Commis de l’Etat, parvenu aux hautes fonctions en empruntant, comme il aimait à le souligner, l’escalier de service, Ahmed Ouyahia voit-il son retour aux affaires définitivement soumis, après son renvoi sans ménagement du gouvernement, à l’épreuve de la concurrence partisane ?
Accoutumé à des rappels après renvois, Ahmed Ouyahia ne s’est cependant jamais retrouvé dans pareille situation, c’est-à-dire sans fonction officielle. A chaque fois qu’il dut céder la chefferie du gouvernement, il se maintenait dans l’exécutif avec la charge de ministre. Pas cette fois-ci. Ahmed Ouyahia n’est pas invité à patienter dans un des départements ministériels ou à occuper quelques autres charges en attendant éventuellement son rappel.
Mais est-ce à déduire pour autant que l’effet yoyo a vécu pour lui ? En la matière, on ne peut jurer de rien. En fait, tenter de lire l’avenir politique d’Ouyahia sur la base des seules conjectures jusque-là émises au sujet de son remplacement au Premier ministère est un exercice délicat. D’autant plus délicat qu’il n’est pas établi avec certitude que son renvoi est conséquence de la fragilité dans laquelle il s’est retrouvé après qu’il eut été lâché par les uns sans être toutefois totalement adoubé par les autres. Quoi qu’il en soit, peu se risquent à prédire sa fin politique. Du moins, en dépit de son infortune présente, il est toujours crédité d’ambition. Même ses détracteurs parmi ses partisans, les animateurs du mouvement de sauvegarde du RND, à l’exemple de Nouria Hafsi, qui agissent pour saborder ses ambitions, jugées par trop narcissiques, le voient déjà prétendre à la plus haute charge. Ces derniers l’accusent d’ailleurs de se servir du RND à cette seule fin. Peut-être, mais un parti comme le RND, né par truchement par trop voyant de l’administration tout juste pour combler le vide laissé par un FLN converti à l’époque à la religion Sant’Egidiote, peut-il y constituer une rampe de lancement viable ? Sans véritable assise militante et électoralement affaibli, le RND n’est, raisonnablement, pas garant d’une ascension politique aussi haute que celle à laquelle Ouyahia prétendrait. Surtout que, désormais, un nouveau parti, le TAJ d’Amar Ghoul, se propose aux mêmes fonctions que celles assignées jadis au RND. Ouyahia n’ignore certainement pas que, pour se propulser, il ne doit pas compter sur le seul RND. Aussi se garde-t-il de tout commentaire à propos de son renvoi de son poste de Premier ministre. Sa première expression, après son remplacement, a consisté en un appel à l’endroit des députés du parti à soutenir le plan d’action de son successeur. En l’espèce, il reste toujours le même, toujours prêt à servir.
S. A. I.