Que cachent toutes ces attaques contre le pavillon national?
«Cette étude a été réalisée à partir des opinions de clients d’eDream collectées en 2013» mais ne donnent aucune indication quant à la manière dont ont été obtenues ces opinions.
Qu’est-ce qu’un classement? c’est, pouvons-nous dire de manière globale, un regroupement d’éléments ordonnés en fonction de certains critères. On peut classer des hommes, des voitures, des maisons, des animaux… Bien entendu, pour qu’un classement soit possible, il est nécessaire que les éléments considérés soient comparables, que les critères soient en rapport avec ces éléments et que la manière de classer soit elle-même sérieuse et rigoureuse. Autrement, on parlerait de tout, sauf de classement.
Cette petite précision faite, si on veut procéder à un classement des compagnies aériennes, par exemple, on doit faire attention à ne retenir que les compagnies comparables entre elles. On ne peut, dans aucun cas, retenir dans un même classement des compagnies Low Cost comme Esay Jet, Ryanair ou autres et des compagnies dont les prix du billet sont plus coûteux comme Ettihad Airways, Emirates Airways, Turkish Airlines, Air France ou même Qatar Airways car la comparabilité serait impossible.
Par ailleurs, il serait nécessaire que l’on procède à une évaluation sérieuse et autant objective que se peut. Par exemple, pour éviter les écarts d’opinion et les pièges de la subjectivité, on veillerait à ce que les mêmes personnes soient interrogées à propos de toutes les compagnies, car lorsque deux personnes différentes évaluent deux choses différentes, on ne peut les classer mais seulement en donner les évaluations.
L’idée en soi n’est pas mauvaise
Ensuite, les personnes seront interrogées sur des éléments en relation avec les services offerts par ces compagnies (qualité, prix, disponibilité du personnel, conformité, accueil, repas à bord etc…).
Enfin, il est tout à fait entendu que, pour procéder à ce classement, on doit d’abord avoir l’aptitude requise. Si ces conditions sont respectées, on peut prétendre avoir des chances d’obtenir un classement sérieux. Un classement des compagnies aériennes justement a été publié ces derniers temps. Il concerne l’année 2013 et il a l’ambition d’ordonner les 100 meilleures compagnies aériennes du monde.
C’est eDream qui en est l’auteur et qui présente ce classement sous forme d’un tableau périodique, exactement comme le tableau périodique des éléments de Mendeleiev, sauf que, à la place du numéro atomique nous avons le rang de la compagnie et, au lieu de la masse atomique, nous avons droit à une note dite globale (//www.edreams.fr/meilleures-compagnies-aeriennes/#). L’idée en soi n’est pas mauvaise surtout que, de notre temps, la diversité et la complexité de l’offre dans le domaine de l’aviation civile imposent au client de chercher un maximum d’informations afin de pouvoir prendre sa décision. Tout ce qui peut aider à la prise de décision des consommateurs du service de transport aérien est bien venu sauf que ceci n’exonère en aucun cas les auteurs d’un tel classement de la prise de précautions qui s’imposent.
En parcourant le classement en question, dans lequel Air Algérie occuperait le 99ème rang sur 100, et qui n’a pas manqué d’alimenter les commentaires mal intentionnés, nous avons noté plusieurs défaillances et beaucoup d’anomalies qui méritent d’être reportées. Tout d’abord, les auteurs du classement affirment que «cette étude a été réalisée à partir des opinions de clients d’eDream collectées en 2013» mais ne donnent aucune indication quant à la manière dont ont été obtenues ces opinions. S’agit-il d’un sondage dont les informations ont été scientifiquement analysées ou bien d’un ensemble d’entretiens avec les clients de la maison? S’agit-il de réponses à des questions fermées ou des avis généraux et globaux? Est-ce que des questions ont été distribuées aux clients ou bien est-ce que ces derniers ont répondu par Internet? Combien ont-ils été à répondre? D’où proviennent-ils?
A quelle CSP appartiennent-ils? De quel sexe sont-ils? Rien n’est dit sur ces points et, déjà, on a tout le loisir de constater l’aspect non rigoureux du classement en question.
Ensuite, eDream omet aussi de nous mentionner les critères sur lesquels les soi- disant clients se sont prononcés, autrement dit, en fonction de quoi a été établi ce classement? Par rapport aux repas? Par rapport aux retards? Par rapport aux prix?…Impossible de le savoir du moment que rien en ce sens, non plus, n’a été précisé. Par ailleurs, dans ce tableau, on est surpris de rencontrer côte à côte Easy Jet, Ryanair, Emirates Airways, Turkish Airlines, Singapour Airlines… des compagnies qui ne sont pas et qui ne peuvent pas être comparables tout simplement et ceci affecte sérieusement le classement car les opinions proviennent de segments différents de clientèle, ce qui, encore une fois, ôte toute rigueur au tableau produit par eDream. Concernant le classement lui-même il faut reconnaître qu’il n’est ni «normal» ni conforme à ce que tout le monde sait.
Ainsi, par exemple, la Turkih Airlines, qui «est élue meilleure compagnie aérienne européenne en 2011, 2012, 2013 et 2014, meilleure compagnie mondiale pour la restauration à bord et possède l’une des plus récentes flottes du monde avec un âge moyen des appareils de 5,3 ans» (//fr.wikipedia.org/wiki/ Turkish_Airlines) y est classée à la 8ème place tandis que la Binter Canarias, qui n’a qu’une quinzaine d’années d’existence et une flotte de 18 ATR se trouve à une étonnante 5ème place.
Peu importe la raison
Encore une fois, le classement pose de sérieux problèmes quant à son objectivité et son sérieux. Beaucoup de questions se posent quant aux objectifs de ce type de classement. Quels desseins compte servir eDream en procédant à cette classification? Est-ce que eDream a le droit moral de procéder à un tel classement, surtout qu’il s’agit d’une agence de voyage qui entretient donc des liens avec certaines compagnies aériennes plus que d’autres? Est-ce simplement une promotion pour certaines compagnies? Ou bien est-ce un retour d’ascenseur pour certaines autres?
Peu importe la raison pour laquelle ce tableau a vu le jour, il est trop maladroit, à notre sens, de classer les entreprises sans respecter le minimum de conditions qui doivent cadrer ce classement.
