Les négociations entre la direction d’Air Algérie et le collectif du personnel navigant commercial (PNC) reprennent demain. Des chiffres sont livrés sur le cout, élevé, de la grève de quatre jours pour la compagnie publique.
Des informations sont données sur les salaires actuels des hôtesses et des stewards qui sont très impopulaires auprès des autres catégories de personnels d’Air Algérie. Les « PNC » ne négocient pas en position de force.
Des négociations « directes » vont reprendre dimanche entre la direction de la compagnie Air Algérie et le collectif du personnel navigant commercial (PNC – stewards, hôtesses de l’air) conformément à l’accord qui a permis la reprise du travail et la fin d’une grève de 4 jours qui a mis dans une situation inextricable des milliers de voyageurs algériens.
C’est le ministère des transports, très en retrait dans la gestion du conflit, qui a annoncé dans un communiqué, le début des négociations directes. Le communiqué souligne que ces négociations « salariales » étaient prévues en vertu de l’accord d’urgence qui avait été « le fruit d’une concertation soutenue entre le ministre des Transports et le PDG d’Air Algérie, sous l’orientation permanente du Premier ministre, ainsi qu’au rôle joué par le secrétaire général de l’UGTA ». Le communiqué du ministère des transports rappelle que l’accord conclut jeudi prévoyait la reprise du travail du personnel navigant commercial, la levée des sanctions prises contre « certains agents » et la « poursuite des négociations salariales entre les deux parties à compter de la semaine prochaine ». La reprise des négociations va se faire dans un contexte différend pour les personnels navigants commerciaux.
Des sources au sein de la compagnie publique ont commencé à donner des estimations des pertes générées par quatre jours d’une grève survenue dans un moment de grand rush de la communauté algérienne à l’étranger. Des informations ont été livrées également sur les rémunérations actuelles des personnels navigants commerciaux qui ont pour effet de mettre en évidence le caractère «démesuré » de la demande d’augmentation de salaires de 106%. Selon ces sources, les salaires des PNC se situent entre 45000 dinars et 100.000 dinars en fonction du nombre des heures de vols ainsi qu’une prime mensuelle de 200 euros. Rapportés aux salaires de nombreux algériens aux compétences techniques plus exigeantes, les PNC d’Air Algérie paraissent bien mieux lotis. Mais les plus critiques à l’égard des PNC, ce sont les autres corporations et précisément les personnels techniques.
Les « fils et filles à papa »
Ces personnels exercent de fait une pression sur la direction d’Air Algérie sur le mode de « si vous leur accordez 106%, il faudra l’accorder aux autres ». C’est sous cette pression que le nouveau PDG, Mohamed Salah-Boultif s’était résigné à offrir une hausse de 20% à l’ensemble des personnels. Offre qui a été refusée par les PNC. La marge de manœuvre de la direction en termes de concessions salariales est étroite. Elles le sont d’autant plus que les premières estimations du cout des quatre jours de grève sont très élevées : 300 millions de dinars. Mais le plus grave pour les PNC qui ne bénéficient pas de la sympathie du public est que leur grève suscite des discussions sur les mécanismes de leur recrutement. Un « radar » du journal Liberté paru aujourd’hui résume parfaitement ce qui se dit un peu partout sur ces PNC qui seraient « l’autre Algérie, celle des fils et filles à papa qui sont imposés à Air Algérie ». Liberté décrit avec acidité des « hôtesses et des stewards, en grève » qui ont « reçu les visites de leur papa, général à la retraite, procureur, et autres “titres” du même acabit ! ». «À voir le spectacle de l’aéroport international, on se croirait à Beverly Hills ! Vive la République des papas ! » conclut rageusement Liberté. Les PNC n’engagent pas les négociations avec la sympathie du public. C’est le moins qu’on puisse dire.