L’Université algérienne connaît beaucoup de problèmes, à commencer par la dégradation du niveau, le décalage entre le contenu enseigné et le marché du travail, les réformes engagées depuis 2004 avec l’introduction du système LMD élargi en 2007.
Huit ans sans penser à une évaluation académique. Il a fallu que les étudiants passent à la protestation pour que la tutelle organise des conférences régionales sanctionnées par une conférence nationale tenue samedi dernier à Alger. Une conférence qui ne satisfait pas toutes les revendications de la famille estudiantine. Dans ce cadre, l’encadrement des étudiants dans des organisations estudiantines devient un enjeu majeur. Outre les organisations déjà connues pour leur affiliation aux partis de l’Alliance présidentielle que sont l’Union générale des étudiants libres (Ugel), l’Alliance pour le renouveau estudiantin national (Aren) et la Ligue nationale des étudiants algériens (Lnea), il y a la naissance de la Coordination nationale autonome des étudiants (Cnae) qui pourrait également avoir des sensibilités politiques. A cet effet, le jeu politique s’intensifie à l’université algérienne et chacun essaye de faire passer sa voix sans un réel intérêt pour l’avenir des étudiants.
L’Université algérienne, qui compte aujourd’hui en son sein plus de 1,2 million d’étudiants, s’est transformée en un champ de bataille pour les sensibilités politiques.
Du côté de ceux qui se disent «autonomes», la Coordination nationale autonome des étudiants (Cnae) a affirmé le maintien de son mouvement de protestation. Cette coordination, qui a boycotté la conférence organisée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, compte organiser une marche nationale le 12 avril à Alger, de la Grande Poste au Palais du gouvernement.
Si cette Coordination se dit autonome et continue son mouvement de protestation, les organisations estudiantines connues pour leur affiliation aux partis de l’Alliance présidentielle (FLN, MSP et RND) sont en pleine campagne pour calmer les choses même au détriment des étudiants.
Dans ce cadre, l’Union générale des étudiants algériens (Ugea) a entamé, hier à Bab Ezzaouar, les travaux de son congrès en présence des cadres du Rassemblement national démocratique (RND). Il n’est pas écarté que des orientations soient données pour essayer de casser le mouvement de protestation. Cet organisme estudiantin fait partie des quatre organisations estudiantines qui composent la Coalition du mouvement estudiantin, structure qui s’apparente à l’Alliance présidentielle.
Pour sa part, l’Union nationale des étudiants algériens (Unea) affiliée au FLN a réitéré, dimanche à Alger, son appel à faire prévaloir le dialogue.
Dans un communiqué final sanctionnant les travaux de la réunion nationale des responsables des bureaux de wilaya, l’Unéa appelle à faire preuve de vigilance et de sagesse pour tout ce qui a trait à la situation de l’université, car «la crise subsiste toujours».
Cette organisation a plaidé pour «l’élaboration d’un projet de loi, en remplacement du décret 010-315, qui tient compte des revendications récemment exprimées en vue de leur prise en charge, notamment en ce qui concerne l’équivalence des deux systèmes, le système classique et le LMD, et l’unification des normes des spécialités au niveau national». Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique avait affirmé que les systèmes d’enseignement supérieur classique et le LMD évolueront séparément.
Selon lui, son secteur «encourage l’ouverture d’un grand nombre de postes de Magistère en tenant compte des conditions d’encadrement» ainsi que l’ouverture d’écoles doctorales, notamment dans les spécialités accusant un déficit d’encadrement pour ce qui est du système classique.
Concernant le LMD, le ministre a indiqué que son département «encourage l’ouverture d’un grand nombre d’offres de Master en assurant le passage du système classique au LMD durant le cursus d’enseignement, selon des normes pédagogiques et scientifiques basées sur les références de formation, dont les programmes et le volume horaire».
Des promesses qui ne satisfont pas tous les étudiants en attendant leur application sur le terrain.
Par Nacera Chenafi