Le hasard n’a plus sa place tandis que les indécis et les partisans du boycott sont appelés à jouer un rôle de premier ordre dans les prochaines joutes en se mobilisant en masse.
«J’entendais certains dire qu’on nous plaçait entre le chantage de la dictature et celui de la menace intégriste, qu’ils regardent ailleurs, l’Egypte, la Tunisie et d’autres pays.» Une telle déclaration, faite hier, par Ahmed Ouyahia est plus que révélatrice de la menace intégriste, qui peut surprendre lors des élections législatives du 10 mai. Ahmed Ouyahia le dira en petites phrases aussi sibyllines que directes, et ce, en déclarant que «le courant islamiste ne perd aucune voix». Et d’ajouter que «personne ne viendra remettre en cause les résultats des élections».
A travers ce bloc de déclarations, une seule lecture est plausible, quels qu’ils soient, les résultats du 10 mai seront validés. Mais, il est aussi à déduire des déclarations du premier responsable du RND que le réveil des démocrates est plus qu’impératif. «Il appartient aux démocrates de faire leur choix et d’aller à la bataille», a-t-il fini par lâcher avant d’ajouter: «Qu’ils choisissent d’aller à la pêche le 10 mai, ils verront les résultats.» Ceci dit, le hasard n’a plus sa place tandis que les indécis et les partisans du boycott sont appelés à jouer un rôle de premier ordre dans les prochaines joutes en se mobilisant en masse. Le but est, sans l’avoir déclaré explicitement, de faire barrage à la montée des islamistes. Ahmed Ouyahia, qui a présidé hier la célébration de la 15e année de vie du parti, a tenu un discours très alarmant dans lequel il s’est attardé sur les enjeux des législatives de mai 2012 tout en fustigeant les partisans du boycott qu’il a qualifiés de «nihilistes».
«Ceux qui appellent au boycott se prélassent dans l’autre rive de la Seine tandis que les pauvres sont restés en Algérie», a-t-il affirmé avant d’appeler à rompre avec le nihilisme. Ce tonnerre de déclarations n’est, tout de même pas, le produit d’un simple hasard, la situation politique qui prévaut dans plusieurs pays arabes et les risques de sa contagion vers l’Algérie suscitent aussi bien inquiétude et mobilisation tandis que la finalité est d’éviter à l’Algérie de re-sombrer dans une nouvelle forme de violence. Ce travail a, selon Ouyahia, bel et bien commencé en prenant des initiatives à la hauteur des événements d’alors. «Ces mesures continuent d’intriguer les pays arabes», a affirmé Ouyahia. Sur le plan de la politique extérieure, Ouyahia est longuement revenu sur les relations algéro-marocaines en déclarant que «les peuples algérien et marocain sont des frères qui n’ont pas besoin de médiateur». L’allusion est faite à l’offre du président tunisien, Marzouki, qui a suggéré, tout récemment, ses services en vue de rapprocher davantage l’Algérie du Maroc dont la finalité est de remettre sur rail l’Union du Maghreb Arabe, l’UMA. Ouyahia a, à partir d’Oran, tranché en déclarant que «les frontières finiront par s’ouvrir et le Maghreb finira par se construire».
Avant que cela ne se concrétise, tant de paramètres doivent être pris en compte dont la nécessité d’oeuvrer pour une vraie politique de bon voisinage. D’autant que les deux pays se sont, depuis plus d’une année, mis à discuter de cette question. «Cela fait plus d’une année que nous nous échangeons des délégations ministérielles», a révélé Ouyahia.
La partie algérienne semble vouloir mettre autant de garde-fous quant à une éventuelle ouverture des frontières, et ce en fonction des plusieurs paramètres auquels le Maroc est appelé à démontrer sa disposition et sa bonne volonté. Tout compte fait, Ouyahia l’a explicitement affirmé en déclarant: «Nous voulons arriver à quelque chose raisonnablement préparé et qui soit durable.»