Agitation dans les mouhafadas FLN, Saâdani malmené

Agitation dans les mouhafadas FLN,  Saâdani malmené
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Vent de fronde au FLN

Tout en montrant ses muscles hier à Batna, le secrétaire général du parti majoritaire n’a pas manqué de menacer ses adversaires.

La crise du FLN s’amplifie davantage. Alors qu’il est vivement dénoncé par tous ses adversaires, le secrétaire général du parti, Amar Saâdani, continue son opération pourtant hautement décriée. Afin d’atteindre ses objectifs, notamment son plébiscite à la tête du FLN pour un deuxième mandat et l’organisation d’un congrès cousu de fil blanc à son grand profit, Saâdani poursuit son offensive. Dans son plan de bataille, il compte même appuyer son découpage tous azimuts, une opération qui a soulevé un tollé de protestations, par une démonstration de force. Or, la création de plusieurs mouhafadhas (le nombre a été triplé) est qualifiée de fuite en avant, voire d’une aventure aux conséquences dangereuses pour le parti.

Dés lors, le plan de Saâdani est contrarié, car tout ne se passe pas comme escompté par le patron du FLN. La preuve, l’instruction donnée aux mouhafedhs samedi dernier de faire des rassemblements de soutien, n’a pas eu le résultat espéré. Même le regroupement des sept mouhafadhas d’Alger, le mer-credi dernier, au niveau du siège national n’a pas drainé les foules.

LG Algérie

Paniqué, Saâdani a battu le rappel de ses troupes à Batna. Il a rassemblé les élus issus d’une quinzaine de wilayas de l’Est et du Sud-Est du pays au niveau du complexe sportif du chef-lieu de cette wilaya. Outre les rengaines habituelles, Saâdani a menacé ses opposants: «le règlement est clair concernant ceux qui agissent en dehors du cadre du parti». Ceux-là poursuit-il «placent leurs intérêts personnels au-dessus de toute autre considération». Fort de l’allégeance de près de 80 mouhafedhs qu’il a désignés, le secrétaire général défie ses opposants qui, dit-il, au lieu de «se contenter de se réunir dans une villa à El-Biar», devraient organiser des actions en dehors de la capitale. Cependant, les militants du FLN ne font pas tous la même unanimité autour des intentions et du programme d’action du secrétaire général, dont certains continuent avec véhémence de réclamer son départ.

Tout en montrant ses muscles hier à Batna, Amar Saâdani n’a pas manqué de menacer ses adversaires. A titre de rappel, l’ex-mouhafedh de Batna, M.Boulahia, président de la commission des Affaires étrangères du Conseil de la nation, figure parmi les neuf mouhafedhs déjà écartés par Saâdani qui persiste et signe en affirmant que «le problème du FLN n’est ni à M’sila ni à Batna,(mais qu’) il est uniquement à Alger». Il l’a encore clamé lors de son dernier conclave avec les mouhafedhs au siège du parti. Même si Saâdani dément qu’il y ait un différend avec Tayeb Louh, certains estiment que ces attaques sont destinées au ministre de la Justice, présenté comme un rival potentiel.

Récemment, usant du jargon militaire, Saâdani a tenté d’expliciter sa démarche: «Nous avons créé d’autres structures pour rompre la dépendance, élargir la base, se rapprocher des militants et des citoyens et de surcroît, pour éviter le vote et la désignation par le biais de la chkara.»

Mais ses contestataires «ne l’entendent pas ainsi», et, dit-il, ils «s’opposent à l’élargissement de la base du parti» pour des questions d’intérêt personnel. La même accusation lui est vigoureusement retournée par ses détracteurs qui sont convaincus que toute son agitation consiste à baliser sa prééminence à la tête du FLN. En tout état de cause, la prochaine échéance du comité central, qui doit avoir lieu le mois de décembre, devrait être déterminante. La commission de préparation du congrès, composée de 350 membres du comité central, est restée marginalisée par le secrétaire général, a déploré M. Abada. Prévue en juin dernier, l’installation de cette commission est renvoyée aux calendes grecques. Alors qu’on s’affaire à créer de nouvelles structures, cette commission, dont un noyau dur devait présider aux préparatifs des assises, est écartée par Saâdani, regrette-t-il. «On sent une volonté de truquer les résultats du congrès censé régler les problèmes qui se sont posés, y compris celui de la légitimité du secrétaire général».

Seule la volonté d’organiser «un congrès fantoche et sur mesure explique ce qui se passe actuellement au FLN», a indiqué le coordinateur des redresseurs, Abdelkrim Abada, qui a découvert à ses dépens que Saâdani n’a pas tenu ses engagements relatifs à la réintégration de ses partisans exclus du parti. Il s’inscrit en porte-à-faux de l’opération de création de nouvelles mouhafadas, considérées comme «mal conçues et mal étudiées et contraires aux règlements et statuts du parti».Ce genre d’opérations ne peut pas se faire avant le 10e congrès. De ce fait, le scénario du 9e congrès risque de se répéter, déplore-t-il (près de la moitié des membres du comité central avaient été désignés par le SG de l’époque).

Lors du prochain congrès, l’élection ou la désignation des membres du nouveau comité central vont constituer l’enjeu majeur pour les uns et les autres. C’est ce qui explique la montée des tensions dans les différents camps qui redoutent d’être balayés, alors que Saâdani s’efforce de sortir de l’ornière. Par ailleurs, Abderrahmane Belayat a animé hier une conférence de presse, en compagnie de l’ex-ministre des Transports, Amar Tou. Rappelons qu’il avait affirmé récemment que Tayeb Louh a confié que «Saâdani a dépassé les limites et qu’il ne peut plus le cautionner». A tout cela, Saâdani tente de répliquer avec les regroupements régionaux, histoire de démontrer aux uns et aux autres qu’il tient les choses bien en main. «Le message de Novembre et le FLN ne sont la priorité de personne», a-t-il martelé ces jours derniers…