Aïn Defla: Des gares routières, images du mépris pour les citoyens

Aïn Defla: Des gares routières, images du mépris pour les citoyens

Certes, d’importants efforts ont été déployés dans le domaine des transports des personnes et des marchandises, transports routiers et ferroviaires inter-villes, inter-wilayas et entre l’espace urbain et l’espace rural.

Selon le rapport établi par la Direction des transports, le territoire de la wilaya de Aïn Defla est desservi par 220 lignes dont dont 57% à destination du monde rural, 26% assurent le transport intercommunal, 12% inter-wilaya et 5% dans l’espace urbain.

Le transport est assuré par 1 080 opérateurs au moyen de 1 205 véhicules tous types confondus, soit une offre de 31 479 sièges.

Selon la même source, sur instruction du chef de l’exécutif de la wilaya pour désenclaver les zones déshéritées, la Direction des transports a octroyé 106 nouvelles autorisations d’exploitation pour 45 lignes afin de desservir18 communes soit une capacité de transport globale de 2 754 places.

S’agissant du transport de personnes inter-wilaya, Aïn Defla dispose de 207 cars exploités par 163 opérateurs pour les liaisons avec les 5 wilayas environnantes, totalisant une capacité de transport de 6 175 places par rotation, et ce, en plus de 200 cars venant d’autres wilayas ou y allant et qui transitent par le chef-lieu de wilaya, Aïn-Defla.

En outre, indique la Direction des transports, on a assisté à un rajeunissement de l’âge des véhicules de 10 ans d’ancienneté à 7 ans.

En complément de ces moyens viennent s’ajouter, le transport public pour le transport scolaire et celui des personnels, ainsi que le transport collectif privé pour le transport universitaire et des personnels, l’ensemble avec 311 cars exploités par 112 opérateurs avec une offre de transport de 12 300 places.

On mentionnera aussi le réseau de transport par taxis. Pour ce type de transport, le nombre d’autorisations d’exploitation sur le territoire de la wilaya a atteint 3 408 unités après avoir été de 1 350 en 2015, soit une augmentation de 2 057 unités, et ce, après l’attribution de 1 467 nouvelles autorisations au bénéfice des anciens moudjahidine et leurs ayants droit sur autorisation du wali.

La wilaya de Aïn Defla est traversée par 92 km de voie ferrée dont 53 km en double voie (Oued Fodda-Khemis Miliana), le dédoublement de l’autre segment Khemis Miliana-El Affroun soit 55 km est en cours de réalisation avec un taux d’avancement de 85 % atteint à la fin du mois de novembre dernier

Cependant, malgré toutes ces dispositions, il n’en demeure pas moins que dans certains secteurs, les populations souffrent de l’isolement parce que les moyens de transport sont trop insuffisants voire inexistants.

Tel est le cas de la daïra de Bathia avec ses 2 communes Belaâs et El Hassania, situées à l’extrême sud-ouest de la wilaya, distantes du chef-lieu de wilaya de 60 à 80 km. Selon des élus de ces 3 communes, le transport public est pratiquement inexistant en dehors de quelques cars pour le transport scolaire. Pour le directeur des transports, ce sont des segments boudés par les transporteurs privés parce que situés en zones désenclavées. C’est aussi le cas de la localité de Talaouine, située à l’extrême est de Boumedfaâ dans la zone limitrophe avec la wilaya de Médéa, une localité où le transport est rarissime pour ne pas dire inexistant.

Mais là où les conditions de transport sont les plus déficientes, c’est au niveau des gares routières. Celle qui est la plus repoussante et qui ternit l’image du chef-lieu de wilaya est celle de Aïn Defla. Sur le plan organisationnel, c’est l’anarchie, absence totale de signalisation, tant verticale qu’horizontale, chaussées dégradées et défoncées, les taxis qui stationnent sur l’esplanade, des toilettes payantes mais qu’il faut éviter de passer tout près à cause du manque d’entretien et d’hygiène avec des écoulements douteux qui ruissellent sur les trottoirs, des gargotes repoussantes de saleté autour desquelles bourdonnent des essaims de mouches surtout l’été, des tas d’immondices en permanence à l’arrière, des souvenirs de trottoirs devenus des pistes impraticables boueux en hiver et poussiéreux l’été.

En un mot, ce semblant de gare routière est indigne d’une ville encore plus d’un chef-lieu de wilaya.

Il faut dire qu’au niveau des gares routières d’El Attaf et de Khemis Miliana, l’image est identique.

Questionné au sujet de l’état dans lequel se trouvent ces espaces qui n’enchantent ni l’habitant ni le passager, le directeur des transports de la wilaya nous dira : «L’Etat se désengage de ces structures et n’en construit plus, désormais, la porte est ouverte à l’investissement privé à qui des facilités seront accordées» mais ces investisseurs ne se bousculent pas au portillon.

Pourtant, ces gares ont pour origine de propriété les communes, et les adjudicataires ont bien signé des contrats et un cahier des charges qu’ils doivent respecter, certes, mais qui assure le suivi et le contrôle de l’application des clauses contenues dans ces contrats et cahiers de charges ? Qui sont donc ces adjudicataires qui bénéficient du silence des instances concernées ? Des questions qui ne trouvent pas de réponses auprès des élus responsables.

Pour l’heure, cet état des lieux perdure et les citoyens en pâtissent.

Cependant, quand on voit les gares routières des wilayas voisines, Chlef ou Blida, où le voyageur bénéficie de tous les conforts, où il se sent respecté, il y a de quoi être jaloux.

Karim O.