Tels sont les problèmes qui préoccupent aussi bien les citoyens que les élus locaux. En effet, la commune de Bordj Emir-Khaled, sise à cheval sur les piémonts des monts du Djebel El Medad et du Djebel Matmata sur la chaîne de l’Ouarsenis, est handicapée par sa situation géographique, à 18 kilomètres de Khemis Miliana et traversée par la RN14 reliant Aïn Defla à Tissemsilt.
Cette commune à vocation agropastorale, et pourtant chef-lieu de daïra, continue à se débattre pour offrir à sa population un espoir qui tarde à venir.
Bordj Emir-Khaled, qui doit son nom au neveu de l’Emir Abdelkader, est composée de 13 douars dont deux sont désertés depuis l’avènement du terrorisme, ce qui explique la forte concentration de la population en milieu urbain. 6 000 âmes vivent au chef-lieu de commune alors que moins de 4 000 survivent au niveau des douars. Le vice-président de la nouvelle APC, M. Ahmed Saidi, en nous accompagnant dans notre virée, a marqué la nécessité d’un CEM au niveau du douar Essâyed.
« Quelques 400 élèves partent chaque matin pour poursuivent leurs études au niveau du seul CEM du centre-ville» affirme-t-il, en signalant que les élèves sont entassés dans des bus et que le risque d’un accident est omniprésent. « l’assiette existe » dit-il, en nous montrant un espace libre situé aux abords du chemin de wilaya qui relie cette localité à la commune de Djelida.
La réalisation d’un établissement moyen résoudra de nombreux problèmes dont celui des filles qui arrêtent leur scolarisation à la fin du primaire bien qu’elles réussissent honorablement à l’examen de sixième. « Certains parents n’ont pas les moyens de subvenir aux dépenses de leurs progénitures. Ainsi à l’école Mokhtari Mohamed du douar Louata, 148 élèves sont inscrits. Plus de 80 passeront la sixième cette année, alors que l’école Mebarki Mohamed du village Essâyed compte 254 élèves dont 116 filles seront appelés à fréquenter, dans un proche avenir, un établissement moyen. « Il y aura sûrement surcharge de classes au niveau du CEM de la ville » prévoit un enseignant.
On apprend que les travaux de réalisation d’un lycée 800/200 viennent d’être lancés à Bordj Emir-Khaled. Pour le moment, les élèves du secondaire sont orientés soit en demi-pension à Bir Ould Khelifa à 7 kilomètres du chef-lieu de daïra soit en internat dans les lycées d’El Khemis.
Les lycéennes et lycéens ne sont pas au bout de leur peine puisqu’une fois à l’université, ils devront affronter le problème du transport. Les étudiants de Bordj Emir-Khaled ne bénéficient pas de transport universitaire bien que leur localité n’est qu’à 18 kilomètres de l’Université d’El Khemis. Sous prétexte qu’ils ne remplissent pas les conditions à l’hébergement dans les cités universitaires, les filles comme les garçons sont obligés de recourir quotidiennement au transport privé. « Il y a des filles qui viennent des douars situés à plus de 7 kilomètres du chef-lieu de commune» indique le P/APC M. Ahmed Hanniche.
Ce dernier regrette que sa commune ne puisse bénéficier du gaz de ville bien qu’une étude de faisabilité ait été transmise à la wilaya en 2012.
« Sur le dernier Journal officiel, notre commune n’a pas été retenue dans le programme de raccordement au gaz naturel alors que nous ne sommes qu’à 7 kilomètres du gazoduc qui dessert la localité de Bir Ould Khelifa » fait-il remarquer en souhaitant que les autorités locales accordent une faveur à cette commune ou quelque 6 000 âmes habitent en milieu urbain.
Le logement est aussi une préoccupation majeure des élus. « En ville, on a besoin de 200 logements pour éradiquer tout l’habitat précaire » estime le P/APC.
En milieu rural, ce sont quelque 888 logements dont l’état de dégradation est avancé, qui ont été recensés.
L’agriculture est encore au stade rudimentaire et ce faute d’eau d’irrigation. Pour irriguer une superficie de 5 976 hectares, les élus proposent l’utilisation de l’eau du barrage Deurdeur, qui arrive par gravitation à Bordj Emir-Khaled et le captage de la source d’Aghbal pour l’AEP. « Ces deux projets ne nécessitent pas de gros investissements » signale M.Hanniche.
L’autre élue, Mlle Malaoui Kheïra, relèvera le problème du chômage qui touche la gent féminine. Faute d’un pied à terre au niveau du chef-lieu de la wilaya ou à travers les autres communes, où il est possible de décrocher un emploi, de nombreuses universitaires ne participent pas aux différents concours de recrutement alors que des centaines de jeunes filles abandonnent leur scolarité une fois admises au lycée. « Les frais de transport et de scolarisation ne sont pas à la portée des familles rurales »dit-elle.
« La fixation des populations rurales dans leurs douars est plus que nécessaire» affirme-t-elle en insistant sur les aides au développement rural dont la réhabilitation de 50 kilomètres de pistes et le logement qui doivent équitablement être répartis à ces populations Bordj Emir-Khaled pourrait désengorger El Khemis, si les autorités locales s’y intéressent.
Abdou Kreddaoui