Le président du FFS a émis des réserves quant à la nature de ces réformes politiques et à leur aboutissement. Le président du Front des forces socialiste (FFS), Hocine Aït Ahmed a critiqué, encore une fois, le processus de réformes engagé par le président de la République suite à son discours du 15 avril dernier.
Dans une note adressée au secrétariat national, lors d’une rencontre avec le premier secrétaire du parti, Karim Tabbou, et le président du comité d’éthique qui a eu lieu récemment à l’étranger, Aït Ahmed, considère que «la crise politique en Algérie continue et les propositions de réformes proposées par le chef de l’Etat sont peu crédibles et peu susceptibles de remédier au tsunami politique, économique et social provoqué par la décennie de sang suivie par une décennie de prédation de grande ampleur».
Le président du FFS a émis des réserves quant à la nature de ces réformes politiques et à leur aboutissement. «Je m’interroge sur les fonctions véritables assignées à cette commission. Objectivement, on cherche à gagner du temps mais surtout à faire diversion. Comment peut-on choisir ce moment pour, dans l’opacité absolue, conclure un train d’accords commerciaux et financiers avec des partenaires étrangers? C’est la sécurité nationale, voire même la souveraineté du pays, qui peuvent être compromises. Ne profite-t-on pas d’un contexte national et régional pour dépecer le pays ?» a écrit Aït Ahmed dans sa missive qui a été lue hier par le premier secrétaire du FFS, Karim Tabbou, lors d’une conférence de presse dans son siège. Pour le numéro 1 du FFS, qui tient à l’occasion à avertir l’opinion publique, c’est l’avenir du pays qui est en train de se décider aujourd’hui.
«Certes, ce pays ne peut s’arrêter de vivre mais des décisions économiques et financières qui engagent l’avenir des générations entières exigent un débat transparent, sérieux et un consensus de la nation. Hier, des décisions ont été prises dans la précipitation et l’opacité, alors que c’était le destin de tout le pays qui se jouait. Pour nous, cette ère est révolue», a écrit le président du FFS qui souligne que son parti «dira toute la vérité à l’opinion publique en temps voulu et proposera les mesures nécessaires pour empêcher le bradage du pays». Et au leader du FFS de diagnostiquer «les aspects politiques de la crise». «Après avoir déstructuré les rapports entre l’Etat et le citoyen, puis entre les citoyens eux-mêmes, le problème de gouvernance du pays est en train de détruire les relations entre les institutions elles-mêmes. Ceci risque de faire muter la crise de gouvernance en crise d’Etat défaillant. Ce qui peut connecter l’Algérie de la manière la plus dangereuse qui soit sur la crise globale.» Sur le plan régional, le président du vieux parti d’opposition a souligné que «les turbulences que traversent les jeunes révolutions tunisienne et égyptienne inquiètent l’opinion et influent sur le moral.
Mais elles confortent l’opinion la plus large dans sa conviction que seule une action organisée s’inscrivant dans une perspective démocratique et non violente peut faire émerger une alternative sérieuse à la crise nationale». Et à Aït Ahmed d’adresser ce message codé, que même Karim Tabbou n’a pas décrypté : «L’option du coup d’Etat défendue, fait quelques émules mais n’arrive pas à convaincre au-delà de quelques cercles limités». S’agissant du conflit libyen, le président du FFS a sévèrement critiqué la position algérienne. «La guerre de Libye résultant de l’action criminelle du régime Kaddafi et des visées impérialistes françaises, britanniques et américaines, fait craindre la perspective du chaos. La position algérienne est difficile à lire : d’une part, un soutien officiel à Kaddafi au nom de la stabilité quand d’autre part, est menée, dans la presse et sur les sites électroniques, une campagne totalement alignée sur les positions françaises», lit-on encore dans la lettre d’Aït Ahmed.
«Mehri est libre dans sa démarche»
Appelé à commenter la décision de l’ex-secrétaire général du FLN, Abdelhamid Mehri, de prendre part aux consultations sur les réformes politiques pilotées par Abdelkader Bensalah, Karim Tabbou a souligné que «Mehri est libre de décliner ou d’accepter l’invitation de cette instance». «Même s’il y a beaucoup de convergences politiques entre notre parti et Mehri. Mais chacun est libre de choisir sa démarche et sa façon de procéder» a dit le premier secrétaire du FFS. «Et puis après, il n’y a aucun acte qui peut convaincre le peuple. Ce dernier n’accorde aucun intérêt pour ce dialogue», a ajouté Tabbou soulignant que «l’ère des mascarades est révolue». «Au moment où l’on invite Bouchachi (président de la Laddh, Ndlr) au dialogue, on lui refuse une salle pour tenir une conférence. Il n’y a rien de sérieux dans ces consultations. Tout le monde bouge, l’histoire bouge et on ne peut pas figer un peu et un pays» tonne-t-il. A noter que Mehri a répondu favorablement à l’invitaion qui lui a été adressée par l’Instance sur les réformes politiques. Mehri qu’on surnommait également l’homme des sérails devrait être reçu aujourd’hui pour soumettre sa proposition à Bensalah. A souligner enfin que le FFS a procédé, sur instruction de Aït Ahmed, à un léger réaménagement de son secrétariat national. Cette démarche obéit, selon Tabou, à la logique d’adapter le parti aux nouvelles exigences et pour réaliser des objectifs considérés comme
«prioritaires» par le président du parti. Dans ce sens, le FFS a déterminé quatre chantiers à ouvrir en priorité. Il s’agit des jeunes, des travailleurs, des femmes et la feuille de route d’étape de restructuration du parti.
Par Hocine Larabi