Aït Abdelmalek (entraîneur diplômé UEFA, ancien formateur à Eintracht Frankfurt) : «Je veux faire bénéficier l’Algérie de la formation allemande»

Aït Abdelmalek  (entraîneur diplômé UEFA, ancien formateur à Eintracht Frankfurt) : «Je veux faire bénéficier l’Algérie de la formation allemande»

Ahcene Aït Abdelmalek est un entraîneur et formateur de football, titulaire d’un diplôme UEFA (diplôme d’entraîneur professionnel international). Né en Algérie, il a fait ses études universitaires à Dijon, avant d’aller s’installer à Francfort où il a été recruté pour exercer au sein de l’Académie de Eintracht Frankfurt. Aujourd’hui, il désire contribuer à la relance de la formation en Algérie.

Vous avez un diplôme d’entraîneur UEFA. Peut-on connaître votre parcours professionnel ?

J’ai travaillé au centre de formation de Eintracht Frankfurt, en Allemagne. Ma plus importante participation en tant que coach a été en Ligue des champions africaine, en 2010, avec le Djoliba de Bamako. J’avais terminé vice-champion du Mali, en atteignant les demi-finales de la Coupe du Mali. J’ai travaillé également au sein de clubs algériens dans la formation des jeunes, entre autres à la JSK, en 2000-2001, à l’ASMO et l’USMH.

Peut-on dire que vous avez la vocation d’un formateur ?

J’ai la vocation d’un formateur, mais aussi celle d’un entraîneur, parce que pour l’être, il faut maîtriser des aspects liés à la formation d’un joueur : l’aspect physique, l’aspect technique et l’aspect physiologique. La formation chez les jeunes est très sensible. Si l’un de ces aspects manque, la formation sera tronquée. Dans un centre de formation, on prépare l’élite. S’il manque un ingrédient, on ne peut pas atteindre l’objectif.

Avez-vous un vécu de footballeur ?

Oui, bien sûr ! J’ai joué au football lorsque j’étais jeune, mais je n’ai pu embrasser une carrière professionnelle à cause de mes études supérieures et de certaines obligations familiales. Il fallait choisir entre les études et le football, et comme il n’y avait pas beaucoup de moyens dans le football à l’époque, j’avais opté pour les études. Je me suis donc contenté de jouer en amateur dans des équipes de la Division régionale et un peu en Deuxième division.

Comment avez-vous réussi à exercer en Allemagne ?

Ce n’est pas facile d’exercer dans ce pays, car chaque année, des milliers de techniciens sont formés. Si l’étranger que j’étais a été recruté, c’est parce que j’avais les compétences, tout simplement. C’est Karl-Heinz Körbel (recordman des matches en Bundesliga, ndlr) qui m’avait recruté à l’Académie de Eintracht Frankurt. J’étais très bien là-bas. Puis, il y a eu des propositions en Algérie pour m’occuper du management technique. Ensuite, il y a eu le challenge de la Ligue des champions au Mali. Donc, j’ai quitté l’académie de Eintracht Frankfurt.

Qu’est-ce qui vous motive aujourd’hui à quitter l’Allemagne, où vous résidez, et la France, où vous avez fait vos études, pour travailler en Algérie ?

C’est une très bonne question. Je suis un autochtone, je connais donc mon pays, l’Algérie, et les manques qui existent dans le football de mon pays. Le football algérien souffre sur le plan de la formation, que ce soit du côté organisationnel, de la gestion et de la méthodologie d’entraînement. Cela me pousse à vouloir rentrer en Algérie et exercer mon métier, afin de contribuer à relancer la formation. Le footballeur algérien a des qualités, mais elles ne sont pas exploitées dans le bon sens. Il souffre en préformation et en formation sur le plan physiologique. Il ne s’entraîne pas assez, par manque de créneaux d’entraînement, de terrains et du niveau tactique. Ce n’est pas à l’âge de senior qu’on peut attendre d’un joueur algérien, mal formé tactiquement, de jouer des compétitions de haut niveau et de réaliser de grandes performances. Pour preuve, la majorité, qui évolue actuellement dans la sélection nationale, n’est pas issue du championnat algérien. Il faut réfléchir et dire pourquoi un pays comme l’Algérie, qui a des moyens financiers, n’arrive plus à former. La réponse est : l’argent, seul, ne suffit pas à faire des miracles. On a besoin de mettre en place des projets sportifs pour qu’on puisse sortir un petit peu la tête de l’eau et espérer rivaliser un jour avec les grandes nations du football. Cela ne peut se faire que par le travail. Comme l’Europe est le continent où la formation se fait le mieux, pourquoi ne pas s’inspirer du modèle allemand – et je sais de quoi je parle puisque je vis en Allemagne – pour faire avancer la formation algérienne ?

L’un des chantiers de la FAF est justement de relancer la formation à travers la restructuration de la DTN et l’élaboration d’un plan à long terme. Seriez-vous intéressé pour contribuer à ce projet avec votre bagage de formateur ?

Bien sûr que je suis partant pour être l’un des artisans d’une avancée du football algérien. C’est une très bonne initiative. Je sais que c’est M. Haddouche qui a été nommé Directeur technique national. C’est le moment de faire appel aux compétences et non seulement aux noms. Il ne faut plus faire du social. Nous sommes tous appelés à contribuer à ce projet. Reste à savoir si la DTN aura les moyens de sa politique, notamment sur le plan des infrastructures. Sans moyens, on ne peut avancer. Encore faudra-t-il qu’on me fasse appel et qu’on me permette de présenter mon projet. J’attends que le DTN prenne ses fonctions pour que j’envoie ma candidature. Cela dit, je me vois plus dans une fonction sur le terrain.