Aïn Defla: L’extension de la culture de l’olivier et ses contraintes en débat

Aïn Defla: L’extension de la culture de l’olivier et ses contraintes en débat

Arbre séculaire dans tout le pourtour méditerranéen et très présent dans le nord de l’Algérie, à l’est comme à l’ouest, source de revenus et de richesse très importante, protecteur des sols des piémonts contre l’érosion, l’olivier, est connu et exploité depuis des siècles tant dans les zones montagneuses que dans les plaines comme celle de l’Oranie.

Certains témoignages rapportent qu’en Algérie, il existe des oliviers qui datent de l’époque romaine dans le sud-est du pays et qui continuent de produire ce fruit tant recherché pour son huile qui fait partie du mode culinaire, qu’on utilise à usage thérapeutique pour certaines affections de la peau et pour sa chair nourricière. Même les noyaux extraits lors du pressage étaient utilisés pour se chauffer dans les zones rurales.

Malheureusement, l’embellie pétrolière a eu pour conséquence le désintéressement du travail de la terre, la perte du savoir-faire et le vieillissement du verger oléicole du pays, ce qui a conduit à une réduction considérable des surfaces exploitées et du coup, de l’oliveraie algérienne.

Cependant, cette tendance au désintéressement de l’oléiculture a commencé à s’inverser à la fin de la décennie 90 avec la mise en place d’abord du PNDA (Programme national de développement agricole) et du FNRDA (Fonds national de régulation et de développement agricole) ensuite.

Selon les services concernés, de 2000 à 2010, la superficie occupée par l’olivier qui avoisinait les 170 000 ha, a connu une extension de plus de 50%, et ce, de par la réhabilitation des vergers existants et par des actions de nouvelles plantations qui, depuis, sont entrées en production.

S’agissant de la culture de l’olivier sur le territoire de la wilaya de Aïn Defla, selon les chiffres de la DSA communiqués lors de la réunion du conseil de la filière, réunion tenue jeudi dernier, d’après le dernier recensement, la superficie occupée par l’olivier est de 8 517 ha à raison d’une moyenne de 100 arbres par ha, dont 6 770 ha en masse et 1 747 ha en isolé.

Toujours selon le service concerné, 6 488 ha sont en production dont 4 817 ha en masse et 1 671 en isolé. Selon certains membres du conseil de la filière oléicole, il existe de nombreuses exploitation illicites entretenues par des arboriculteurs sans titre officiel, qui se sont adonnés à cette arboriculture en procédant au greffage de l’oléastre (olivier qui s’est propagé naturellement sans intervention de l’homme dit olivier sauvage).

Toujours selon les intervenants, ces arboriculteurs qui se sont mis à greffer et à entretenir les oléastres greffés, sont pourchassés par les éléments de la Conservation forestière, leur interdisant cette activité et même l’irrigation des arbres en zone montagneuse au prix de mille efforts et se sont vu même poursuivis en justice et traînés devant les tribunaux.

«Nous œuvrons à l’extension de l’arboriculture oléicole et on nous l’interdit, pourtant nous faisons œuvre utile pour tous.»

En réponse, le représentant de la Conservation des forêts dira : «Nous sommes des agents assermentés et nous appliquons les textes de loi et ces textes, nous ne faisons que les exécuter», et il ajoute : «Dans le cadre du programme de développement de l’arboriculture rustique principalement, une superficie de 600 ha a été mise à la disposition des intéressés, cette superficie est située sur la colline se trouvant à l’est de Aïn Defla, le domaine Kouadri, ex-domaine Guimbaud, une superficie divisée en lots qui seront attribués en fonction du projet agricole et de son importance.» De plus, dira-t-il : «D’autres sites sont en voie d’être choisis à cet effet.»

Le problème de l’homologation de certaines variétés a été soulevé par nombre d’intervenants, l’un d’eux dira à ce sujet : «On ne comprend pas pourquoi la variété “verdale” n’est pas homologuée, pourtant, c’est une des variétés ancestrales chez nous la plus rentable, la plus prolifique dans les zones montagneuses des piémonts du nord et du sud de la wilaya et la plus adaptée au climat» et selon un transformateur possédant une grande expérience, un arbre peut donner jusqu’à 22 litres par récolte, «cette variété est très recherchée dans les pays voisins et nous nous en importons des variétés».

Pour le représentant de l’ITAF (Institut des techniques de l’arboriculture fruitière), cette variété ne nous a jamais été proposée à l’homologation. «A cette réponse, nombre d’intervenants n’ont pas manqué de réagir». Alors quel est votre rôle ? Ce n’est pas à votre institut de répertorier et de sélectionner les meilleures variétés et de les homologuer ? Il faut qu’un arboriculteur vienne vous proposer la variété «verdale très connue ?»

Par ailleurs, il a été posé par des titulaires de concessions de la filière, le problème de la réalisation sur leurs parcelles de structures, même préfabriquées, destinées à la remise des outils, des matériels d’exploitation et de loge de gardiennage bien que des exploitations aient fait l’objet de vols et de dégradation.

Les intéressés ont même reçu du service concerné des mises en demeure de détruire ces structures faute de quoi, leur titre de concession leur serait retiré, une mesure qui a soulevé la désapprobation générale. «Laisser notre exploitation sans gardiennage et sans abri pour nos matériels, c’est les mettre à la disposition de n’importe quel passant», ont expliqué des membres de la filière.

Il a été décidé en conclusion des travaux de conseil de la filière qu’un nombre de propositions accompagnées de tous les arguments en faveur du soutien à l’extension de l’arboriculture sera adressé au Conseil national de la filière et au ministre de l’Agriculture.

Karim O.