La visite surprise en Afghanistan, samedi 29 août, du premier ministre britannique, Gordon Brown, au cours de laquelle il a évoqué la nécessité de mieux protéger ses troupes et de former plus de militaires afghans, est l’occasion pour la presse outre-Manche de s’interroger sur la place des militaires occidentaux dans le dispositif sécuritaire afghan.
« Je pense que nous pourrions avoir 50 000 soldats afghans supplémentaires formés sur l’année à venir », a déclaré M. Brown à la BBC, depuis la province du Helmand, dans le sud de l’Afghanistan, où est basé l’essentiel du contingent britannique.
« Accélérer (la formation) signifie que les Afghans auront une responsabilité plus importante dans la gestion de leurs propres affaires », a ajouté le premier ministre.
UNE AUGMENTATION TEMPORAIRE POUR MIEUX SE RETIRER
La BBC en conclut que, cette formation accélérée nécessitant des renforts militaires dans un premier temps, le chef du gouvernement apporte son soutien à l’envoi de troupes supplémentaires.
Et c’est également ce qu’a entendu Patrick Mercer, un député conservateur, un ancien miliatire pour qui « tant de vies n’auraient pas été perdues au cours des derniers mois » si le contingent britannique avait été plus important.
Du côté du Times, si ces annonces de M. Brown pourraient effectivement signifier une augmentation temporaires des effectifs britanniques sur place, il s’agit avant tout de préparer le terrain pour un retrait massif d’Afghanistan qui devrait être annoncé avant les prochaines élections.
Un calendrier opportun en Grande-Bretagne où, comme en France ou aux Etats-Unis, la guerre en Afghanistan est devenue majoritairement impopulaire, en raison de son coût humain et financier.
PARLER AUSSI BIEN DE « RETRAIT » QUE DE « RENFORTS »
Le Times note par ailleurs que l’envoi récent de neuf cents soldats de Sa Majesté supplémentaires dans le cadre des élections présidentielle et provinciales afghanes offre à M. Brown une confortable marge de manœuvre pour parler de « retrait » ou de « renforts » selon qu’il les laissera sur place ou les retirera sans pour autant influer réellement sur le contingent britannique stationné en Afghanistan.
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Enfin, le Guardian s’intéresse avant tout à la stratégie de réconciliation proposée samedi par M. Brown, qui consisterait à une certaine amnistie pour ceux des talibans qui passeraient du côté du gouvernement afghan.
Le quotidien remarque que, si le premier ministre a bien annoncé un renfort de deux cents personnels militaires destinés à la lutte contre les engins explosifs artisanaux (IED), il s’est gardé de préciser s’ils seraient issus du contingent de 9 100 soldats britanniques déjà sur place ou ajoutés à ces effectifs.
La Grande-Bretagne, qui dispose d’environ 9 150 soldats en Afghanistan, a perdu trente-huit soldats depuis le début du mois de juillet et 207 depuis le début des opérations en 2001.
La plupart ont été victimes des IED. Selon un sondage récent, 58 % des Britanniques estiment que la guerre contre les talibans ne peut être gagnée et 52 % souhaitent le départ des troupes de Sa Majesté.
Downing Street a dû se défendre de ne pas soutenir suffisamment les troupes britanniques, alors que plusieurs hauts responsables militaires ont ouvertement réclamé l’envoi d’équipements supplémentaires.