Ahmed Taleb El-Ibrahimi l’a affirmé hier “Celui qui veut le changement doit en payer le prix”

Ahmed Taleb El-Ibrahimi l’a affirmé hier “Celui qui veut le changement doit en payer le prix”

En s’opposant une nouvelle fois au 4e mandat de Bouteflika, Ahmed Taleb El-Ibrahimi insiste sur le changement du système en mettant en relief le sacrifice de la mobilisation.

La décision du président Bouteflika de briguer un 4e mandat fait sortir tout le monde de sa réserve. Les partis, les mouvements de la société civile, mais aussi les personnalités politiques se mettent à exprimer leur refus, chacun à sa façon. Après avoir signé, en février dernier, un appel, conjointement avec

Me Ali Yahia Abdennour et le général à la retraite Rachid Benyelles, Ahmed Taleb El-Ibrahimi revient, dans un entretien au site Al Hadath, sur la question du 4e mandat. De prime abord, l’ancien ministre de l’Éducation, chef de la diplomatie algérienne, sous Boumediene et Chadli, précise que sa génération a fait son temps. “Nous avons dépassé les quatre-vingt ans, qu’attendez-vous de nous ?”, avant de préciser que “c’est à la jeunesse de poursuivre le combat, et elle a du pain sur la planche”. Mais Ahmed Taleb El-Ibrahimi, contrairement aux autres hommes politiques, qui parlent du changement, estiment que ce changement a un prix : “Celui qui veut le changement doit en payer le prix.” Une affirmation qui laisse penser que l’homme ne croit plus aux solutions consensuelles. Pour lui, “ce n’est pas le président Bouteflika qui est en cause, mais tout le système”. Et, toujours, selon lui, pour changer ce système, “il ne faut pas s’attendre qu’on vous offre la solution sur un plateau d’or”.

Fustigeant le mode de désignation des présidents, qui se fait par un “petit groupe”, il estime qu’il est urgent que le peuple devienne la seule source de pouvoir. Un appel à la rébellion qui ne dit pas son nom, mais qui rejoint les analyses des hommes politiques, comme Mouloud Hamrouche, Ahmed Benbitour, pour ne citer que ceux-là. Mais, à la seule différence que Taleb estime qu’il y a un prix à payer pour opérer le changement, alors que les autres plaident plutôt pour une solution consensuelle, avec l’apport de l’armée, comme le suggère Hamrouche, ou carrément l’arrêt du processus électoral, comme le propose le général à la retraite, Mohand Tahar Yala.

Ahmed Taleb El-Ibrahimi ne dit pas s’il compte se joindre aux autres opposants au 4e mandat, mais estime qu’il existe des hommes politiques pouvant constituer une alternative, y compris le candidat Ali Benflis. Cependant, il estime, tout de même, qu’“il faut unir les efforts de la société civile et de la jeunesse”. Seulement, lui ne pense pas que le changement puisse venir du pouvoir, ou d’un compromis avec ce dernier. Contrairement aux autres opposants au 4e mandat, Taleb El-Ibrahimi estime que c’est la rue qui devrait imposer le changement, mais ce changement a un prix. Même s’il ne prononce pas le mot “rébellion” ou “révolte”, Ahmed Taleb El-Ibrahimi le laisse entendre, en parlant de prix que les jeunes doivent payer pour imposer le changement. Taleb franchit, ainsi, un seuil qu’aucun autre homme politique n’a osé faire depuis le début du débat autour de la reconduction du président Bouteflika. Hasard du calendrier ? Même la sénatrice Zohra Drif Bitat, pourtant très proche, un certain temps, du président Bouteflika, abonde dans le même sens, en affirmant que “la nouvelle génération doit arracher ses droits comme nous l’avons fait par le passé”.

Cette sortie médiatique, la seconde en un mois, de Taleb vient confirmer le grand malaise causé par la candidature du président Bouteflika pour la 4e fois consécutive. Une candidature qui passe mal et qui ne trouve pas assez de soutiens, sauf auprès des nouveaux affairistes des années 2000. Il se confirme, de jour en jour, que cette candidature est porteuse de gros risques sur la stabilité du pays.

A. B