Agression contre Ghaza: Amnesty apporte des preuves sur des « crime de guerre » d’Israël

Agression contre Ghaza: Amnesty apporte des preuves sur des « crime de guerre » d’Israël

Amnesty International a rassemblé dans son dernier rapport des preuves sur des « crimes de guerre » commis par Israël en tuant au moins 135 civils lors de l’agression de l’été 2014 sur la bande de Ghaza qui a fait plus de 2.200 morts parmi les Palestiniens.

De nouveaux éléments publiés par Amnesty dans une rapport intitulé « Black Friday: carnage à Rafah » montrent que les forces israéliennes ont perpétré « des crimes de guerre » à Ghaza.

« Le caractère systématique et apparemment délibéré des attaques aériennes et terrestres sur Rafah qui ont tué au moins 135 civils pourraient constituer également un « crime contre l’humanité », ajoute l’ONG.

Israël « a mené une séries d’attaques disproportionnées et sans discrimination » sur la région de Rafah, dans le sud de la bande de Ghaza, et « n’a pas mené d’enquête indépendante sur ces agissements », poursuit l’ONG dans ce travail réalisé avec l’équipe de recherche londonienne Forensic Architecture.

Le rapport est argumenté par « des centaines de photos et de vidéos, des images satellite et les témoignages de personnes ayant assisté aux événements », qui retracent le cours des attaques qui ont débuté le 1er août à Rafah.

C’est n’est pas la première fois qu’une telle accusation soit lancée par des ONG et instances internationales en direction de l’Etat hébreu.

Dans une résolution adoptée à une écrasante majorité, le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, a souligné la nécessité de « veiller à ce que tous les responsables de violations du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’Homme répondent de leurs actes aux moyens de mécanismes nationaux ou internationaux de justice pénale appropriés, équitables et indépendants ».

Des dégâts non réparés une année après l’agression

La majorité des patients ayant besoin de soins chirurgicaux ou de kinésithérapie liés à des blessures suite à l’agression ont moins de 18 ans,  a révélé Médecins sans frontières (MSF), dénonçant l’occupation israélienne qui « prive les Palestiniens d’avenir ».

Au total, selon l’ONU, des centaines de milliers de Ghazaouis ont besoin de soins médicaux et de soutien psychologique. Mais, note MSF, « 70 structures de santé ont été partiellement ou totalement détruites par l’attaque ».

Plus de 10.000 Palestiniens ont été blessés « dont 7.000 femmes et enfants » dans l’enclave où s’entassent 1,8 million d’habitants.

« La rhétorique d’Israël du droit de se défendre sert d’alibi à des offensives toujours plus meurtrières et à une politique coloniale qui asphyxie les Palestiniens et les prive d’avenir », souligne le président de MSF, Mégo Terzian.

Un blocus israélien empêche la reconstruction de Ghaza

Le blocus israélien qui limite l’importation de matériaux de construction dans la bande de Ghaza a provoqué une envolée spectaculaire du chômage dans l’enclave palestinienne et rend impossible sa reconstruction, ont dénoncé des organisations humanitaires.

Selon Christian Aid, moins de 1% des matériaux nécessaires à la reconstruction de la bande de Ghaza, ravagée l’été 2014 par l’agression militaire israélienne, a pu y pénétrer.

Les forces d’occupation israéliennes surveillent étroitement les frontières de Ghaza depuis 2006, année de l’arrivée au pouvoir du mouvement de résistance palestinien Hamas.

De fait, la bande de Ghaza est complètement coupée du monde, ce qui « a contribué à créer l’un des taux de chômage et un niveau de dépendance à l’aide extérieure parmi les plus élevés de la planète », avait dit William Bell, porte-parole de Christian Aid.

Selon Oxfam, l’économie ghazaouie repose de plus en plus sur l’aide internationale et 80% de la population en est dépendante.

Au rythme actuel, la reconstruction de Ghaza, dans la bande de Ghaza où les travaux sont toujours au point mort, sera achevée dans plus de 70 ans, ajoute-t-elle.

En outre, avec 18.000 maisons totalement ou presque totalement détruites, 100.000 Ghazaouis sont toujours hébergés par des proches ou installés dans des abris précaires, après que l’ONU a fermé ses derniers centres d’accueils il y a peu, selon les données de l’UNRWA, (Office de secours et de travaux des Nations-Unies pour les réfugiés de Palestine).

« Israël devrait autoriser une augmentation des exportations à Ghaza afin de stimuler la reprise économique et la liberté de mouvement des civils », a ajouté l’agence onusienne, soulignant que les mesures prises jusqu’à maintenant pour alléger le blocus actuel « sont loin d’être suffisantes pour apporter le changement essentiel ».

Le 8 juillet dernier, était une triste commémoration pour les Palestiniens. Durant les 50 jours, jour pour jour, Israël lançait une nouvelle agression militaire sur Ghaza l’été 2014, une troisième en six ans. Environ 2.250 Palestiniens, dont 1.500 civils selon l’ONU.

(Par Rebiha AKRICHE)