Le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), M. Ahmed Ouyahia, par ailleurs Premier ministre, a affirmé vendredi à Alger, à propos des mesures prises suite aux émeutes du mois de janvier passé, que l’Etat ne reculait pas mais gérait une situation. Il a admit que des mesures prises par l’Etat ont dû être ajournées en raison de la puissances des lobbies du trabendo, le commerce informel.
« L’Etat ne recule pas, l’Etat gère une situation », a indiqué M. Ouyahia au sujet des mesures à caractère social prises suite aux événements du 5 janvier dernier, lors d’un point de presse animé à l’issue des travaux de la 4ème session du Conseil national du RND. « L’Etat ne s’est pas affaibli. Il gère les situations. L’Etat n’est pas faible. Mais il réagit comme une mère impuissante devant ses enfants »,a-t-il ajouté.
Il a estimé, dans ce cadre, qu’il existait certaines sensibilités qui « cherchaient des cadavres », relevant que la gestion de ces événements par les pouvoirs publics « s’est faite sans verser de sang ».
« Ceux qui veulent brûler l’Algérie cherchent des cadavres, a-t-il ajouté citant, à ce propos, les événements ayant secoué et qui secouent encore des pays voisins.
M. Ouyahia a fait remarquer que « l’Algérie n’est pas à la découverte de ses problèmes, estimant que le pays serait récidiviste s’il s’engageait dans cette voie.
Il a dans ce sens rappelé les événements d’octobre 1988 et la situation du pays au début des années 1990 qu’il a qualifiée de « grande foire démocratique ».
L’Algérie a payé un lourd tribut, avec des milliers de morts, et elle ne s’est pas encore entièrement remise de cette situation, a-t-il dit. « Que veut la société algérienne, aller d’une marche à une autre et descendre aux enfers ? », s’est-il interrogé.
Aller ensuite vers des négociations et dire que l’Etat distribue l’argent?, s’est demandé le secrétaire général du RND.Pour M. Ouyahia, aucune voix ne s’est élevée pour dire non à cette situation.
Il a dans ce contexte reproché à la presse nationale de ne pas avoir appelé au calme et d’avoir appuyé ces revendications. « Il s’agit de l’argent de tous les Algériens, a-t-il souligné, relevant qu’ « aucune voix ne s’est élevée contre l’anarchie, ni appelé à cesser de prendre le peuple en otage.
C’est ainsi que le secrétaire général du RND a considéré qu’il existe des « lobbies » qui oeuvrent, à travers ces mouvements, à prendre le pouvoir. Toutefois, il n’a pas identifié la nature de ces lobbies.
Par ailleurs, s’agissant de la règle imposée aux investisseurs étrangers, pour un partage des parts avec un partenaire algérien (51/49), M. Ouyahia a rappelé que les gros investissements dans plusieurs domaines engagés ces dernières années en Algérie, se sont faits sous l’empire de cette règle. « Apparemment, il existe certains Algériens qui se sentent dérangés par cette règle, a-t-il relevé.
Abordant la question des crédits documentaires, M. Ouyahia a indiqué que du « bruit » a été fait autour de cette question, alors que ce dispositif, a-t-il noté, intervient pour stopper la spéculation dans les importations.
Il a fait un constat similaire sur la question du paiement par chèque des factures de plus de 500.000 DA, en s’interrogeant sur les raisons ayant amené des entreprises privées à appliquer cette mesure avant sa mise en oeuvre officielle le 31 mars 2011.
« Le climat n’est pas prêt pour l’application de ces mesures » de lutte contre le marché informel, a-t-il indiqué, affirmant cependant qu’elles seront appliquées à terme. « Ce n’est que partie remise », a-t-il encore dit.
M. Ouyahia a, toutefois, reconnu qu’il existait un terrain « favorable » aux mouvements de contestation, évoquant le chômage des jeunes et le phénomène des harragas. « Nous reconnaissons aussi que beaucoup de nos jeunes souffrent encore du chômage, nourrissant des inquiétudes pour leur avenir, a-t-il admit. Nous reconnaissons également que les familles souffrant de la crise de logement se comptent par milliers. »
Suite aux émeutes de janvier 2011 qui ont fait 5 mots, le président Bouteflika lors d’un conseil des ministres, il a donné consigne au gouvernement d’ « alléger » les formalités et procédures destinées au transfert du commerce informel sur la voie publique vers des sites aménagés.
Une enquête récente du Forum des chefs d’entreprises (FCE) établit que « le secteur informel constitue une partie importante de l’économie » algérienne.
Cette enquête montre qu’en 2007 l’emploi informel représentait 32% des 8,25 millions de personnes employées en Algérie. Les revenus du secteur informel « totaliseraient 17% de l’ensemble des revenus primaires nets des ménages » et se situeraient entre trois et six milliards d’euros, d’après les conclusions du FCE. Le bâtiment, le commerce, les transports et l’artisanat sont les domaines les plus concernés.
Par ailleurs, le secrétaire général du RND a souligné que les réformes annoncées ne datent pas de 2011, et n’interviennent pas sous la pression des événements.
C’est le cas, a-t-il observé, de la révision profonde de la Constitution, annoncée par le président de la République à l’occasion de l’ouverture de l’année judiciaire de 2008, ainsi que la révision des lois pour la promotion des libertés démocratiques et de la liberté de l’information.