Amar Saâdani laisse un parti vidé de sa substance, miné par les divisions internes et surtout déchiré par les clans qui se disputent le leadership.
Saâdani a rendu le tablier à un successeur inattendu, Djamel Ould Abbes. Comme un éclair, le passage de témoin s’est fait à la vitesse de la lumière. « Une hirondelle ne fait pas le printemps » nous dit l’adage.
Ceci pourrait bien s’appliquer à Djamel Ould Abbes, le tout nouveau SG du FLN qui hérite d’un poste qui pourrait bien peser très lourd pour lui. Mais seul, il ne pourrait pas recoller les morceaux. A quelques mois des législatives, les tensions entre différentes factions internes vont aller crescendo. Chacun voudra sa part de gâteau.
La quasi majorité des membres du comité central, choisis et inféodés à leur ancien gourou, craignant peut-être une fin programmée, vont tous redoubler d’activisme pour figurer dans les prochaines listes de candidats aux législatives du printemps prochain.
A cela il faudra ajouter les deux mouvements de redressement portés respectivement par Abdelkrim Abada et Abderrahmane Belayat, qui ne vont pas rester les bras croisés maintenant que Saâdani, qui leur faisait face, est débarqué.
Ce dernier incarnait à lui seul et présidait le Front de main de maitre depuis son intronisation en 2013. Le FLN peut-il survivre au départ de son leader aujourd’hui désavoué publiquement ?
Un grand boulevard s’ouvre pour le RND
Ce qui détermine la survie d’un parti, c’est un leadership charismatique et une offre politique. L’ex-SG du FLN portait seul le message et la volonté du parti. Saâdani excellait aussi dans les attaques personnelles, dénigrant même les figures emblématiques. Personne n’a échappé à sa vindicte. Aujourd’hui parti, qui sera en mesure de porter le burnous ?
Or, personne à l’heure actuelle, ni même son successeur, connu pour son caractère « bienveillant » n’est en mesure de porter haut les couleurs du FLN face à un RND revigoré et terriblement agressif.
Les dégâts occasionnés par Saâdani sont tels qu’il faudra beaucoup de temps et de patience pour les réparer. Avec son départ, le RND voit s’ouvrir un grand boulevard devant lui. La forte personnalité de son chef Ahmed Ouyahia et la gouaille qui le caractérise font de ce parti un redoutable adversaire pour le FLN, amputé aujourd’hui de son fer de lance.
Attaché à la ligne historique et traditionnelle du parti, le nouveau SG du FLN n’est pas en mesure de battre le rappel des troupes comme le faisaient ses prédécesseurs. Manquant terriblement de vigueur et d’énergie, Ould Abbes devra faire face à l’activisme débordant du SG du RND, qui multiplie depuis quelque temps les meetings à travers le pays, s’ouvre à la jeunesse et aux femmes, expérimente avec doigté les réseaux sociaux, et s’implique constamment dans les débats.
Les points d’interrogation sont donc toujours nombreux au sujet du départ de Saâdani. Il faut néanmoins lui reconnaître d’avoir su mobiliser un fort soutien populaire en faveur des réformes du président Bouteflika et d’avoir réveillé l’intérêt des Algériens pour la vie politique.
A-t-on voulu le punir pour ses saillies envers l’ex-chef des services de renseignements ? A-t-il perdu toute confiance auprès des décideurs au point qu’ils le lâchent sans aucune considération ?
En effet, à quelques heures de la tenue du CC, personne n’’imaginait ni même lui d’ailleurs, un seul instant, que son départ était acté. Son départ du FLN marque-t-il la fin du compromis ? En réalité, invoquer des « problèmes de santé » n’a pas beaucoup de sens, mais visiblement Saâdani se refus à entrer dans les aspects politiques et juridiques de la polémique.