Aghilès Hadjou tué pour une «affaire de véhicule»

Aghilès Hadjou tué pour une «affaire de véhicule»

L’enquête sur l’assassinat du jeune Aghilès Hadjou, menée par la Gendarmerie nationale, semble avoir porté ses fruits. Selon des éléments d’informations fournis samedi par la compagnie de gendarmerie de Tigzirt, le mobile du meurtre serait une «mésentente sur un véhicule, propriété commune des assassins et de la victime».

Les enquêteurs écartent tout lien entre ce meurtre et le terrorisme, comme ils démentent catégoriquement les rumeurs insistantes sur «un crime d’honneur». Selon la version officielle, ce crime relève «exclusivement du banditisme».

La gendarmerie ne donne cependant pas les détails de cette «vente de véhicule» qui a tourné au drame. Le manque de précisions sur les motivations des criminels a alimenté tout au long du week-end de folles rumeurs, selon lesquelles il s’agirait d’un crime d’honneur.

Des habitants d’Azeffoun contactés par nos soins ne croient pas totalement à la version officielle. La vitesse à laquelle s’est déroulée l’enquête – bouclée en trois jours – suscite des doutes, surtout qu’Aghilès, âgé de 19 ans et fils d’un entrepreneur, avait tout pour être une cible de ceux qui font du kidnapping leur nouveau business. Porté disparu le 18 octobre dernier, il a été retrouvé, mercredi aux environs de 19h, enterré dans un sac noir en plastique sur la plage du village Idjeremnan, commune d’Aït Chaffaa. Une corde entourait son corps, celle avec laquelle il a été étranglé.

Des marques bleues étaient visibles sur son cou. Aghilès a été, selon le récit officiel, tué le soir même de sa disparition par trois jeunes de sa génération (âgés entre 19 et 21 ans). Ces jeunes, dont deux ont été arrêtés mercredi et le troisième vendredi, alors qu’il se rendait au domicile parental pour fêter l’Aïd El-Kébir, connaissaient bien la victime. C’était en quelque sorte leur «ami» avec lequel ils passaient des nuits dans une maison retirée en construction. Après l’avoir tué, les trois jeunes ont mis son corps dans un gros sac en plastique, comme dans les séries américaines, l’ont jeté dans le coffre d’une voiture et enterré sur la plage.

D’après les enquêteurs de la Gendarmerie nationale, un autre jeune qui fait partie de leur clique aurait été au courant de leur forfaiture, mais il n’a pas averti les services de sécurité. Il a été arrêté samedi pour non-dénonciation d’un crime. L’arrestation des présumés assassins d’Aghilès a pu se faire grâce à la localisation d’un appel effectué par l’intermédiaire de la carte SIM de la victime de la petite ville côtière de Boulimat, Béjaïa.

Les quatre personnes impliquées dans ce meurtre seront présentées devant le procureur de la République lundi. L’assassinat d’Aghilès a coïncidé avec le jugement d’une affaire d’un réseau de kidnappeurs à la cour de Tizi Ouzou, qui a prononcé la peine capitale contre huit mis en cause. Le kidnapping a pris de l’ampleur ces dernières années dans la wilaya de Tizi Ouzou. 72 affaires ont été enregistrées depuis 2005. Deux otages ont été exécutés et les autres libérés après paiement de rançon.

Sonia Baker