Une fois encore, Abdelkader Ghezzal, que nous avons joint hier par téléphone, a eu l’amabilité de nous accorder un entretien pour parler de son joli doublé inscrit dimanche face à Bari. L’attaquant des Verts nous a aussi donné les raisons de sa forme éblouissante en ce moment.
– Vous étiez tout simplement impressionnant hier (NDLR : entretien réalisé hier, lundi, après-midi) face à Bari, on peut dire que c’est la grande forme en ce moment ?
– Franchement, je suis super content de mon doublé d’hier face à Bari, d’autant plus que c’est le deuxième en un mois. C’est vrai que j’enchaîne les matchs, puisque je ne me suis pas du tout arrêté, mais pour un attaquant comme moi, il n’y a pas un truc qui fasse plus plaisir que de marquer des buts. Je suis encore plus heureux, car j’ai participé à la victoire de mon équipe et Dieu seul combien c’était important de nous imposer hier…
– Justement, vous avez inscrit les deux buts qui ont permis à Sienne de revenir au score…
– Exactement. Nous étions tous conscients qu’il ne fallait surtout pas perdre cette rencontre, si on voulait garder un espoir, aussi petit soit-il, pour le maintien. C’est pour cette raison que nous avons tout donné pour empocher les trois points. Jusque-là et avant mon doublé contre la Juventus, j’avais un grand rôle à jouer au sein de l’échiquier, que ce soit pour débloquer les situations ou en donnant des passes décisives. Mais le fait de marquer, ça me réjouit beaucoup, surtout que j’en suis à ma sixième réalisation et donc une de plus par rapport à la saison dernière…
– Vous retrouvez donc votre efficacité, surtout que vous avez été lourdement critiqué ici en Algérie durant et après la CAN ?
– Je vais tout simplement vous répondre en disant que si je suis très heureux, c’est tout simplement parce que mon travail finit enfin par payer. J’ai travaillé très dur pour être en forme, et là je me sens vraiment au top. Physiquement, je suis bien et je me sens très frais. Encore une fois, je suis très heureux et Incha Allah, ça va continuer…
– Sincèrement, le maintien, vous y croyez toujours ?
– Bien sûr que oui, et c’est pour cette raison qu’il fallait gagner hier. Il reste encore cinq matchs et tout est encore possible. Le calendrier nous est quelque peu favorable, même si lors de la dernière journée, on recevra le grand Inter de Milan…
– C’est donc peut-être vous qui allez servir d’arbitre pour désigner le champion du Calcio cette saison…
– (sourire.) Oui, peut-être bien. En tout cas, tous les matchs qui nous restent à jouer auront un caractère de coupe et il ne faudra surtout pas passer à côté…
– Le moins qu’on puisse dire, est que votre équipe de Sienne revient bien en cette fin de saison ?
– C’est tout à fait vrai et la raison est que nous sommes bien physiquement. Je pense que si nous avions commencé comme on est en train de finir le championnat, nous serions à présents au milieu de tableau. Mais nous gardons grand espoir pour sauver le club à un peu plus d’un mois de la fin du championnat.
– Revenons à votre forme actuelle, comment expliquez-vous cette grande fraîcheur physique ?
– D’abord, c’est en grande partie grâce à la préparation d’intersaison que nous avons effectuée avec le club. Il y a aussi le fait que mes coachs m’ont prescrit un programme spécifique à mon retour de la CAN, vu que j’enchainais les matchs tous les trois jours en Angola. J’ai été donc bien suivi sur ce plan et c’est ce qui me permet de terminer la saison sans contrecoup.
– Parlez-nous un peu de ce chef d’œuvre, le lob magnifiquement réalisé ?
– En fait, nous avons récupéré le ballon au niveau du milieu de terrain suite à un mauvais dégagement, et mon coéquipier a lancé l’attaquant qui était juste devant moi et qui d’ailleurs tentait de me remettre la balle. Le défenseur de Bari, qui était sur la trajectoire, a réussi à toucher le cuir, mais sans pour autant le contrôler. Cela m’a donc permis de récupérer la balle, et voyant le gardien bien avancé, chose que j’avais déjà remarqué en première mi-temps, j’ai tenté le lob et ça a marché. C’est vrai que tout le monde m’a félicité pour ce but, y compris les journalistes. Ces derniers m’ont d’ailleurs précisé, ainsi que mon coach et mes coéquipiers qu’ils pensaient que le ballon était sorti. Ils ne se sont rendu compte que c’était le but que lorsqu’ils m’ont vu exprimer ma joie. En fait, c’est tout simplement mon plus beau but en série A.
– Le premier but était pas mal aussi ?
– Pour le premier, j’ai plutôt frappé en force en essayant de cadrer, alors que pour le deuxième, c’était tout en finesse. Sur le plan personnel, je suis, certes, content d’avoir marqué ces deux buts, mais ma joie est encore plus grande car nous avons réussi à gagner, et pour notre survie en série A, c’était plus qu’impératif d’arracher les trois points.
– Après le doublé de la Juventus et celui d’hier, beaucoup d’Algériens disent, il faut qu’il en grade un peu pour le Mondial ?
– Ne vous inquiétez pas pour ça, j’en garderai sous la semelle, car comme je viens de vous le dire, je me sens en superbe forme.
– Lors du dernier entretien que vous nous aviez accordé, vous nous aviez précisé que vous travaillez beaucoup en face des buts ?
– Tout à fait. Je savais que j’avais quelques lacunes à ce niveau et j’ai beaucoup axé mon travail dans ce sens lors des entraînements en m’exerçant à beaucoup de tirs et même en prolongeant les séances. Dieu merci, ça commence à donner ses fruits.
– On imagine que ce qui doit vous hanter, c’est le risque de vous blesser?
– Je pense que se blesser, ça se passe aussi dans la tête. Moi quand je rentre sur le terrain, je n’y pense pas et Hamdoullah, ça se passe bien pour le moment et Incha Allah ça va durer.
– Le moins qu’on puisse dire aussi, c’est que ce nouveau look vous a porté chance ?
– (Il rit.). J’ai décidé, il y a trois semaines, de tout changer, y compris mon look. Les gens m’ont dit que cette nouvelle coupe me rajeunissait et donc j’ai décidé de le garder, car je me sens bien comme ça.
– Vous allez la garder pour le Mondial ?
– Non, je ne pense pas. Pour la Coupe du monde, je trouverai autre chose.
– Plus que deux mois nous séparent du Mondial, vous y pensez ?
– En toute sincérité pas encore, car ma seule préoccupation pour l’instant, c’est que Sienne soit sauvée. Je veux partir en Coupe du monde sur une bonne note et donc le Mondial, j’aurai tout le temps d’y penser.
– Déjà que vous intéressiez plusieurs clubs avant, on imagine qu’avec la fin de saison que vous effectuez, les offres vont affluer…
– Franchement, je ne sais pas du tout. Actuellement, je suis concentré sur mes matchs. Des offres, j’en aurai certainement…
– On peut dire donc que vous quitterez certainement Sienne ?
– C’est ce que je veux, mais là aussi ça dépendra des offres que j’aurai et de mes dirigeants, vu qu’il me reste encore deux ans de contrat…
– Vous pensez quitter le Calcio ?
– Là aussi, je ne sais pas, mais tout ce que je peux vous dire, c’est que lorsque vous jouez dans le Calcio, c’est très difficile de partir après. Ça reste vraiment un grand championnat.
– Un autre joueur en Italie, en la personne de Mesbah, intéresse le sectionneur national, le connaissez-vous ?
– Personnellement, je ne le connais pas, mais j’ai suivi un grand nombre de ses matchs, en série B notamment, lorsque j’étais en mise au vert. Ce que je peux dire, c’est que Mesbah est en train d’effectuer une très grosse saison cette année, et s’il peut nous apporter un plus, il sera bien évidemment le bienvenu. Je sais qu’il a été supervisé par Saâdane, mais c’est bien évidemment au coach national d’en décider, puisqu’il est seul maître à bord.
– Vous avez retrouvé les chemins des filets, Yebda et Belhadj sont en finale de la Cup, Matmour et Yahia ont repris leurs places dans le onze, ça va mieux pour nos internationaux ?
– Je suis vraiment très content que peu à peu tout le monde reprenne sa place et que Belhadj et Yebda soient en finale. J’espère aussi que les autres blessés récupèreront bien et seront bientôt de retour à la compétition, car c’est très important que toute l’équipe soit en forme, vu que nous aurons de gros adversaires en face. On a bien vu que face à la Serbie, c’était difficile, c’est essentiel que nous soyons dans de bonnes dispositions.
– L’EN va se préparer en altitude pour s’acclimater ?
– Ce que je peux dire, c’est que la fédération est en train d’effectuer un très gros travail au niveau organisationnel pour nous mettre dans les meilleures conditions possibles.
– Le fait de ne pas jouer le dernier match en Algérie, c’est une bonne ou mauvaise chose ?
– Personnellement, c’est l’état du terrain en Algérie qui m’handicape beaucoup. Nous avons bien vu que nous avons évolué sur une pelouse catastrophique contre la Serbie et ça nous a pénalisés et c’était dommage pour nos supporters qui étaient là depuis 10h du matin. Je pense que c’est très important de jouer sur de jolis terrains pour préparer nos matchs en prévision du Mondial.
Asma H. A.