«On ne peut pas disputer un Mondial sans avoir de très bons attaquants»
43 ans, Ivan Zamorano reste une légende vivante dans le football. Il ne se passe pas un instant sans que l’ex-star chilienne du Real Madrid soit interceptée par les milliers de férus de la balle ronde qui ont envahi la capitale du Mondial,A Johannesburg.
Rencontré en marge de la rencontre Italie-Slovaquie qu’il a commentée pour une radio chilienne, «l’Hélicoptère» a accepté d’analyser le parcours des Verts durant cette Coupe du monde.
– L’Algérie a été éliminée au premier tour du Mondial sud-africain. Pour beaucoup de techniciens de la balle ronde, elle a réalisé une participation honorable. Etes-vous du même avis ?
– Pour être honnête, on ne peut pas dire d’une équipe qui se fait éliminer au premier tour qu’elle a réussi son Mondial. Et pour une équipe comme l’Algérie qui n’a pas participé à ce genre de compétition depuis une très longue période, ça aurait pu être le cas si elle avait atteint les huitièmes de finale. Cela dit, il est très juste de dire que votre équipe a vendu chèrement sa peau face à ses adversaires du groupe. Elle a tenu tête à des équipes très fortes comme l’Angleterre ou les Etats-Unis, tout en pratiquant un beau football.
– Selon vous, qu’est-ce qui a manqué à cette équipe algérienne pour déjouer les pronostics et se faire au moins une place en huitièmes de finale ?
– L’expérience. Cette équipe joue bien au football et possède des joueurs talentueux qui d’ailleurs évoluent tous en Europe. Mais ce n’est pas suffisant, ils doivent prendre part plus souvent aux grandes compétitions pour gagner plus de confiance.
On a remarqué qu’ils manquaient un peu de confiance dans certains moments du match. Par exemple face à l’Angleterre, ils n’ont pas vraiment osé, alors que l’adversaire était prenable ce jour-là. Et puis, je veux ajouter un truc important.
– Allez-y, on aimerait vraiment le savoir.
– Ecoutez, dans le football de haut niveau, une équipe doit avoir trois caractéristiques essentielles en termes d’effectif pour pouvoir faire du chemin dans une compétition comme la Coupe du monde.
Primo, il lui faut un gardien de but imposant et je pense que l’Algérie possède le bon profil. Ma foi, il a sorti un grand match face aux USA en sauvant plusieurs buts. Secundo, une équipe doit avoir aussi un véritable patron qui prenne toute l’équipe sur son dos et la tire vers l’avant.
Je pense que le n°15 algérien (Ndlr, Ziani) fait l’affaire. Tercio, la présence d’un attaquant de niveau mondial est plus que nécessaire, si on veut avoir le maximum de réalisme à ses côtés. Et je pense que l’Algérie a beaucoup souffert dans ce registre. Je dirai même que ça a été le maillon faible de cette équipe.
– Logique, puisque l’Algérie n’a pas réussi à marquer le moindre but dans ce Mondial…
– Vous voyez, on ne peut pas disputer un Mondial sans avoir dans son effectif de très bons attaquants. Et voilà le résultat, c’est vraiment dommage pour une équipe comme l’Algérie qui pourtant a du potentiel.
Quand j’ai vu son dernier match face aux Etats-Unis, j’étais peiné par la façon dont elle a perdu. On sentait qu’ils n’étaient pas inferieurs à leurs adversaires. Ils avaient vraiment la possibilité de marquer des buts. Mais le dernier geste leur faisait cruellement défaut.
– On va dire qu’il manquait à cette équipe un attaquant comme le grand Zamorano…
– (Il rit). Non, mais l’Algérie doit avoir de grands attaquants. Il faut juste aller les dénicher, c’est tout. Je me souviens que durant le Mondial 1982 qui s’est déroulé en Espagne, l’Algérie possédait une grande attaque qui avait battu le Chili par 3 buts à 2.
– Ah, vous vous rappelez de ce match ?
– Absolument. Comme si c’était hier, j’avais 15 ans à l’époque. Ce jour-là, l’Algérie avait réussi un grand match. Elle nous a dominés au point où elle a marqué trois buts en première mi-temps, je crois. Mais le Chili s’est ressaisi par la suite en marquant par deux fois.
Je crois que cela a coûté l’élimination à l’Algérie. Je suis désolé pour vous (rires). C’est vraiment dommage, car à l’époque, l’Algérie possédait une grande équipe avec une attaque de feu. Je crois que c’est ça qui lui manquait le plus pour faire un bon Mondial.
– L’Algérie se qualifiera-t-elle au prochain Mondial ?
– Pourquoi pas ? Cette équipe est jeune et me parait très ambitieuse. Je pense que la participation à cette Coupe du monde est une très bonne expérience pour les joueurs. J’espère que d’ici quatre ans, l’Algérie se présentera au Brésil avec une équipe plus solide avec notamment, de très bons attaquants qui peuvent renverser à eux seuls le cours d’un match.
– Un dernier mot pour les Algériens. A vos fans surtout ?
– Un grand salut à eux tous. Je leur dis que l’élimination de leur équipe m’a touché, parce que franchement, l’Algérie m’a surpris par sa combativité. J’espère qu’elle reviendra dans quatre ans. Je lui souhaite de tout cœur une bonne continuation.
