Aït Yahia Moussa – Riche programme de commémoration: Dire aux jeunes la bataille du 6 janvier 1959

Aït Yahia Moussa – Riche programme de commémoration: Dire aux jeunes la bataille du 6 janvier 1959

Six (6) janvier 1959 – 6 janvier 2019. Soixante ans, jour pour jour, que la célèbre bataille du 6 janvier 1959 a eu lieu. Pour commémorer cet événement, la Kasma des Moudjahidine et l’APC d’Aït Yahia Moussa ont tracé un programme «pour rappeler aux jeunes générations l’engagement indéfectible de la région dans la lutte armée pour le recouvrement de l’indépendance».

Après un rassemblement devant la mairie, la procession a pris le chemin du carré des martyrs «6 janvier 1959», à Vougarfène, à quelque quatre kilomètres de l’ex-Oued-Ksari. En plus des autorités locales, étaient présentes les autorités civiles et militaires et des figures révolutionnaires. Après le dépôt d’une gerbe de fleurs et l’observation d’une minute de silence à la mémoire des martyrs de la révolution, en général, et ceux de la bataille, en particulier, des intervenants sont revenus sur cette bataille ayant marqué la révolution par, non seulement, le nombre de martyrs tombés au champ d’honneur, mais aussi par les pertes au sein de l’armée coloniale. «C’était comme un tremblement de terre. Des hélicoptères appelés en renfort arrosèrent les habitations avec du napalm. C’était un crime contre l’humanité. Même si la région connut d’autres batailles, il n’y pas eu pire que celle du 6 janvier.

Les soldats français crurent mater la révolution en éliminant de hauts responsables qui voulurent se rencontrer à Tizra Aïssa, plus précisément dans la maison natale de Krim Belkacem. Mais Si Moh Nachid et ses hommes purent les extirper de cette zone et les accompagner jusqu’au Djurdjura. L’opération aurait été une parfaite réussite si des harkis ne les avaient dénoncés auprès de l’armée française, peu avant le début de cette importante réunion. Ce jour-là, les moudjahidine donnèrent du fil à retordre à l’une des armées de l’Otan les plus aguerries et supérieure en hommes et en armes», racontera un rescapé de cette grande bataille.

D‘autres témoignages poignants corroboreront les propos de dernier. Ils étaient nombreux à vouloir prendre la parole. Chacun voulait raconter un fait ou une anecdote sur cet épisode révolutionnaire, le plus important toute la région. Du côté des civils, on parle de dizaines d’habitations détruites, avec à l’intérieur des bêtes et des provisions, et de plusieurs blessés, brûlés. Juste après cette bataille, ce fut la ruine pour les montagnards qui n’avaient plus rien à manger. Les Français s’étaient alors acharnés contre la population civile. C’était aussi une manière pour eux de couper définitivement la logistique que donnaient les civils aux Moudjahidine. Depuis cette importante bataille, la région d’Aït Yahia Moussa fut déclarée zone interdite. Il y eut non seulement l’installation de camps militaires partout mais aussi de postes avancés. «Trois mois après cette bataille, une autre a eu lieu, le 5 mars 1959 à Tachtiouine», racontera un autre moudjahid. Pour cette grande bataille, selon les chiffres dont nous disposons, l’armée française avait mobilisé 32 000 hommes de troupe, 32 avions de chasse et une grande artillerie. Devant l’ampleur des blessés et des morts, les combats tournèrent au corps à corps dans les oliveraies de Vougarfène, alors que les avions survolaient toute la région afin de resserrer l’étau sur les Moudjahidine, qui devaient arriver en renfort des villages voisins, tels Tafoughalt, Tarikht, Imzoughène et même de Maâtkas.

On compta 385 martyrs tombés au champ d’honneur ce jour-là, alors que l’armée française perdit de nombreux soldats, dont le nombre reste indéterminé à ce jour. «Des hélicoptères ne cessèrent de transporter les morts et les blessés vers l’hôpital de Tizi-Ouzou, mais on ne savait pas exactement leur nombre», se rappellera un ex-combattant. Le fait saillant de cette importante bataille fut la capture du lieutenant Chassin et du capitaine Garazziani, sinistre tortionnaire de Louisette Ighil Ahriz et de nombreuses autres Moudjahidate dans les prisons de l’Algérois et les centres de torture. C’était peut-être cela qui enragea les soldats en recourant à toutes formes d’extermination. Ce massacre reste gravé dans la mémoire collective. On croit savoir qu’un film sera réalisé pour ouvrir cette page glorieuse du parcours héroïque soldats de l’ALN. «Un exemple de bravoure et de courage à méditer et à prendre en exemple à chaque fois qu’il faudra défendre cette patrie arrosée par le sang d’un million et demi de martyrs», insiste un ancien maquisard.

Amar Ouramdane