Agrément de nouveaux partis politiques : Quand Ould Kablia dit une chose et son contraire

Agrément de nouveaux partis politiques : Quand Ould Kablia dit une chose et son contraire

Qu’importe si le ministre de l’Intérieur se désavoue. La nouvelle loi sur les partis politiques sera prête avant l’année 2012, a indiqué, samedi 16 avril, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Dahou Ould Kablia. Pourtant, c’est le même ministre qui affirmait jeudi 25 février que l’agrément de nouveaux partis politiques n’était pas à l’ordre du jour.

« La nouvelle loi sur les partis politiques sera prête avant l’année prochaine étant donné qu’on a commencé à travailler dessus », a précisé M. Ould Kablia, lors d’un point de presse animé en marge de la visite du président Bouteflika, à Tlemcen.

Interrogé sur les possibilités d’agrément de nouveaux partis politiques, le ministre a commencé par indiquer qu’à ce jour, son département avait enregistré 42 demandes d’agrément et « pas seulement celles émanant de cinq ou six personnalités connues et dont on parle le plus », a-t-il fait remarquer.

Depuis l’arrivée au pouvoir du président Bouteflika en avril 1999, les autorités algériennes ont systématiquement refusé toutes les demandes d’agréments de nouveaux partis politiques.

Seule une formation politique, le FNA (Front national algérien), de Moussa Touati, un ancien militaire, a pu obtenu en 1999 le quitus du ministère de l’Intérieur.

Les responsables des partis qui ont déposé des demandes d’agrément ont beau protester contre les blocages, les autorités ont jusque là fait la sourde oreille. Subitement, le ton change. Subitement, elles sont désormais disposées à plus de souplesse à l’égard des opposants. Non sans se livrer à une sorte de contorsions sémantiques.

Jeudi 24 février, le ministre de l’Intérieur avait pourtant déclaré que l’agrément de nouveaux partis politiques n’était pas à l’ordre du jour.

« L’agrément de nouveaux partis politiques n’est pas envisagé pour le moment », a indiqué M. Ould Kablia à la radio nationale, ajoutant qu’aucun agrément n’avait été délivré pour l’heure.

Mois de deux mois après cette déclaration, le ministre adopte un nouveau langage. Des partis seraient agréés avant la fin de l’année. Toutefois, il y met un petit bémol.

« Dans toutes les demandes d’agrément présentées, a poursuivi M. Ould Kablia lors de son intervention à Tlemcen, on ne connaît pas la capacité de mobilisation de ces partis en formation ni leur représentativité au niveau national, puisque la loi exige qu’ils soient ancrés dans plus de 25 wilayas ».

Ces partis, a ajouté le ministre, « n’ont pas de cahier des charges et leur règlement intérieur est faible (sans compter) que ces demandeurs d’agrément ne bénéficient même pas de l’appui des populations de leur ville d’origine », a-t-il encore asséné.

Pour résumer, le ministre a indiqué que « si des partis n’ont pas été agréés jusqu’à ce jour, c’est parce qu’il y avait des problèmes » parfois liés, à son avis, aux « insuffisances » constatées dans la loi de 1990 sur les partis politiques.

« Ces manques (de la loi de 1990) ont permis l’agrément de plus 57 partis politiques, lesquels n’étaient pas fondés sur des bases vraiment solides, ce qui a amené plus de 30 formations à s’autodissoudre », a expliqué le ministre.

Dans son discours télévisé à la nation prononcé vendredi, le chef de l’Etat avait annoncé d’importantes réformes politiques, notamment une révision de la Constitution, un amendement de la loi sur les partis politiques et une révision « profonde » la loi électorale avec la participation organisée des citoyens, de la classe politique et de l’essentiel de la société civile.