La baisse continue des prix des hydrocarbures vient encore une fois rappeler l’urgence d’investir dans d’autres secteurs productifs. Toutefois, cela passe inévitablement par l’élaboration d’une stratégie globale et non via une stratégie sectorielle.
La production nationale, dans ses différents segments (agroalimentaire, sidérurgie, industrie lourde, pharmaceutique…) n’a pas bénéficié de soutien et de volonté politiques tant mérités.
Les résultats des différentes «réformes» prises par le gouvernement n’ont pas donné les résultats escomptés, en dépit des centaines de milliards de dollars injectés à cet effet. Indice : il faut juste voir la facture des importations de plusieurs produits, qui commence même à menacer les équilibres budgétaires de l’économie nationale.
En cause ? Les mesures prises par le gouvernement sont «isolées», en ce sens qu’elles touchent différemment des secteurs, alors que la solution passe par des décisions «globales». «Il ne peut y avoir une stratégie sectorielle sans une stratégie globale. Toute stratégie sectorielle est vouée à l’échec sans une stratégie globale. On ne peut pas développer le secteur de l’agriculture, par exemple, si les autres secteurs ne suivent pas».
A elle seule, cette réflexion de Abdelhak Lamiri explique les échecs cycliques des politiques industrielles prônées par les différents gouvernements. En effet, il est de notoriété publique qu’on ne peut pas être un îlot de compétitivité dans un océan, dont certaines composantes continuent de dériver…
Cet expert en management, joint hier par téléphone, soutient que le gouvernement actuel est devant deux scénarios : aller vers une politique ou stratégie globale dont les résultats seront attendus et ressentis d’ici une dizaine d’années, ou bien, conjoncture actuelle oblige, prendre des mesures dont les effets et résultats pourraient se faire sentir à court terme. Dans le cadre de la stratégie globale, plusieurs facteurs de réussite sont indispensables pour la construction d’entreprises compétitives, de classe mondiale, et par ricochet, des produits compétitifs fabriqués localement. Il s’agit, notamment, de la gestion de l’intelligence humaine et une industrie de l’expertise qui doit être performante».
Toutefois, le gouvernement peut ne pas recourir à ce genre de mesures, qualifiées de «frontales» selon M. Lamiri, tant qu’une marge de manœuvre existe toujours. Car, au-delà de l’instabilité des prix de l’or noir, les hydrocarbures continuent de conforter la situation financière de l’Algérie. Que faire ? Là, notre interlocuteur soutient que les pouvoirs publics peuvent d’ores et déjà s’attaquer à cette menace qui ne dit pas son nom, à savoir les importations, précisément les subventions des importations de certains produits. «Le gouvernement a une marge de manœuvre de 5 à 7 ans pour s’attaquer d’une manière frontale au mal qui gangrène l’économie. Actuellement avec la baisse des prix du pétrole, il peut arrêter de subventionner certains produits importés. On ne peut pas continuer à subventionner les importations de costumes Pierre Cardin ou les kiwis, mais se contenter de ceux dits de première nécessité et de développement industriel», note cet expert.
Ainsi donc, financer uniquement les produits de première nécessité et de développement industriel et laisser les autres aux lois du marché, pourrait réduire la facture des importations.
En attendant que le produit national soit compétitif
Sur ce chapitre, les entreprises locales, privées ou publiques, ont un grand rôle à jouer. Car, rares sont les entreprises à avoir adopté les plans de modernisation, tels que les techniques visant à favoriser l’écoulement d’un produit en s’appuyant généralement sur la qualité et l’image de marque dudit produit ou de son producteur… Donc, maintenir les procédures archaïques de gestion ne changera rien. Même avec des plans d’assainissement à coups de milliards. Les milliards de la rente pétrolière !
S. B.