Agence de Gestion des Réalisations et Équipement des Établissements de Santé (AREES): Une dissolution et des interrogations

Agence de Gestion des Réalisations et Équipement des Établissements de Santé (AREES): Une dissolution et des interrogations

L’ère de l’austérité a bel et bien commencé en Algérie. L’on assiste ces derniers mois à la fermeture de plusieurs organismes et autres établissements publics créés, pourtant, pour des objectifs jugés “primordiaux”. Plusieurs secteurs, ciblés par la crise, n’ont pas échappé à cette sentence. La culture, les travaux publics, les TIC, pour ne citer que ces exemples, ont subi à leur corps défendant, cette rigoureuse mesure. La santé, aussi, fait partie de ce lot. Le verdict est prononcé à l’égard de l’Agence nationale de gestion des réalisations et d’équipement des établissements de santé (Arees).

Même si on ne lui a pas encore notifié la décision, la dissolution de l’agence semble être tranchée au sein du Premier ministère. Certes, il n’existe pas encore de décret officiel relatif à cette mesure mais le texte est réellement à l’ordre du jour, affirme Slim Belkessam, conseiller du ministre de la Santé. En attendant, l’Arees continuera à fonctionner.

Le motif évoqué par M. Belkessam est que cette structure devrait assurer son fonctionnement à partir des marges qu’elle prélèverait des gros chantiers de CHU centralisés. Cependant, la quasi-totalité des programmes de réalisations d’infrastructures sanitaires est, selon lui, à l’indicatif des walis. En termes plus clairs, ce sont des projets décentralisés. L’agence comptait s’appuyer sur la réalisation des 10 CHU ; un programme propre au ministère de tutelle, donc centralisé. Or, cet ambitieux programme a été reporté, non pas pour des raisons d’austérité, explique notre source, mais à cause des négociations sur les offres financières qui n’ont pas été concluantes avec les soumissionnaires.

En l’absence de ces projets, l’Arees, indique ce responsable, ne peut garantir son fonctionnement. Pourquoi veut-on accélérer la dissolution de cette agence qui a été gérée de manière efficace par son staff ? Pourquoi n’a-t-on pas transféré ses missions à un autre organisme fédérateur relevant du même secteur dans le cadre d’une fusion tel que cela a été effectué dans le secteur des travaux publics avec la naissance de l’agence des autoroutes (ADA) d’une fusion de l’Agence nationale des autoroutes (ANA) avec l’Algérienne de gestion des autoroutes (AGA). “Il n’existe pas d’organisme assumant les mêmes missions que l’Arees dans le secteur de la santé”, répond M. Belkessam.

Néanmoins, une partie des tâches de l’agence sera confiée à des structures régionales d’accréditation et d’évaluation des établissements de santé qui verront le jour avec la promulgation de la nouvelle loi sanitaire. Cela étant, des sociétés du textile, des banques ont bénéficié de refinancement, des entreprises ont été assainies, mais l’Arees n’a pas eu cette chance. L’agence est pour le moment mise en veilleuse. Il est à noter, toutefois, que des établissements à caractère commercial et industriel (Epic) ont connu des situations de déficit considérable, mais n’ont jamais été dissous pour autant. Si l’on suit cette logique, les 800 communes déficitaires qui n’arrivent plus à payer les salaires de leurs employés devront être placées sous la tutelle d’autres communes.

L’Algérienne des eaux (ADE) fait face, de la bouche de son DG, à des “difficultés sérieuses”, mais sa dissolution n’a jamais été prononcée. Au contraire, l’on parle de sa fusion avec l’Office national de l’assainissement (ONA). Si l’on a créé cette entité, c’est que l’on a besoin d’elle, l’on a des objectifs bien précis. Créée par décret exécutif n°13-220 du 18 juin 2013, l’Agence est, dans le cadre de sa mission en matière de maîtrise d’ouvrage déléguée, chargée de gérer au nom de l’État et pour son compte les opérations concourant à la réalisation des projets d’investissement, de réhabilitation et d’acquisition d’équipements dans le domaine de la santé.

Avec la disparition de l’Arees, tous les accords signés avec ses consœurs seront annulés. Pis encore, comment le ministère de tutelle procédera-t-il pour assurer l’attribution d’équipements aux différentes structures de santé ? Qui s’occupera, désormais, des opérations de réhabilitation des 14 hôpitaux que l’agence a déjà entamées ? Les projets de 10 CHU envisagés par l’État seront conséquemment reportés aux calendes grecques, voire carrément annulés.