Se fiant aux promesses des agenciers, les pèlerins algériens s’attendent à trouver monts et merveilles avant de se heurter souvent à une réalité des plus amères. Livrés à eux-mêmes, ils sont confrontés à de nombreuses difficultés dans l’accomplissement de leur pèlerinage. Les agences, responsables de leur séjour, font ainsi fi de leur cahier des charges. Les pouvoirs publics tentent, timidement jusqu’à présent il faut le dire, de mettre fin à ces dépassements. Pour cette année en tout cas des sanctions sont tombées et cinq agréments ont été retirés.
Plusieurs citoyens ont été victimes de l’arnaque d’agences de voyages qui leur proposent «un hébergement dans des hôtels classés, situés à proximité des Lieux Saints, et un transport de l’aéroport au lieu d’hébergement».
Mais, arrivés sur place, ces clients se retrouvent face à une autre réalité et livrés à eux-mêmes. «Beaucoup de choses ont été dites concernant les agences de voyages. Il faut faire la différence entre les agences de voyages professionnelles et celles qui arnaquent.
Le décret régissant la création et la gestion d’une agence de tourisme et de voyages a été révisé au mois de juillet 2010. Il y a un cahier des charges que les agences doivent respecter», a déclaré, hier, le ministre du Tourisme et de l’Artisanat. Ainsi, avec ce nouveau décret, il y aura une sorte de contrat entre le client et l’agence de voyages. Cela permettra d’éviter tous ces problèmes mais aussi de respecter les droits des deux parties : agence et client. «Nous avons reçu plusieurs rapports concernant ces arnaques. Cinq agences ont été sanctionnées et nous avons même procédé au retrait de leurs agréments», a affirmé Smaïl Mimoun.
Dans ce sens, M. Mimoun, qui intervenait en marge de l’inauguration d’un village touristique à Oran, a rappelé que son département travaille en collaboration avec le ministère des Affaires religieuses. Ainsi, a-t-il expliqué, outre le respect des cahiers des charges, les agences de voyages doivent également respecter le règlement du ministère des Affaires religieuses pour l’organisation de ce type de voyages. «Si à l’avenir nous recevons des rapports, que ce soit du ministère des Affaires religieuses ou de nos consulats sur place, l’Office national du hadj sanctionnerait ces agences et le ministère du Tourisme pourrait même leur retirer l’agrément», a-t-il souligné.
Sur un autre plan et concernant la coïncidence du mois de ramadan avec la saison estivale, M. Mimoun a fait savoir qu’il a eu «des discussions avec les offices locaux du tourisme, mais aussi avec les associations et agences de voyages pour qu’il y ait un programme en adéquation avec le mois sacré». «Il y a des efforts qui ont été faits pour permettre l’exploitation des plages en période nocturne», a-t-il dit.
Puisque le mois de jeûne coïncide avec la saison estivale durant les quatre ou cinq années à venir, le directeur général de l’Office national du tourisme, Mohammed Amine Hadj-Saïd, a estimé, pour sa part, qu’il nous faudra «acquérir de nouvelles habitudes, notamment la baignade nocturne qui s’amplifie de plus en plus. Donc, le ramadan, pendant la saison estivale, va donner de nouvelles habitudes aux Algériens». D’ailleurs, a-t-il fait savoir, durant le salon du tourisme, beaucoup d’agences de voyages, mais aussi d’infrastructures hôtelières proposent des promotions allant jusqu’à 50%. «Cela pourrait intéresser beaucoup de citoyens, notamment ceux qui viennent du Sud», conclut-il.
«Encourager les camps de toile»
Concernant la capacité des infrastructures existantes d’absorber le nombre d’estivants attendus cette année, le ministre a expliqué que «ce n’est pas du jour au lendemain que les hôtels pousseront comme des champignons. Il faut être clair. Nos capacités sont nos capacités. Il faut du temps pour investir et une durée pour que les projets soient réalisés». Pour cela, il estime qu’il faut encourager les camps de toile. «Il ne faut pas prendre au sens péjoratif ce mot. Aujourd’hui, ils représentent l’hôtellerie légère, à la belle étoile. C’est connu dans le monde entier. En outre, ces camps disposent de toutes les commodités, certains sont même classés», souligne-t-il. Pour ce qui est du nombre d’estivants, il estime qu’il faut «accorder une plus grande importance à la qualité et non pas à la quantité».
B. M