Il y a dix ans, après une lente et longue agonie, Air Afrique disparaissait du ciel africain. Aprés 40 ans d’existence, la compagnie inter-africaine créée par 11 états africains déposait le bilan. Les derniers PDG qui se succédèrent aux commandes de la société ne sont jamais parvenus à redresser le bilan de la compagnie.
« Air Retard » comme l’opinion populaire l’avait dénommée, souffrait d’un manque chronique de ponctualité (3 heures de retard était la norme), mais ce qui pesait le plus était bien le sureffectif.
Air Afrique employait prés de 4000 salariés pour 6 appareils, soit prés de 650 personnes pour faire voler un avion.
Bien évidemment parmi ces salariés on comptait le plus souvent des conjoints, enfants ou amis d’hommes politiques influents ou de gradés de l’armée et de la police.
Les passe droits sur le paiement des billets étaient aussi chose fréquentes; beaucoup de privilégiés prenaient l’avion pour se rendre d’un capitale à l’autre dans la journée pour faire leurs courses et cela sans payer le moindre centime à la compagnie aérienne.
Criblée de dettes, Air Afrique n’a pas survécu à une gestion financière chaotique et entachée de conflits d’intérêts sur fond politique.
Air Algérie ressemble fort à la défunte Air Afrique mais ce qui la maintient aujourd’hui encore en vie n’est rien d’autre que la décision politique de l’Etat qui ne cesse de la subventionner à l’image du récent renflouement des caisses de la compagnie algérienne d’un don de 6 milliards de dollars.
Pourtant malgré tous les atouts et privilèges dont dispose Air Algérie, rien ne va ; les pertes sont là, les profits n’y sont pas. Les chiffres parlent et l’opinion publique aussi.
On se souvient des grèves de 2011 lorsque le personnel d’Air Algérie cessait le travail pour réclamer des augmentations de salaires ; et encore tout récemment les manifestions parisiennes et londoniennes du 15 septembre devant les agences Air Algérie.
Le seul qui reste à souffrir de tous ces dysfonctionnements, de ces incohérences et de cette gestion à la « soukh el fellah » est le consommateur, c’est-à-dire le passager notamment la diaspora qui paie très cher le prix de son billet.
Parallèlement, la compagnie française Aigle Azur qui bénéficie du haut niveau du prix du billet « inspiré » par Air Algérie et d’une gestion plus rationnelle, engrange quant à elle d’énormes bénéfices grâce à la ligne France-Algérie et cela sur le dos du passager algérien.
Tous les indicateurs économiques et sociaux sont là pour dire qu’Air Algérie n’est plus viable et que son destin semble naturellement suivre celui d’Air Afrique, même si seuls les « gérants » directs et indirects d’Air Algérie continuent aveuglément à penser le contraire.
A.ZAIBET pour safarDZ