Tout le monde se rappelle qu’au début du mois de juillet dernier, selon une communication de la gendarmerie, il était fait état d’un scandale dans la gestion de l’Ansej de Aïn- Defla et que l’enquête avait permis d’incriminer 7 agents, dont le directeur de l’agence. Qu’en est-il au juste deux mois après ?
Lors d’une entrevue accordée aux représentants de la presse nationale, dans l’après-midi de mercredi dernier, le directeur de l’agence a déclaré n’être nullement concerné par cette affaire et que l’information l’avait pour le moins étonné pour la simple raison, dit-il, que «c’est moi-même qui ai déposé une plainte contre X pour fausse signature apposée au bas d’un ordre d’enlèvement d’un chèque, bénéficiaire que les enquêteurs n’ont pas tardé à identifier». Il ajoute cependant : «Par la suite, il s’est avéré que le document cité était authentique et l’agent mis en cause dans cette affaire a bénéficié d’un non-lieu, faute de preuves.» En ce qui le concerne, il dira : «Je regrette que mon propre nom n’ait pas été précisé, car l’affaire ne concerne pas ma propre gestion et que personnellement je n’y suis pour rien.» Il précise qu’il a reçu de la direction générale pas moins de 11 visites d’inspecteurs qui ont épluché tous les dossiers et «rien m’a été reproché». Ne paraissant nullement affecté, il dira simplement : «Il me semble qu’on a juré tout bonnement d’avoir ma tête.» Cela dit, il atteste que l’agence Ansej de Aïn- Defla se porte bien, mais il reconnaît que certains ont usé de trafic à la suite de quoi 166 dossiers ont été annulés pour des dédoublements d’adresses. En ce qui concerne le nombre de dossiers financés, il précise qu’en 2010, l’Agence a financé 542 projets, 835 en 2011 et 686 pour le premier trimestre 2012, soit 50% de tous les projets financés depuis 1998, date de la création de l’Ansej. Le responsable explique le chiffre élevé de projets financés en 2011 : «En 2010, suite à une instruction, certains créneaux d’investissements ont été gelés pour une meilleure orientation vers des secteurs plus rentables obéissant aux paramètres d’investissements moins lourds, avec possibilité de remboursement, mais générant en même temps un nombre important de postes d’emploi… En 2011, sous la pression de la demande sociale, le gel a été levé ce qui explique l’accroissement du nombre de projets financés passant de 542 en 2010 à 835 en 2011 et à 686 pour le seul premier trimestre 2012.» Quant au volume des financements, le directeur rapporte qu’en 2010, il a été de 1,565 milliard de DA, en 2011 de l’ordre de 651 millions de DA et de 598 millions de DA à la fin du premier semestre 2012. Selon le responsable de l’agence, nombreux parmi les bénéficiaires de millions prêtés par le dispositif et qui les ont utilisés à d’autres fins peu louables en usant de subterfuges vont déchanter. Citant le directeur général national, notre interlocuteur affirme qu’il n’a jamais été fait mention nulle part, officiellement, d’un éventuel effacement des crédits qui ont été accordés contrairement à la rumeur fomentée ici et là, rumeur semée par ceux-là mêmes qui ont détourné leurs projets et qui par la suite ont tenté de forcer la main à l’Etat. «Ceux-là se trompent lourdement», dira-t-il. Cependant, rassure le responsable, «pour ceux qui pour des raisons justifiées et attestées qui ont induit un retard dans le remboursement des échéances, il y aura des possibilités de rééchelonnement des dettes contractées avec l’intervention du Fonds de garantie. Pour ceux qui ne sont pas arrivés à arracher un plan de charge pour rentabiliser leur investissement, la direction évoque une récente mesure d’attribution d’une part de 20% du marché public (travaux publics, Dlep, forêts au recyclage de matériaux…) pour les jeunes investisseurs qui ont bénéficié de crédits dans le cadre du dispositif. Cette mesure vise, dit-on, à lever le prétendu manque de plan de charge souvent avancé. Par ailleurs, on apprend que des doutes pèsent sur «deux fournisseurs locaux d’équipements qui se sont octroyé la part du lion». Pour ce qui est du suivi des investissements, le directeur de l’agence rapporte qu’au 31 décembre 2011, ce sont 76 dossiers qui ont été transmis à la justice. Ce chiffre est passé à 538 en 2012, ce qui donne une idée de l’ampleur des détournements des projets engagés et non respectés. Pour l’instant, 80 % des projets d’investissements ont été contrôlés, un contrôle qui touchera la totalité des concernés d’ici fin 2012, assure le responsable. Par ailleurs, il a été décidé que les opérations d’assainissement se feront dorénavant par le biais d’une commission et non plus par un agent unique selon un programme défini, à une cadence plus accentuée dans des délais rapprochés pour, «à la limite, restreindre les dégâts». Ces nouvelles meures annoncées, indique-t-on, ont permis de décourager bon nombre d’«investisseurs malintentionnés puisque 150 d’entre eux se sont désistés de peur d’avoir à affronter les juges». Enfin, pour faciliter la tâche au jeunes des régions déshéritées, une équipe de l’agence se déplace à El Hassiania (piémont de l’Ouarsenis) pour la réception des dossiers de quelque 70 jeunes de la contrée et leur éviter ainsi les allers-retours coûteux. Autre mesure de rapprochement, bien accueillie, l’ouverture récente d’une antenne de l’agence à Khemis- Miliana et deux autres à Al Attaf et Djendel sont en projet. En résumé, sur les 7 agents de l’agence accusés dans cette affaire, 3 sont sous enquête complémentaire, les 4 autres ont bénéficié d’acquittement faute de charges attestées, nous a-ton indiqué. En guise de conclusion, le responsable dira : «A la justice de faire son travail, nous lui faisons confiance.»
Karim O.