L’Afghanistan a été secoué mardi par des attaques sanglantes, dont un nouvel attentat suicide qui a tué au moins sept civils afghans et des soldats de l’Otan à Kaboul, les talibans intensifiant la terreur à deux jours des élections présidentielle et provinciales.
Il s’agit de la deuxième attaque suicide en trois jours à Kaboul contre les militaires de l’Otan, chargés avec les forces afghanes de protéger les quelque 17 millions d’électeurs appelés aux urnes jeudi.
En outre, un autre attentat suicide visant un poste militaire a tué cinq personnes dans l’Oruzgan (sud) et des salves de roquettes se sont abattues sur Kaboul et Jalalabad, ne faisant aucun dégât dans la capitale mais blessant dix personnes dans la grande ville de l’est.
A Kaboul, l’une des roquettes a atterri dans l’enceinte du vaste complexe ou se trouve le palais présidentiel.
L’attentat de mardi à Kaboul, comme les tirs de roquettes, ont été revendiqués par un porte-parole des talibans, lesquels ont juré de perturber un processus électoral qu’ils considèrent comme une « imposture » orchestrée par les Etats-Unis>.
A la mi-journée, un kamikaze a fait exploser sa voiture piégée à proximité d’un convoi de la force de l’Otan, près du centre de Kaboul, sur une artère très fréquentée souvent utilisée par les militaires étrangers, ont annoncé les ministères de la Défense et de l’Intérieur.
Au moins sept civils afghans ont péri et 51 personnes ont été blessées tandis que le kamikaze visait un convoi de ravitaillement de l’Otan, selon des sources gouvernementales.
« Des soldats de la force internationale de l’Otan (Isaf) ont été tués et plusieurs blessés » dans l’attentat, a également déclaré à l’AFP une porte-parole de l’Alliance.
Ces victimes ne sont pas des soldats français, a indiqué une source française.
Le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en Afghanistan, Kai Eide, a également annoncé que deux employés afghans des Nations unies avaient péri dans l’attentat, sans que l’on sache s’ils font ou non partie des sept civils tués.
L’attaque de Kaboul a été revendiquée par un porte-parole taliban, Zabihullah Mujahed, tout comme les attaques à la roquette de Kaboul et Jalalabad.
Samedi, les talibans avaient en effet démontré leur capacité à frapper n’importe où dans le pays en perpétrant un attentat à la voiture piégée devant le QG de l’Isaf à Kaboul, l’une des zones les plus sécurisées du pays, tuant sept civils afghans.
Par ailleurs, à Mazar-i-Sharif, dans le nord, une région d’ordinaire plutôt calme, un candidat pour les élections provinciales a été tué lundi dans une embuscade, a annoncé la police. L’attaque n’a pas été revendiquée.
Au moins trois autres candidats aux provinciales, parmi plus de 3.000 au total, ont été tués pendant la campagne.
Le scrutin, extrêmement compliqué à organiser au niveau logistique, sera placé sous haute surveillance, toutes les forces de sécurité afghanes et étrangères – 300.000 hommes au total – étant mobilisées jeudi.
La Commission électorale afghane estime que près de 12% des 7.000 bureaux de vote pourraient rester fermés en raison de l’insécurité.
A Bruxelles, la Commission européenne, a annoncé que ses observateurs avaient constaté des « irrégularités dans la procédure d’enregistrement » des électeurs, ce qui crée « un potentiel de fraude ».
Porté au pouvoir par la communauté internationale à la fin 2001, après qu’une force internationale emmenée par les Etats-Unis eut chassé les talibans du pouvoir, le président Hamid Karzaï, élu en 2004, reste le favori pour le scrutin de jeudi.