Air Algérie rapatrie 250 personnes de Libye : Des Algériens racontent leur calvaire

Air Algérie rapatrie 250 personnes de Libye : Des Algériens racontent leur calvaire

L’opération de rapatriement des Algériens établis en Libye suit son cours. Hier, un avion d’Air Algérie en provenance de l’Arabie Saoudite a fait escale à Tripoli pour embarquer 250 Algériens, en majorité des jeunes.

Selon leurs témoignages, plusieurs compatriotes restés en Libye hésitent à rentrer au pays n’admettant pas le fait de perdre tous leurs biens qu’ils ont acquis après plusieurs années de labeur et de sacrifice. D’autres s’enferment chez eux et ne s’aventurent que pour prendre le chemin vers l’aéroport de Tripoli, par peur d’agression.

Les rapatriés remercient l’Etat pour leur avoir probablement sauvé la vie en les évacuant par avion. D’autres citoyens ne sont pas contents. «Nous avons passé deux nuits à l’aéroport à attendre désespérément l’avion sans aucune prise en charge. Ce sont les Libyens qui nous ont donné à manger. Certains d’entre nous par peur ont quitté l’aéroport et sont retournés du fait qu’on n’avait aucune information sur l’arrivée d’un avion», indique une dame de Annaba en compagnie de son fils âgé de 14 ans.

Elle témoigne aussi qu’elle a rejoint l’aéroport de Tripoli grâce au soutien de ses voisins libyens qui les ont accompagnés. «C’est la guerre en Libye, tout le monde a des armes. Des enfants de 14 à 15 ans manipulent des Kalachnikov comme des jouets. Ils les ont récupérés des postes de police  et casernes», explique le fils de la dame totalement terrifié par ce qu’il a vécu.

«NOUS LES ALGÉRIENS ON N’A PAS ÉTÉ INQUIÉTÉS »

Ils sont quatre à revenir à l’aéroport Houari-Boumediene cinq jours après l’avoir rejoint depuis Tripoli.  Ces jeunes rapatriés, sont à la recherche d’un des responsables du secrétariat d’Etat chargé de la  Communauté algérienne à l’étranger, en vain. «Nous voulons du travail comme promis par l’ambassadeur d’Algérie en Libye avant notre retour. Des ressortissants algériens ont reçu des lettres de recommandations signées par des responsables algériens et destinées aux walis afin de leur permettre de bénéficier d’un travail. Ce qui se passe en Libye est le même scénario que celui de l’Irak. «Les pays puissants vont tout faire pour mettre la main sur ses richesses. Ce qui est le plus dangereux c’est que les armes circulent de main en main en Libye». Avant de prendre place dans les bus que le ministère de la Solidarité a mis à leur disposition pour les accompagner vers la gare routière du Caroubier où ils devaient prendre des bus gratuitement, certains jeunes rapatriés font le compte de leur argent.

Mohamed Tahar, qui travaille en Libye depuis 25 ans, prend le chemin de sa ville natale Touggourt avec les larmes aux yeux. «Qu’est-ce que je vais faire maintenant. Je vivais en toute quiétude en Libye. Il est vrai que je vais retrouver mes enfants, ma femme et ma famille mais ne je conçois pas rentrer chez moi les mains vides», se plaint-il.  Lui qui vivait à Tripoli prévient que la ville est très bien quadrillée par les militaires et les fidèles de Gueddafi.  «Nous les Algériens, on n’a pas été inquiétés. Nous étions bien respectés et considérés comme des Libyens», dit-il.