En ce jour de l’Aid El-Adha, l’ambiance empreinte de piété et de joie qui régnait dans les centres pour enfants et personnes âgées, contrastait avec celle du service pédiatrie de l’hôpital de Beni Messous où les parents d’enfants hospitalisés souffraient en silence.
Au village SOS de Draria, l’insouciance des enfants a créé une ambiance particulière. Le sacrifice du mouton a égayé ce village, implanté dans un site merveilleux sur les hauteurs d’Alger, où sont regroupés les enfants abandonnés.
Juste après la prière de l’Aid, les bambins se sont agglutinés par groupes au village de Draria où pratiquement chaque famille a eu son mouton, « grâce à la solidarité des âmes charitables », a-t-on indiqué.
Des cadres de la Direction nationale de la Sûreté nationale (DGSN) se sont également déplacés sur les lieux pour offrir des moutons et des cadeaux aux enfants, créant ainsi une ambiance festive.
Quelques temps, plus tard des riverains au village sont arrivés pour aider les familles du village à égorger leurs moutons. « Chaque année, ce sont nos voisins qui viennent égorger et dépecer les moutons, ce qui permet aux enfants de se familiariser avec les autres enfants du voisinage », a fait observer une mère-SOS.
Même ambiance au centre féminin pour personnes âgées de Dely Ibrahim. Le personnel et les pensionnaires des lieux ont fêté ensemble l’Aid. Les vieilles, dont la plupart se sont faites coquettes pour l’occasion, dégustaient à leur grande joie, des brochettes soigneusement préparées par le personnel du centre.
Selon la directrice de l’établissement, Naima Balhi, sept moutons offerts par des donateurs, ont été égorgés dans la matinée, ajoutant que les moutons en plus ont été offerts à d’autres centres qui n’en avaient pas reçu assez. « Chaque année, nous aménageons un grand barbecue dans la cour du centre où nous regroupons les pensionnaires et le personnel », a expliqué Mme Balhi qui a, a-t-elle dit, préféré fêter l’Aid avec toutes ces vieilles femmes.
A la sortie du centre, une vieille répondant au nom de Alia, s’est isolée pour s’asseoir seule sur un banc. « J’attends que ma fille vienne me chercher », a-t-elle lâché en pleurs. Originaire de Chlef, elle a avoué que la famille lui manque « affreusement » et aurait souhaité, a-t-elle ajouté, être « entourée de ses enfants et petits-enfants ».
Toutefois, a-t-elle fait observer, l’ambiance du centre la « comble » et lui compense ce manque. « Nous ne manquons de rien, Dieu merci », a-t-elle assuré.
Une autre vieille, Khadidja de Ksar El Boukhari (Médéa), qui suivait la discussion, a expliqué que le personnel du centre est aux petits soins. « Des excursions sont organisées ce qui nous permet de partir régulièrement aux centres de thalassothérapie », s’est réjouie la vieille Aicha qui a souhaité, par ailleurs, partir au pèlerinage.
La souffrance des parents d’enfants malades
Au service pédiatrie de Beni Messous, sur les hauteurs d’Alger, l’ambiance est toute autre. Le silence pesant qui accable les couloirs du pavillon, est quelque fois brisé par les pleurs d’enfants.
Des mamans ont été contraintes de rester auprès de leurs enfants, loin de leurs familles respectives, à l’exemple de cette jeune femme de Sétif qui veille sur sa fille Bouchra (deux ans), atteinte d’une paralysie partielle.
Une autre maman, âgée à peine de 30 ans, n’a pas retenu ses larmes, lorsqu’elle a évoqué les souffrances de sa fille de quatre mois. « Je suis originaire d’Adrar (Sud du pays). Ma fille qui souffre d’une insuffisance rénale, est toujours dans le bloc réanimation », raconte-t-elle, avec des yeux ruisselant de larmes.
Même tristesse chez une autre jeune maman dont le bébé de 18 mois devrait être transféré à l’étranger. « Nous attendons le diagnostic définitif des médecins pour le transfert de mon bébé à l’étranger. Il souffre d’un problème rénal », a-t-elle dit.
A l’entrée du bloc, un jeune couple de Cherchell (wilaya de Tipaza) se console comme il peut. Le père, la trentaine, se dit en « détresse ». « Ma fille souffre d’une malformation et ne peut pas téter. Nous, moi et ma femme, sommes ici depuis une semaine.
Nous prenons notre mal en patience en attendant que notre fille guérisse », raconte ce jeune homme qui se dit pieux et croyant en la destinée. Sa femme, plongée dans une tristesse accablante, n’a soufflé aucun mot. C’est dire tout son dépit en ce jour de fête.