Aid El Fitr à Tizi Ouzou: Timechret ou la grande joie des familles

Aid El Fitr à Tizi Ouzou: Timechret ou la grande joie des familles

Il y a de plus en plus de villages qui préfèrent organiser ce genre de manifestaion de solidarité pour la journée de l’Aïd.

Plusieurs villages de la wilaya de Tizi-Ouzou ont célébré l’Aïd comme au bon vieux temps. Ils ont ressuscité la tradition ancienne. Et ça a marché à la perfection. L’Aïd a été synonyme de joie, de liesse, de complicité, de partage, d’égalité et d’entraide. A Makouda, plusieurs localités comme Agouni Hamiche et à Tigzirt, comme à Tifra, les villageois ont organisé Timechret pour partager la joie et célébrer l’Aïd dans la communion.

Dès le petit matin de la journée de vendredi, les jeunes du village Agouni Hamiche se sont levés pour aller préparer les lieux et ramener les boeufs à égorger. Avant la fin de la prière de l’Aïd, ces derniers ont accompli leur tâche comme convenu la veille. A la fin de la prière de l’Aïd, tout est fin prêt et le lieu choisi pour la circonstance est idéal. Une esplanade à proximité du village et tout près d’une rivière où coule une eau limpide. Tout est prêt mais il fallait attendre les autres qui sont encore à la mosquée du village. Dans les villages de Kabylie, on ne parle pas de ceux qui vont à la mosquée et de ceux qui n’y vont pas. C’est une affaire strictement personnelle.

A la fin de la prière de l’Aïd, les choses étaient à leurs places mais il fallait d’abord observer un autre rituel tout aussi indispensable, aller rendre visite aux voisins, cousins, frères, grands-parents, oncles pour une séance commune de pardon réciproque. Ce n’est qu’après ce cérémonial qui remet les pendules à l’heure que le travail commence. Place à Timechret. On ramène les boeufs qu’on égorge sans plus tarder. Il ne fallait pas faire durer la souffrance des animaux. Ceci fait, des jeunes se mettent en cercles pour préparer la viande. La découper et la répartir sous les yeux aiguisés des vieux qui veillent à ce que les parts soient strictement égales. Personne ne pouvait ni ne devait manger plus que l’autre. Avant l’heure du déjeuner, le travail est accompli et les gens sont rentrés chez eux menus d’un panier de viande. A Tifra, grand village de la commune de Tigzirt, on a parfaitement respecté cette pratique. En fait, il y a de plus en plus de villages qui préfèrent organiser Timechret pour la journée de l’Aïd. Le fait que les autorités religieuses du pays aient accompagné cet élan par des campagnes expliquant son caractère licite, a encouragé les populations à s’y lancer. Les gens, dans les villages parlent peu de la religion mais ils sont stricts quand il s’agit d’engager toute la communauté. Aussi, ces dernières années, les villageois ont compris que Timechret et le meilleur moyen pour que tous les villageois mangent la même chose et la même quantité. C’est le moyen idéal pour que personne ne passe l’Aïd dans la tristesse. Les gens s’assurent que tous mangent la même chose.

Et c’est justement le but de ces fêtes.

Une fois la tâche accomplie donc, les gens passent à un autre rituel sans lequel l’Aïd n’a plus de sens. Tous les membres de la famille ont le devoir de rendre visite aux filles mariées, loin ou près du village voire même à coté, chez les voisins. Leur rendre visite en ce jour de l’Aïd est un devoir moral que personne ne discute.

Enfin, la journée de l’Aïd se poursuit le soir car les gens préfèrent se réunir entre amis pour discuter. C’est l’occasion idéale pour croiser ceux qui ne vivent pas dans le village. Ils reviennent tous passer l’Aïd en famille. En cette veille de l’Aïd, les villages de Kabylie sont incontestablement, des exemples d’un islam en parfaite harmonie avec la modernité et l’universalité.