Un dernier regard sur la dépouille
Le président Bouteflika, le staff gouvernemental, les autorités militaires ainsi que des responsables de pays amis ont accompagné la dépouille du premier président de l’Algérie indépendante à sa dernière demeure.
Ahmed Ben Bella, premier président de l’Algérie indépendante, a été inhumé hier au carré des Martyrs du cimetière El-Alia (Alger) en présence du chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika. A l’arrivée du cortège funèbre, des centaines de personnes présentes aux abords du cimetière depuis la matinée, scandaient «Allah Akbar» et «Tahia Al Djazaïr». Si presque l’ensemble des autorités politiques et militaires ainsi que le corps diplomatique étranger étaient présents sur les lieux, les rafales et bourrasques de pluies incessantes n’ont pas dissuadé les citoyens à se rendre en grand nombre au cimetière. Toutefois, le cortège funèbre qui a sillonné Alger-Centre à travers la rue Didouche-Mourad, la Grande-Poste, le boulevard de l’ALN, a été salué sur son passage par les youyous de femmes postées sur les balcons et dans la rue, en direction du cimetière El-Alia. Le mauvais temps a poussé la population à suivre le déroulement de cet enterrement à travers leur petit écran, selon quelques témoignages. Sous une pluie battante, tout le staff gouvernemental ainsi que des autorités militaires, civiles et d’autres responsables politiques ont marché derrière le président de la République, Abdelaziz Bouteflika pour accompagner la dépouille de Ben Bella à sa dernière demeure. Au rythme des tambours de la Garde républicaine, le cercueil était transporté par plusieurs officiers marchant au pas en direction du carré des Martyrs. Des chapiteaux ont été érigés pour la circonstance et même au-dessus du lieu de l’enterrement du premier président, jouxtant celles de ses compagnons d’armes dont le deuxième président, Houari Boumediene, son ministre de la Défense qui l’avait déposé en 1965 et placé en détention. C’est le ministre des Moudjahidine, Mohamed Chérif Abbas, qui a prononcé l’oraison funèbre. Pour ce responsable, Ben Bella «fut un militant infatigable qui a consacré toute son existence à l’Algérie» mais surtout dira l’orateur, «l’histoire lui saura gré et se souviendra certainement du soutien solennel qu’il a apporté à la Charte pour la réconciliation nationale et la concorde civile». En outre, il y a lieu de relever un fait marquant: Abdelaziz Belkhadem, le ministre d’Etat, qui a reçu au cours la matinée le président tunisien Moncef Marzouki a arboré en cette circonstance sa fameuse Djelaba et tarbouche islamistes. Parmi les accompagnateurs il y a lieu de signaler la présence d’Ali Haroun, responsable de la Fédération de France du FLN historique, également membre du Conseil national de la Révolution algérienne (Cnra) et du Haut Conseil d’Etat (HCE) ainsi que Belaïd Abdeslam, ex-ministre de l’Industrie et de l’Energie.
Mouloud Hamrouche ainsi que Belaïd Abdeslam et d’autres anciens responsables ont accompagné la dépouille de Ben Bella. De nombreux moudjahidine, des membres des corps constitués, des amis, les membres de la famille et compagnons du défunt ont également assisté aux funérailles.
A côté de la classe politique algérienne, notamment les membres de l’Alliance présidentielle, on constatait la présence des nouvelles équipes dirigeantes en Tunisie et au Maroc et une forte délégation qatarie dont le prince Jouan Ben Hamed Ben Khalifa Al Thani présent au cimetière. Par ailleurs, il est à noter que le chef de l’Etat s’est offert un véritable bain de foule après l’enterrement de Ben Bella. Pour rappel, le 27 septembre 1962, Ahmed Ben Bella était devenu président du Conseil national de la Révolution algérienne (Cnra), chef du gouvernement. Elu à la présidence le 15 septembre 1963, puis renversé en 1965, il n’a été libéré qu’en 1980, deux ans après la mort de Boumediene. Il aura passé au total 24 ans dans les prisons française et algérienne. Président depuis 2007 de la Commission des Sages africains, chargée de la prévention et solution des problèmes du Continent noir, il avait dirigé une ultime réunion l’an dernier à Alger. Le candidat à la présidentielle française, le socialiste François Hollande, reçu par Ben Bella en fin 2010, a été le premier homme politique étranger à lui rendre hommage.