La presse publique peut se développer et améliorer sa crédibilité en adoptant « une plus grande souplesse dans la gestion et des règles de professionnalisme », a estimé, hier, Ahmed Essayed Enaggar, président du groupe de presse égyptien Al Ahram, lors d’une conférence-débat autour du thème « les considérations professionnelles et l’éthique dans le journalisme : une nécessité pour la modernisation et le développement », organisée par le ministère de la Communication à l’Ecole supérieure de journalisme.
La conférence s’est déroulée en présence de Hamid Grine, ministre de la Communication, qui a précisé qu’elle inscrit dans « le cadre du projet sur l’éthique, la presse et les journalistes ». Ce développement peut se réaliser, selon le conférencier, à travers « le captage des compétences et l’éloignement du recrutement basé sur les affinités personnelles ».
Le prix de la liberté
Pour avoir une plus grande indépendance financière et éditoriale, cette presse doit « diversifier ses ressources à travers des petits investissements et ne plus compter ainsi sur le financement exclusif de l’Etat. La presse privée n’a aucune indépendance éditoriale dans le mesure où elle dépend des intérêt des propriétaires du titre ou des bailleurs de fonds », a-t-il soutenu. Ahmed Essayed Enaggar a estimé que la presse publique « pourra augmenter le niveau de sa liberté de la manière qui lui permet de présenter un travail susceptible d’intéresser le lectorat ». « Elle ne doit pas être le porte-parole du gouvernement », elle doit être capable « d’avoir un impact et de capter le respect ».
Cette presse a tous les atouts pour réussir à condition « de préserver ses spécificités qui permettent d’être plus compétitive en accordant des espaces aux différents courants de la société pour s’exprimer sur toutes les questions ». Le conférencier est catégorique. « La presse n’est jamais le porte-parole du gouvernement mais c’est elle qui veille sur l’argent public, contrôle le gouvernement et le peuple », a-t-il indiqué. Cette presse doit s’inscrire « dans la critique objective et doit veiller à rester indépendante ».
A propos de l’éthique journalistique, Ahmed Essayed Enaggar a estimé que « le pacte d’honneur » est l’un des piliers de l’exercice journalistique en Egypte. Pour lui, des sanctions sévères doivent être prononcées « par la justice comme dans le cadre du pacte » à l’encontre de tout journaliste qui commet des délits de diffamation. A propos de la presse algérienne, le conférencier n’a émis aucun commentaire sur son contenu, tout en estimant que c’est « une presse totalement locale car elle n’est pas diffusée à l’étranger ». Il est revenu sur les réseaux sociaux et la place de la presse dans la vie quotidienne des citoyens.
Il a estimé que les premiers sont devenus des sources d’information importantes. « Il faut prendre la peine de vérifier ces informations avant qu’elles ne soient reprises par les médias vu les manipulations qui peuvent se produire ». Pour lui, les réseaux sociaux sont à même de concurrencer les médias.
« Il faut gérer cela avec souplesse et compétence. Beaucoup de médias ont investi ces réseaux pour diffuser des informations vérifiées et assurer leur existence et leur pérennité. Mais il faut établir des limites entre le travail journalistique et les informations diffusées sur les réseaux », a-t-il soutenu.
Nouria Bourihane