Air Algérie traverse une phase critique

Air Algérie traverse une phase critique

Des voix de mécontents se font entendre au niveau de la compagnie Air Algérie. Le Syndicat national du personnel navigant commercial (SNPNC) affiche son mécontentement quant au blocage des négociations entre ses représentants et la direction générale.

«Il y a eu des négociations sur une plate-forme de revendications présentée par notre syndicat. Nous avons eu des promesses quant à la concrétisation de ces revendications mais cela fait presque un an depuis le déclenchement de notre première action de protestation sans que cela n’aboutisse à un résultat concret», affirme Yacine Hamitouche, porte-parole du SNPNC.

Selon lui, la direction a failli à son engagement. «Nous sommes devant une situation où la direction n’a pas honoré ses engagements face à une corporation qui continue d’assurer son service et surtout d’attendre un geste positif de sa part», a-t-il ajouté.

Le porte-parole des PNC dira que le blocage porte, entre autres, sur le point relatif à l’effet rétroactif pour le calcul des indemnités. Ne voulant pas divulguer le contenu des négociations sur ce sujet et les propositions formulées par les deux parties, M. Hamitouche se contente de dire : «La date proposée par le syndicat n’a pas l’air de plaire à la direction générale.»

Ce qui met en colère les travailleurs, c’est le fait que la direction les renvoie à chaque fois aux pouvoirs publics. «Ils nous disent de voir avec les pouvoirs publics alors que nous sommes en train de négocier avec la direction générale et non pas avec un autre partenaire», dira-t-il. Les négociations sur les revendications des PNC se sont arrêtées depuis longtemps. «Nous n’avons pas encore repris le dialogue pour connaître la suite donnée à notre dossier», dira-t-il.

«Nous avons demandé une audience depuis plus d’une semaine, mais aucune réponse ne nous a été fournie à ce jour», a-t-il encore dit. Un silence qui ne favorise pas la patience des PNC qui ne veulent pas recourir à la protestation en cette saison estivale, où l’activité est dense. Le porte-parole des PNC évoque également des «contraintes énormes» dans les conditions de travail depuis le début de la saison estivale. «Nous travaillons dans des conditions presque anormales», dira-t-il.

Cela est dû, selon lui, à la politique d’affrètement décidée par la compagnie. «La direction a affrété cinq avions avec des équipages étrangers. Ce personnel ne maîtrise ni l’arabe ni le français. Ils assurent des destinations sur le réseau domestique et sur l’international. Nos passagers et nous-mêmes trouvons énormément de difficultés à communiquer avec eux.

Ce sont donc les PNC algériens, alors qu’ils sont minoritaires, qui font tout le travail et doivent répondre et satisfaire la demande de tous les passagers algériens», explique M. Hamitouche. «C’est trop. Ça devient insupportable. Nous sommes soumis à une pression terrible que les travailleurs ne pourront pas supporter pendant longtemps», dira-t-il, en exprimant ses craintes sur ce que sera la situation pendant la saison de la omra.  Par ailleurs, la difficulté est réellement ressentie au niveau de la gestion des vols.

Cette semaine a été particulièrement marquée par des retards multiples enregistrés sur plusieurs destinations. Pas plus loin que jeudi dernier, des passagers sont restés bloqués au niveau de l’aéroport d’Oran puis à l’intérieur de l’avion pendant plusieurs heures. «C’est insupportable. L’avion devait décoller à 19h45. Il a été reporté à 20h30 mais il n’a pas décollé à l’heure indiquée», déplorent les passagers. «Nous avons été bloqués dans la salle d’embarquement puis dans l’avion.

Il n’y avait même pas de climatisation en cette chaleur torride. Nous avons étouffé sans que personne ne se soucie de nous», diront encore les passagers en colère. Cette fois-ci, les travailleurs d’Air Algérie ont tenté de calmer les passagers en leur fournissant des informations. «Mais allez savoir où est la vérité. Nous avons discuté avec quatre personnes mais chacune évoque un motif différent de celui évoqué par son collègue. Ils ne savent pas communiquer.

C’est dramatique et honteux», s’insurgent encore les passagers qui menacent de déposer plainte pour le préjudice occasionné. La compagnie organise demain sa conférence sur la mise en œuvre du plan quinquennal de redéploiement. La conférence à laquelle sont appelés tous les représentants des personnels risque d’être houleuse si un débat sur les insuffisances qu’enregistrent la compagnie est lancé.

N. B