Air Algérie : quand Mohamed Salah Boultif fait dans le déni de réalité

Air Algérie : quand Mohamed Salah Boultif fait dans le déni de réalité

Le PDG d’Air Algérie a enfin parlé. Il a choisi, ou on lui a imposé Ennahar TV devenue le canal officiel, pour s’exprimer sur la situation ubuesque que vit l’entreprise qui vient de battre un nouveau record avec un vol reporté de 26 heures. Le PDG d’Air Algérie a tenté de minimiser la crise. Pour lui, les retards, les annulations de vol, les bagages qui n’arrivent pas dans le même avion, ce sont des incidents somme toute banals. C’est tout juste s’il n’accuse pas les malheureux passagers de les avoir inventé.

Des propos incohérents

Mais ses déclarations qui se veulent apaisantes sur le plateau de cette chaine de télévision, sont démenties par son attitude sur le plateau, paraissant avec une mine tendue, des propos incohérents et elliptiques. Ceci pour la forme. Pour revenir au fond et en réponse à la question du journaliste qui l’interroge sur ce qui se passe à Air Algérie, avec cet été particulièrement pourri, il explique que « chaque été Air Algérie polarise l’attention à cause de la densité du trafic, chaque fois qu’il se produit un incident mineur (allusion à l’avion qui a quitté la piste à Lille) il est monté en épingle. Ce genre d’incidents sont courants et arrivent dans toutes les compagnies du monde, ce sont des incidents techniques courants».

Boultif, s’en prend à ceux qu’il qualifie ironiquement de « spécialistes », précisant que « les avions affrétés par Air Algérie sont soumis au contrôle, selon un protocole technique rigoureux avant d’obtenir les autorisations de vol » par la direction de l’aviation civile. Il défendra également Swiftair, la compagnie espagnole en soulignant qu’elle dispose de « toutes les autorisations et répond à tous les paramètres techniques».

« Les choses sont toutes rentrées dans l’ordre »

Le PDG d’Air Algérie dit enfin comprendre la colère des passagers d’Air Algérie en admettant que « la semaine dernière il y a eu des problèmes à cause de la déprogrammation de deux avions de Swiftair » qui sont la cause des retards et des annulations constatées au niveau des vols en provenance ou à destination des villes françaises.

Boultif explique aussi les retards par deux cause, à savoir celles internes liées aux « pannes techniques, raisons de sécurité ou retards d’enregistrement » et des raisons techniques : problèmes de météo ou affectation de slots (créneaux horaires) qui obligent d’attendre l’autorisation de vol. Air Algérie a refusé les avions de rechange proposés par la compagnie espagnole mais depuis dimanche, elle a eu les autorisations pour l’avion affrété auprès de Tassili Air lines (TAL) et à la faveur de ces deux nouveaux avions à injecter dans le programme « les choses sont toutes rentrées dans l’ordre » selon Boultif.

« On sert des boissons rafraichissantes »

Ce dernier reconnait en revanche qu’ « il y a des lacunes dans la communication, on fait des efforts, on va essayer d’améliorer les choses. Des fois quand la direction n’a pas d’informations à donner à la suite d’un retard ou d’une annulation de vol, elle s’abstient de le faire, les directeurs des stations ne peuvent pas donner des fausses informations » ajoute t-il pour justifier l’incompétence qui prévaut dans la compagnie.

Au sujet de la prise en charge des passagers, suite à une annulation de vols, Boultif assure qu’Air Algérie « respecte ses obligations en servant des boissons rafraichissantes et en prenant en charge les clients dans le villes où il y a des hôtels en cas d’annulation de vol ».

Une explication tarabiscotée

Pour le retour des émigrés, que Boultif avait qualifié de zigotos, il annonce « des vols supplémentaires » avec pas moins de 60 vols de nuit à partir d’Alger, Oran , Bejaia. Les autorité françaises ont donné les autorisations nécessaires dit-il. Au sujet des trois responsables limogés (voir Algérie1 de mardi), le patron d’Air Algérie dans une explication tarabiscotée, refuse de parler de « limogeage », mais de simples changements qui répondent à des considérations de « motivation et de cohérence ».

Il rappellera que ces responsables étaient des pilotes au sein de la compagnie. Malgré les retards, Boultif estime, sans rire, que Air Algérie a depuis trois ans (date de son arrivée à Air Algérie) le niveau de ponctualité, chiffres (les siens ) à l’appui. 52% en 2011, 60% en 2012, 65 % en 2014.

Un pied de nez aux Algériens

Enfin le PDG d’Air Algérie annoncera à la fin de son intervention l’achat de 16 nouveaux aéronefs, pour élargir la flotte qui est actuellement de 43 appareils. Leur prix est de 6 milliards DA.

Après avoir appelé les clients d’Air Algérie à être indulgents, Boultif, toujours aussi insolent, réserve le mot de la fin, en fait un pied de nez, pour dire « qu’Air Algérie est une société algérienne qui ressemble aux algériens ». Les Algériennes et les Algériens apprécieront.