Le phénomène des constructions illicites a pris des proportions démesurées dans la daïra d’Aïn El-Turck et ce, avec tout l’impact négatif qui se répercute sur l’environnement de cette région côtière, dont la principale vocation s’articule autour du tourisme. C’est au cours de la décennie noire que les premières baraques, érigées nuitamment à la hâte avec de la tôle et du parpaing, ont commencé à faire leur apparition dans différentes zones essaimées à travers le territoire de cette daïra, qui s’étend sur une superficie de 19,410 hectares. Leur nombre a atteint aujourd’hui les 2.025.
«Ce qui était au départ un exode rural de familles venues de diverses contrées, fuyant temporairement l’insécurité, s’est transformé avec le temps en une monnaie d’échange pour acquérir un logement et ce, souvent aux dépens des autochtones, sinon comment expliquer que les relogés ont depuis cédé ou loué leurs logements», a confié un élu de l’APC d’Aïn El-Turck. Ce phénomène n’a pas épargné certaines infrastructures, biens communaux, comme à titre d’exemple l’ex-camping de la localité de Claire Fontaine où 47 familles s’y sont installées illégalement durant plus de quatre années avant d’être évacuées et relogées dans une cité nouvellement réceptionnée. Les lieux ont été transformés par la suite en un jardin public, qui fait le bonheur des familles en quête d’un espace de détente et de jeux pour leur progéniture.
Un recensement de la population dans cette partie de la wilaya datant de trois années fait état de 82.105 habitants. Cependant, ce nombre devrait être revu à la hausse en additionnant celle qui occupe les 2.025 constructions illicites constituant les bidonvilles, devenues par la force du temps et l’absence d’une opération d’assainissement, de véritables plaies défigurant le littoral ouest. Toujours est-il que selon les dernières statistiques, c’est le bourg Ouadite, dans le village de Bousfer, qui détient la palme dans ce décompte avec 331 constructions érigées illicitement, sur une terre agricole, qui a été cédée au cours de l’époque citée en préambule par la délégation de l’exécutif communal (DEC).
La Gendarmerie nationale a déclenché une enquête pour détournement de foncier agricole avant de déposer, rappelons-le, un dossier ficelé sur le bureau du procureur du tribunal compétent, qui a eu à traiter cette affaire. Les mis en cause ont été interpellés, jugés et condamnés. Néanmoins, le bidonville construit sur cette terre agricole s’est étendu, entre-temps, encore plus pour déborder sur une superficie mitoyenne. Contacté à ce sujet, le chef de daïra a affirmé «avoir adressé des instructions fermes aux premiers responsables de la commune en question pour procéder à une opération radicale d’assainissement de ce lieu. Malheureusement, rien n’a été fait».
Il importe également de signaler qu’une cinquantaine de baraques faisant office d’habitation dont 15 sur les hauteurs de la municipalité de Mers El-Kébir et 15 sur le territoire de celle d’El-Ançor notamment le site des Andalouses, ont été démolies depuis le début de l’année en cours. Notons encore dans ce registre que l’occupation illicite par des familles d’infrastructures, biens communaux, dans le chef-lieu de la daïra, qui ont été inscrits parmi les priorités pour accueillir des projets d’utilité publique, constitue un autre casse-tête pour les autorités locales.