Airbus rebaptise le CSeries A220, s’attend à de fortes commandes (vidéo)

Airbus rebaptise le CSeries A220, s’attend à de fortes commandes (vidéo)

(Reuters) – Airbus a dévoilé mardi la nouvelle identité du CSeries, de 110 à 130 sièges, qu’il veut rendre plus compétitif en réduisant ses coûts, étendant aux petits avions de ligne son traditionnel combat avec Boeing.

L’avionneur européen a rebaptisé l’avion “A220”, le positionnant ainsi juste en dessous de la gamme A300 qui va de l’A319 de 124 sièges à l’A380 qui en compte 544.

Pour la première fois, le constructeur européen rachète un concurrent et intègre ses appareils dans sa gamme. En rebaptisant le CSeries, le constructeur européen montre ainsi aux compagnies aériennes qu’il fait bien partie de la famille Airbus et qu’il bénéficiera du support et des services d’Airbus.

Les deux modèles, jusqu’à présent connus sous les noms de CS100 et CS300, seront désormais baptisés A220-100 et A220-300 respectivement.

Le changement de nom du CSeries scelle la prise de contrôle européenne, effective depuis le 1er juillet, de l’un des projets industriels canadiens les plus visibles et sonne le glas de la stratégie solo de Bombardier sur le marché des avions de ligne face à ses rivaux plus puissants.

Tous les ingrédients d’une nouvelle bataille entre Airbus et Boeing sont ainsi réunis, l’américain ayant annoncé la semaine dernière un projet de reprise du pôle d’avions commerciaux du brésilien Embraer, le concurrent de Bombardier.

Airbus vise un nombre “à deux chiffres” de commandes pour le CSeries en 2018 et évalue la demande pour les 20 ans à venir à au moins 3.000 unités, a déclaré le directeur commercial du CSeries David Dufrenois.

L’avionneur européen anticipe une demande pour 6.000-7.000 avions de 100-150 sièges pour la catégorie incluant le CSeries et l’Airbus A319 dans les 20 ans à venir, a ajouté David Dufrenois, cadre commercial d’Airbus récemment nommé pour piloter les ventes de la nouvelle entité CSeries.

Airbus espère récupérer au moins la moitié de ce marché, soit plus de 3.000 unités pour le CSeries, a-t-il ajouté avant le salon aéronautique de Farnborough qui se tient à partir de lundi prochain près de Londres.

Un A220-300 arborant les nouvelles couleurs d’Airbus a atterri devant le siège d’Airbus à Toulouse pendant l’évènement, sous une chaleur écrasante.

PUISSANCE DE FEU

En élargissant sa gamme à des appareils plus petits couvrant des distances plus réduites, le constructeur vise de nouvelles compagnies, notamment celles ouvrant des lignes en Afrique ou au Moyen-Orient.

“Nous couvrons ainsi un segment de marché beaucoup plus large – toute l’aviation commerciale – grâce à ce partenariat avec Bombardier”, a déclaré Guillaume Faury, président du pôle d’avions commerciaux d’Airbus.

L’avion est totalement optimisé pour le marché des 100 à 150 sièges, estime l’avionneur européen dans un communiqué, disant y voir un complément parfait pour sa gamme existante de la famille A320neo, version remotorisée de son monocouloir vedette.

“C’est un très bel avion pour un accord gagnant-gagnant pour Bombardier et Airbus qui va donner beaucoup de bons résultats car avec la puissance de feu d’Airbus, nous avons la capacité de convaincre des clients, d’entraîner des partenaires, des fournisseurs”, a-t-il précisé.

Les deux versions de l’A220, motorisées par Pratt & Whitney (groupe United Technologies), permettront d’économiser environ 20% de carburant par rapport aux générations précédentes.

L’objectif d’Airbus avec cette acquisition est d’améliorer la compétitivité du programme en réduisant les coûts de production de l’A220.

Des responsables d’Airbus ont souligné que cette reprise en main serait positive pour l’emploi au Québec où l’avion est construit.

Le site historique de Bombardier à Mirabel continuera à produire l’A220 et la construction d’une ligne de production à Mobile, en Alabama, où Airbus assemble déjà ses A320, est déjà dans les cartons à l’horizon 2020.

Les deux sites pourraient produire un maximum de 120 à 150 appareils pour le site canadien et de 50 à 60 appareils pour le site américain.

“C’est important d’avoir accès au marché, aux clients, et d’avoir un volume important de ventes pour pouvoir asseoir des effets d’échelle”, a-t-il ajouté.

“Chez Airbus, elle est beaucoup plus large car nous avons une base de fournisseurs qui est très importante, c’est pour nous un des objectifs prioritaires de ce programme, de réduire les coûts pour pouvoir en faire un programme profitable”, a-t-il poursuivi.

Fin 2017, les deux avions affichaient 346 commandes fermes et 222 options. Bombardier comptait livrer 40 avions en 2018. Avec ces nouveaux avions dans sa gamme, Airbus espère bien engranger de nouvelles commandes au salon de Farnborough. (Tim Hepher et Julie Rimbert, avec Cyril Altmeyer, édité par Jean-Michel Bélot)