Les grandes chaleurs de cet été impitoyable ont soulevé des craintes légitimes auprès de nombreux Algérois quant aux conséquences de l’après-Aïd sur l’hygiène de la ville. Habitants de différents quartiers de la capitale se sont ainsi attelés cette année à garder leurs ruelles propres.
“Au deuxième jour de l’Aïd, je me suis réveillée à 7H du matin, j’ai jeté un coup d’oeil par la fenêtre et la première chose que j’ai vue a empli mon coeur de joie: un agent Netcom était la très affairé à nettoyer”, claironne joyeusement Salima, 30 ans, qui réside à Oued Romane. C’est un peu le sentiment général à Alger. Cette année, les citoyens eux-mêmes se sont organisés de manière à minimiser les conséquences du sacrifice et les services de la wilaya ont fait leur travail. Ils étaient présents dès le deuxième jour pour collecter déchets et peaux de moutons.
Le HuffPost Algérie a fait le tour de quelques quartiers situés à l’est, l’ouest et le centre de la capitale, ces dimanche 03 septembre 2017.
A Bouzaréah, cette année, c’était bien mieux que l’année dernière, affirme Karima. Les agents de nettoyage qui d’habitude partent pendant les deux jours de la fête étaient cette fois-ci présents. Les citoyens ont également suivi les instructions, placardées par les éléments de la wilaya un peu partout. Ils ont tout bien emballé dans de grands sachets noirs et les ont placés la où on le leur a demandé pour aider au ramassage.
A Chéraga, les gens se sont bien organisés pour ne laisser aucune trace des opérations du rituel, explique une citoyenne, habitante du quartier Amara. « Les habitants se sont réunis dans les garages des résidences et des immeubles pour égorger leurs moutons. Collectivement, ils étaient bien organisés », affirme-t-elle.
La même source affirme « qu’ils ont également fait très attention à nettoyer juste après les déchets animaliers et les traces du rituel à grande eau ».
A Alger-Centre, la même rigueur était de mise, du sang coulait un peu partout au fil des rigoles qui longent les trottoirs mais le spectacle n’a pas dure très longtemps, les riverains ayant majoritairement veillé à asperger le sang avec des tuyaux d’arrosage. Et si des carcasses ont ete suspendues dans certaines cages d’escaliers, c’etait seulement en attendant que vienne le moment de les découper et les partager entre famille et proches.

A la Cité du 8 Mai 1945 (Sorecal) de Bab Ezzouar, on pouvait encore apercevoir ce dimanche des peaux de moutons étendues au soleil. Mais pas le moindre déchet animal. Car vendredi, jour de l’Aïd, à peine les mammifères sacrifiés, les jeunes du quartier se sont attelés au nettoyage des sols à l’extérieur mais aussi des intérieurs.
Abdelhak, aidé de ses frères et de ses voisins dans la 8e unité de voisinage (UV8), a astiqué chaque palier de l’immeuble, à commencer par le débarras où était hébergé son mouton. « On fait ça chaque année. On ne laisse jamais rien comme ça. En plus avec la chaleur ça sent rapidement mauvais… ». Aux alentours de midi, tout était propre et frais. « Venez voir », glissait fièrement son grand frère Mohamed. « Ca sent bon, non ? ».
Les odeurs de l’eau de Javel et de produits détergents avaient en effet remplacé celles des engrais et des abats. « Il y a encore des petites traces de sang ici », indiquait-il le doigt pointé vers le mur. « Mais je m’en occuperai dès que je serai un peu reposé ».
Un peu plus loin, à la 6e unité de voisinage (UV6) de la même cité, pas question de procrastiner le nettoyage. Tandis que certains habitants s’occupaient à égorger, dépecer et découper les moutons, d’autres s’étaient déjà munis de tuyaux, de ballets et de brosses pour évacuer le sang vers les bouches d’égouts et ramasser les déchets animaliers.
« Dieu merci, nous sommes tout de même assez nombreux pour nous y mettre ensemble et gagner du temps », explique Mohamed, la quarantaine, une pelle à la main. « Des voisins se sont portés volontaires pour égorger et découper nos moutons, et nous notre tache consiste à nettoyer le quartier et le garder propre », rajoute-t-il.
Les « nettoyeurs » semblent justement bien soucieux du gain de temps puisque, une fois le dépeçage achevé, chacun devrait regagner son bâtiment pour ramasser à coups de balai les bribes de foin éparpillés dans les recoins du palier, essuyer à coups de frottoirs les gouttelettes de sang et parfumer chaque étage avec des produits détergents.
Yacine, la vingtaine, nettoie le carrelage. « Les visites commencent dès le début de l’après-midi chez certains voisins. Il faut faire vite pour que l’immeuble soit accueillant », explique-t-il.
Les ruelles du quartier étaient déjà « clean » vers midi, dégageant un air frais et parfumé. Tôt ce matin, les heureux habitants ayant accompli le rituel de la fête de l’Aïd exposaient dans les jardins entourant les immeubles les peaux dépecées et salées au soleil.
Finalement ce sont peut-être les grandes chaleurs qui ont poussé les Algérois que nous avons rencontrés a redoubler d’efforts et la wilaya a envoyer ses employées de nettoyage très vite.
A ce propos et si le nettoyage d’après Aïd n’a pas été accompli dans votre quartier, sachez que la wilaya invite et encourage les habitants de la ville a lui transmettre leurs griefs directement sur la page Facebook de la Wilaya d’Alger. Ne vous en privez pas!