Le Conseil des chefs d’état-major des pays membres du Comité d’état-major opérationnel conjoint, regroupant l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger s’est réuni hier au siège du commandement de la 6e Région militaire à Tamanrasset, avec, pour thème majeur, «La lutte contre le terrorisme, la criminalité organisée et les phénomènes connexes».
Dans son discours d’ouverture, le chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (APN), Ahmed Gaïd Salah, est revenu sur l’importance de cette rencontre.
«Je ne saurais trop m’étaler sur l’enjeu qui caractérise cette réunion au regard des évolutions qu’a connues notre région, depuis notre dernière rencontre, ici à Tamanrasset, les 12 et 13 août 2009, qui nous interpelle tous à prendre nos responsabilités, à respecter nos engagements et à passer à l’action sur le terrain des opérations».
Par cette phrase, ce responsable militaire rappelle la nécessité que chaque partie respecte ses engagements en passant à la lutte sur le terrain contre les terroristes sévissant dans la région, refusant tout compromis avec les ravisseurs.
«Débattre les termes de notre coopération (afin de lui conférer) plus de maturité, lever les incompréhensions qui persistent et dégager les solutions idoines, en vue de renforcer l’action effective et concertée et atteindre, par-delà, les objectifs tracés dans notre stratégie de lutte», soutient-il.
Cette réunion intervient après l’enlèvement, le 16 septembre en cours, de sept personnes, cinq ressortissants français, un ressortissant togolais et un ressortissant malgache, par le GSPC, qui a revendiqué ce rapt. Les échanges de renseignements constitueraient l’un des sujets qui seront débattus au cours de cette rencontre, concernant les activités, dans la région, de cette organisation terroriste et celles de réseaux de criminalité organisée, dont le trafic d’armes,
«coopérant» avec le GSPC, croit-on savoir. «Les enlèvements de ressortissants occidentaux au Sahel ne se feraient pas avec un rythme pareil s’il n’y avait pas des trafiquants d’armes prêts à vendre armes et munitions aux terroristes du GSPC», ajoute-t-on.
Cette organisation terroriste utilise, comme beaucoup le savent, une partie des rançons versées en contrepartie de la libération d’otages, pour l’achat d’armes et de munitions. Le payement de rançons encourage aussi bien le GSPC que les trafiquants d’armes dans la région.
Ce qui expliquerait que les échanges de renseignements entre les chefs d’état-major des armées de ces pays concerneraient, entre autres, les trafiquants d’armes,
avec identification de certains d’entre eux et la localisation des itinéraires par lesquels ces marchandises transiteraient. L’Algérie étant en possession de renseignements sur certains de ces contrebandiers d’armes, fournis par d’anciens membres de katibet Tarek Ibn Ziad, les aurait déjà communiqués aux états-majors membres de ce conseil.
«Les sept otages en vie»
Les sept otages, dont cinq Français, enlevés le 16 septembre au Niger par le GSPC sont en vie et Paris en a été informé, a rapporté hier l’AFP, citant «une source malienne très proche du dossier». «Les sept otages enlevés au Niger et transférés entre les déserts malien et algérien sont en vie, nous avons donné l’information à la France», a déclaré cette source, selon laquelle «les otages sont détenus entre les déserts malien et algérien, dans une zone communément appelée le Timétrine», a ajouté l’AFP. «Nous travaillons avec la France pour trouver une solution mais nous avons clairement affirmé à nos interlocuteurs que nous ne voulons pas de troupes françaises, américaines, en tout cas occidentales sur notre sol», a indiqué à l’AFP «une autre source malienne, également proche du dossier des otages».
Aucun détail n’a été fourni sur les canaux utilisés pour entrer, éventuellement, en contact avec les auteurs de ce rapt et apprendre que les otages sont en vie, discrétion oblige afin de ne faire encourir aucun danger aux sept victimes détenues par le GSPC.
Certains observateurs pensent là aux «intermédiaires», qui pourraient avoir été sollicités, comme dans de précédents enlèvements, pour prendre attache avec les ravisseurs. Cette médiation, utile pour établir un pont de discussion avec les ravisseurs est, par ailleurs, fort bien rémunérée puisque, selon des informations parvenant du Sahel, le «chef négociateur» toucherait l’équivalent de plusieurs centaines de millions de centimes, en dinars algériens, pour chaque otage.
Détermination des pays du Sahel à prendre en charge la question sécuritaire
La réunion du Conseil des chefs d’état-major des pays membres du Comité d’état-major opérationnel conjoint, dont les travaux ont débuté hier à Tamanrasset, traduit la ferme détermination de ces pays à prendre en charge «de façon autonome et collective, leur question sécuritaires», a affirmé le colonel Mabrouk Sebaâ, porte-parole de la réunion.
«En somme, cette réunion constitue une confirmation avérée du respect de tous les engagements pris par les forces armées des pays membres et un message clair pour exprimer leur volonté et leur détermination, ainsi que leur capacité effective à prendre en charge,
de façon autonome et collective, leur question sécuritaire en toute liberté et en toute souveraineté», a déclaré le colonel Sebaâ à la presse en marge de cette réunion qui regroupe les chefs d’état-major de l’Algérie, du Mali, de la Mauritanie et du Niger.
Dans cette optique, les chefs d’état-major présents à cette réunion «s’attelleront à étudier tous les moyens à même de promouvoir et stimuler leur coopération en vue d’instaurer, ensemble, un mécanisme adapté pour faire face, avec toute la rigueur requise et l’efficacité escomptée, au phénomène terroriste et ses ramifications», a-t-il souligné.
Les chefs d’état-major des pays participants ont exprimé à l’Algérie «toute leur gratitude et leur reconnaissance pour les efforts qu’elle a consentis en vue de faire réussir les démarches prises par les forces armées des pays de la région dans leur lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée», a ajouté le porte-parole.
Par M. Abi