Il est vrai que lors de la période de l’Aïd El Adha, à partir du premier jour et jusqu’à environ une semaine, la majorité des boucheries de viande rouge, ferment pour s’offrir un petit congé, en raison de la très forte baisse de la clientèle, rassasiée par l’abondance de la viande ovine pour plusieurs jours.
Cependant, contrairement à ce que certains pensent, beaucoup de bouchers n’ont pas chômé durant ces deux jours de l’Aïd, où ils ont échangé leurs tabliers de travail, en se mettant dans la peau
d’égorgeurs. Dans presque tous les quartiers, ces bouchers étaient de la partie pour les sacrifices de béliers, généralement pour leurs fidèles clients qui n’accomplissaient pas cette opération par eux-mêmes ou par l’un de leur proche ou voisin. Le coût de cet acte variait cette année entre 800 et 1 200 DA. Un boucher très expérimenté et bien équipé (pompe, attirail fiable, présence d’un assistant), peut égorger et décaper plus de 10 moutons en une seule matinée.
Ensuite, ces exécuteurs d’un jour, ont la particularité d’être des spécialistes dans la coupe de la viande, ce à quoi de plus en plus de citoyens ont recours à leur savoir-faire, pour sectionner la carcasse de mouton en plusieurs morceaux, selon les parties de choix et autres portions destinées à la marmite, par exemple, ou au couscous.
Aussi, plusieurs boucheries sont demeurées ouvertes durant les deux premiers jours, où ils recevaient des clients venus pour la coupe. Certains se déplacent également sur place, soit à domicile pour cette Opération, munis de l’attirail nécessaire comme la table de coupe et les outils tranchants. Ce travail est monnayé entre 500 et 600 DA par tête de mouton. Parfois on leur demande de préparer des épaules ficelées ou des pièces épicées prêts à être rôties.
«Depuis que je me suis sérieusement blessé à la main, ce qui m’a valu une dizaine de points aux UMC, l’année dernière en tentant de couper moi-même le mouton, je sollicite les services de mon boucher, comme cela j’évite tout accident et surtout j’ai une bien meilleure coupe», dira un quadragénaire habitant du côté de la cité Es-Sabbah.
Il est vrai que beaucoup d’accidents interviennent à chaque Aïd, il n’y a qu’à voir le nombre de patients que reçoivent les UMC du CHUO et de l’hôpital 1er Novembre à l’USTO, pour avoir une idée.
Ce sont surtout des blessures occasionnées par des armes blanches, couteaux, haches etc. Même si les cas de brûlures sont également assez fréquents, en raison d’une mauvaise manipulation des bouteilles de gaz, réchauds et barbecues. Ces novices égorgeurs ou apprentis bouchers, s’aventurent parfois dans des situations qu’ils ne maîtrisent pas et c’est là que survint très souvent l’irréparable.
S.A.Tidjani