Ait Larbi: “l’Algérien préfère être exécuté que perdre sa nationalité”

Ait Larbi: “l’Algérien préfère être exécuté que perdre sa nationalité”

La question de l’avant-projet de loi portant sur la déchéance de la nationalité algérienne, proposé par le ministre de la Justice lors de la réunion du Gouvernement d’hier mercredi, continue de susciter les réactions en Algérie.

À noter que « ce texte prévoit la mise en place d’une procédure de déchéance de la nationalité algérienne acquise ou d’origine qui sera applicable à tout Algérien qui commet, en dehors du territoire national, des actes portant volontairement de graves préjudices aux intérêts de l’État ou qui porte atteinte à l’unité nationale ».

Il s’agit également de « celui qui active ou adhère à une organisation terroriste ainsi que celui qui la finance ou qui en fait l’apologie ».

Au-delà des cas précis cités dans le projet de loi, et au-delà du débat sur la gravité ou non de ces cas, la plupart de ceux qui se sont exprimés sur cette question estiment que la nationalité algérienne passe au-dessus de toute considération, notamment si l’on juge l’attachement de l’Algérien a ces origines.

L’un des intervenants qui ont cité précisément ce point n’est autre que l’avocat Mokrane Ait Larbi. Il note d’emblée que « le retrait de la nationalité acquise de toute personne ayant commis des crimes donnés est effectivement applicable dans d’autres pays ».

« L’Algérien préfère être exécuté que d’être déchu de sa nationalité »

Ceci dit, et « pour ce qui est du retrait de la nationalité algérienne d’origine et héritée des ancêtres, c’est totalement inconcevable, d’autant que c’est les ancêtres de ces mêmes Algériens qui sont tombés en martyre pour cette nationalité », note le juriste.

L’avocat estime, en outre, que « nonobstant la gravité du crime commis par le détenteur de la nationalité authentique, on ne peut en aucun cas la lui retirer, car l’algérien authentique préfère d’être exécuté pour ce qu’il a commis que de se faire déchoir de sa nationalité, pour laquelle sont morts ses ancêtres ».

Dans le poste publié sur sa page Facebook, l’avocat a mis en garde que « tous ceux qui tenteront de déchoir les Algériennes et les Algériens de leur nationalité, assumeront une lourde responsabilité dans l’histoire de l’Algérie ».

« Même les Harkis n’ont pas été déchus de leur nationalité »

Comme l’a noté le militant Rachid Nekkaz dans sa réaction au projet de loi portant sur la déchéance de la nationalité algérienne, Me Mokrane Ait Larbi a également cité l’exemple des Harkis, qui n’ont pas été déchus de leur nationalité algérienne.

« Même les Harkis n’avaient pas été déchus de la nationalité algérienne, alors que dire des autres Algériens », a-t-il déclaré, avant de mettre en garde fermement contre toutes « tentatives de toucher à la nationalité d’origine pour laquelle se sont sacrifiés un million et demi de martyrs ».

Si les intervenants quant à la proposition du garde des Sceaux ont cité le cas des Harkis, qui malgré tout, ont pu garder leur nationalité algérienne, c’est sans doute pour mettre en évidence l’importance de cette même nationalité aux yeux des Algériens et sa profonde valeur.

Pour le militant et ex-détenu Rachid Nekkaz, cette démarche, n’a pas eu lieu en 1962, en prenant en considération la question des descendants des Harkis qui n’ont rien à voir avec les agissements de leurs ancêtres.

À cette époque-là, déclare Nekkaz, « l’Algérie n’a pas retiré la nationalité aux Harkis, mais leur a seulement interdit l’accès à la carte nationale d’identité et au passeport. Et c’est justement pour que leurs descendants auront droit à ces mêmes documents ».

Pour lui, l’Algérie n’a pas retiré la nationalité à cette catégorie d’Algériens parce que « la responsabilité légale des Harkis n’est pas transférable à leurs enfants qui n’ont pas trahi l’Algérie ».