Ahmed Ben Bella: des funérailles solennelles dans Alger sous la pluie

Ahmed Ben Bella: des funérailles solennelles dans Alger sous la pluie

Le premier président d’Algérie, Ahmed Ben Bella, a été accompagné, après la grande prière du…

Le premier président d’Algérie, Ahmed Ben Bella, a été accompagné, après la grande prière du vendredi, à sa dernière demeure au carré des Martyrs du grand cimetière Al-Alia d’Alger, par le président Abdelaziz Bouteflika, la classe politique algérienne et de hauts dirigeants du Maghreb.

« L’Algérie n’est pas la seule à l’avoir perdu », a déclaré à la télévision algérienne le président tunisien Moncef Marzouki, venu présenter un dernier hommage au défunt. « Le Grand Maghreb l’a perdu aussi, tout comme la nation arabe. Il était le symbole du tiers-monde », a souligné cet ancien opposant, entouré de membres de son gouvernement.

D’autres hauts responsables politiques ont fait le déplacement: le Premier ministre marocain Abdelilah Benkirane, pour qui Ben Bella a été « un symbole de la lutte contre le colonialisme », son homologue mauritanien Moulay Oulad Mohamed El Aghdas mais aussi le président sahraoui du Front Polisario Mohamed Abdelaziz et l’ancien président algérien Chadli Bendjedid.

Sous une pluie battante, ils ont marché derrière le président Abdelaziz Bouteflika pour accompagner la dépouille de Ben Bella, décédé chez lui dans son sommeil mercredi à l’âge de 95 ans, à l’intérieur du cimetière d’El-Alia, dans l’est de la capitale.

Le cercueil était porté par plusieurs officiers marchant au pas, au rythme des tambours, en direction du carré des Martyrs où est déjà enterré le pire ennemi de Ben Bella: Houari Boumediene, son compagnon d’armes et ministre de la Défense qui l’avait renversé en 1965 et placé en détention.

Sa dépouille était partie de chez lui jeudi matin, déjà accompagnée du président Abdelaziz Bouteflika, au Palais du Peuple pour y être exposée durant 24 heures.

Les conditions d’accès à cette résidence des gouverneurs ottomans bâtie au 18e siècle avaient été allégées pour permettre à la population de rendre un dernier hommage au héros de la lutte anti-colonialiste avant son enterrement vendredi après-midi.

Alger fouettée par les averses et le vent

A la différence de l’ensemble du monde politique et militaire algérien, et du corps diplomatique étranger, peu d’Algériens s’étaient déplacés: Alger a les pieds dans l’eau, fouettée par les averses et le vent depuis mercredi.

Même le cercueil en bois du défunt a dû être recouvert de larges bâches de plastique blanc dans le cortège couvert de fleurs qui le menait vers le cimetière, après une sortie du palais saluée par la garde républicaine.

Le long cortège s’était ébranlé dans le vieil Alger, salué sur son passage par les « youyou » de femmes postées sur les balcons et dans la rue, luttant contre la pluie, en direction du cimetière El-Alia, avec les hautes personnalités d’Afrique du Nord.

Les routes étaient bien dégagées, ne serait-ce qu’à cause du mauvais temps qui a gardé la population devant son poste de télévision pour suivre le déroulement filmé des événements de la journée, entrecoupé d’images de Ben Bella: lorsqu’il est devenu président du Conseil national de la révolution algérienne (CNRA), chef du gouvernement, le 27 septembre 1962, puis après son élection le 15 septembre 1963 comme premier président de la République algérienne enfin indépendante.

Aucune image qui fâche n’a été montrée, après son renversement par un coup d’Etat en 1965 mené par son ministre de la Défense et compagnon de lutte Houari Boumediene, un proche d’Abdelaziz Bouteflika. Mais un Ben Bella souriant à l’élection en 1999 de M. Bouteflika à la présidence et une longue étreinte entre les deux hommes, diffusée au ralenti et en boucle.