Aide humanitaire de l’Algérie à la frontière avec la Libye : Deb-Deb, carrefour de la solidarité

Aide humanitaire de l’Algérie à la frontière avec la Libye : Deb-Deb, carrefour de la solidarité

Scandant à haute voix « One, two, three, viva l’Algérie », leur corps à moitié recouvert de l’emblème national, une dizaine de réfugiés égyptiens courent vers le directeur général de la protection civile qui se trouvait au poste frontalier algéro-libyen de Deb-Deb en cette fin de journée de vendredi et ne manquent pas cette occasion pour exprimer leur « reconnaissance » et leur « gratitude » envers l’Algérie.

“On ne s’attendait vraiment pas à ce que nous bénéficions d’un tel traitement. Nous sommes convaincus que même notre pays ne nous aurait pas accueilli comme l’a fait l’Algérie”, reconnaissent-ils ouvertement devant le colonel Lehbiri lequel, aussitôt rentré d’El Oued où il aurait pris part, mardi dernier, aux festivités officielles de la journée mondiale de la Protection civile,

a repris son bâton de pèlerin pour se rendre à ce poste et s’enquérir du dispositif mis en place par la direction générale de la protection civile pour la prise en charge du flux migratoire venu de notre voisin de l’Est. Distant du chef-lieu de la wilaya d’Illizi de quelque 440 km, le poste frontalier de Deb-Deb accueille en effet et ce, quotidiennement des dizaines de personnes de différentes nationalités, notamment les Egyptiens qui ont été forcés de quitter la Libye, suite à la dégradation de la situation sécuritaire en Libye et par là même fuir les affres des affrontements.

« Il est tout à fait normal dans pareille circonstance que la protection civile soit présente sur le terrain et vienne renforcer le dispositif mis en place par la wilaya d’Illizi », explique le colonel Lehbiri qui se dit « ravi » par l’implication d’autres corps et institutions dans la gestion de cette situation, notamment les forces de l’Armée nationale populaire (ANP). Cependant, le flux commence à diminuer et l’on est désormais loin des vagues humaines qui affluaient lors des premiers jours qui ont vu le chiffre atteindre les 400 personnes/jour, explique le responsable de la police aux frontières au DG de la protection civile. «Ces derniers jours, le chiffre quotidien dépasse à peine une centaine de personnes », assure-t-on encore.

Depuis le début de la crise, on compte plus de 2360 réfugiés d’une vingtaine de nationalités (Viêt-Nam, Philippines, Mauritanie, Espagne, Bangladesh, Pakistan, Maroc, Biélorussie, Thaïlande,…) qui sont entrés par le poste frontalier de Deb-Deb dont 550 Egyptiens et 705 Libyens, en sus de quelque 360 Algériens. En attendant le rapatriement vers leurs pays d’origine, l’Etat algérien leur assure l’hébergement, la nourriture au niveau de deux sites d’hébergement, en l’occurrence l’internat du lycée de Deb-Deb, d’une capacité d’accueil de 400 places, et l’auberge de jeunesse, réservée pour les familles. Des communications téléphoniques gratuites sont également offertes aux réfugiés pour rassurer leurs proches et familles. « Dieu merci, l’Etat n’a pas lésiné sur les moyens et la situation est maîtrisée grâce aux efforts de toutes les parties mobilisées à cet événement », se félicitera le colonel Lehbiri.

Pour revenir au dispositif mis en place par la protection civile, il est utile de rappeler que dès le début de l’arrivée massive des réfugiés du territoire libyen, soit le 24 février dernier, un détachement de l’école d’El Hamiz (Alger) composé de 174 officiers et agents parmi lesquels figurent deux médecins ont été dépêchés sur place et sont venus renforcer les 240 éléments de la protection civile d’Illizi qui ont été réquisitionnés à cet effet. A ceci, il faut ajouter cinq autres médecins, dont deux femmes qui sont arrivés avant-hier avec le DG de la protection civile. Les éléments de la PC sont à présent répartis dans les centres de transit et d’accueil de Deb-Deb et d’In Amenas (maisons de jeunes, établissements scolaires, salles omnisports, aéroport,…) mais aussi au niveau des deux autres postes frontaliers de Tarat de Tinalkoum (Djanet) et par lesquels, rentrent d’autres réfugiés quoique en nombre beaucoup plus inférieurs.

L’Algérie poursuivra « son soutien et son aide » à la Tunisie

Une caravane de solidarité en route vers la frontière tuniso-libyenne.

L’Algérie poursuivra « son soutien et son aide » à la Tunisie pour contribuer avec ce pays à la prise en charge des besoins induits par l’afflux de ressortissants étrangers en provenance de Libye, affirme hier, le ministère des Affaires étrangères. « L’Algérie, partant de son attachement aux actions humanitaires, ne manquera pas de poursuivre son soutien et son aide à ce pays frère pour contribuer avec lui à la prise en charge des besoins induits par l’afflux de ressortissants étrangers en provenance de Libye », souligne le ministère dans un communiqué.

Le Croissant-rouge algérien a été, ainsi, instruit par les pouvoirs publics pour faire parvenir à son homologue tunisien une importante aide humanitaire (Tente, couverture et médicaments). Le déploiement d’une mission médicale destinée aux ressortissants étrangers qui ont trouvé momentanément refuge en Tunisie a également été décidé, précise la même source.

Le gouvernement algérien a, tout au long des derniers jours, pris des « dispositions spéciales » pour faire rapatrier les membres de la communauté algérienne qui résidaient en Libye et qui ont exprimé le souhait de revenir au pays. A cet égard, des moyens aériens maritimes et terrestres ont été déployés, rappelle le ministère des Affaires étrangères. Le gouvernement algérien a, en outre, contribué « largement » à rapatrier dans leurs pays respectifs de nombreux ressortissants de pays étrangers, tant par voies aérienne et maritime, directement de Benghazi et de Tripoli, que par voie terrestre à partir de la frontière sud de l’Algérie avec la Libye, ajoute le communiqué.