Agression du personnel de santé aux urgences,Toujours pas de dispositif promis

Agression du personnel de santé aux urgences,Toujours pas de dispositif promis
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L’agression du jeune médecin au pavillon des urgences au CHU Mustapha-Pacha n’est que la face visible de l’iceberg. Le personnel médical affirme faire face à ce genre de situations au quotidien. L’année dernière, le ministre de la Santé annonçait la mise en place d’un dispositif permettant de sécuriser les urgences. La promesse n’a jamais été concrétisée.

Inaugurant en août dernier le pavillon des urgences du CHU Mustapha- Pacha, Djamel Ould Abbès promettait de solliciter le ministère de l’Intérieur de sécuriser davantage les hôpitaux. Presque une année plus tard, force est de constater que le dispositif en question n’a pas été mis en place et que les agressions se multiplient. Il était question de faire appel aux éléments de la police qui de par leur présence au niveau des urgences auraient une action dissuasive. Aujourd’hui, seuls des agents de sécurité sont en poste. Leur nombre est jugé insuffisant et ils sont eux-mêmes souvent victimes d’agressions. Quelle alternative face à la prolifération des agressions ? Le président du Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) explique que des postes de police existent déjà au niveau des hôpitaux mais que le problème ne se situait pas à ce niveau. Lounès Gachi explique que «le problème se pose au niveau des urgences avec acuité. C’est à l’administration de prendre ses responsabilités. C’est à elle de déposer plainte à chaque fois qu’un professionnel de la santé est agressé. Nous prônons la tolérance zéro. Toute agression doit être suivie par un dépôt de plainte et toute condamnation doit être médiatisée. Cela doit servir d’exemple. C’est l’impunité qui favorise la récidive». Du côté du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique, la récente agression du jeune médecin ne laisse pas indifférent. Le syndicat parle d’un «phénomène inquiétant qui prend des proportions alarmantes» et évoque «un contexte des urgences médico-chirurgicales particulier, caractérisé par une forte charge de stress liée à la notion même d’urgence, ce stress est pourvoyeur de dérapages devant toute situation de mécontentement, justifié ou non, des usagers». Au-delà de faits qui auraient pu être anecdotiques, les cas d’agressions se multiplient et les raisons sont multiples. En premier lieu «l’indiscutable montée en puissance de la violence dans la société : à l’exemple de ce qui se voit dans d’autres lieux publics, l’hôpital n’est pas épargné, ensuite, un discrédit certain frappant les professions médicales, notamment du fait des graves dérives de l’activité complémentaire qui sont maintenant largement colportées sur la place publique, entachant gravement l’honneur de la profession». Selon cette même analyse, «la multiplication des dysfonctionnements dans le système de santé, particulièrement ces deux dernières années, dysfonctionnements que les personnels de la santé essaient de pallier du mieux qu’ils peuvent tout en essuyant les feux du mécontentement des usagers, et sans jouir pour autant de la moindre considération de la part des pouvoirs publics». Jusqu’à quand durera cette situation ? A quand l’installation effective du dispositif promis l’année dernière ? Contactés, ni le ministère de la Santé ni la DGSN n’étaient joignables hier.



N. I.