à ceux de la Jordanie et de Bahreïn, alors que ces deux pays connaissent des phénomènes similaires. Mais il n’ y a pas beaucoup de rapports à leur sujet.
Ce traitement médiatique correspond à l’état de la politique étrangère du Qatar. Il s’agit d’un problème très grave. Maintenant, nous nous trouvons tout à coup dans une situation où notre rapport est aligné avec exactitude sur la politique étrangère du Qatar.
Donc, vous avez l’impression que vous n’êtes plus un journaliste, vous êtes tout simplement un chien de garde répondant au sifflet du propriétaire quand il vous dit d’aller chercher cet Etat ou ce gouvernement. C’était vraiment extrême», a expliqué ce journaliste qui a exercé au sein de cette chaîne depuis 10 ans comme correspondant et directeur du bureau de Berlin. Depuis l’éclatement des révoltes arabes en janvier 2011, de nombreux journalistes d’Al Jazeera ont quitté la chaîne en raison «de sa ligne éditoriale». Une équipe de journalistes démissionnaires d’Al Jazeera a créé d’ailleurs une nouvelle chaîne indépendante, El Mayadine, basée à Beyrouth.