Afghanistan : Les talibans avaient tout planifié

Afghanistan : Les talibans avaient tout planifié

C’était prévu. Les mois de juillet et d’août devaient être sanglants en Afghanistan.

A la cyclique flambée de violences de l’été – calendrier imposé par le relief montagneux d’un pays souvent pris par les neiges – s’ajoute l’échéance d’une élection présidentielle (le 20 août) propice par nature à toutes les surenchères armées.



Chacun savait que les groupes insurgés passeraient à l’offensive.

Il était attendu qu’ils saisiraient l’occasion de ce scrutin sous haute supervision internationale pour marquer des points dans une guerre psychologique dans laquelle ils excellent désormais.

LG Algérie

Avec soixante-quinze soldats étrangers tués le mois dernier, leur bilan fait sensation.

La presse internationale retient que ce mois de juillet fut « le plus meurtrier » depuis la chute du régime taliban fin 2001.

Est-ce à dire que le régime installé par la communauté internationale est au bord de l’effondrement ?

Que les talibans sont sur le point de s’emparer de Kaboul comme ils l’avaient fait en 1996, profitant du chaos de la guerre fratricide que se livraient les factions moudjahidines après le départ des troupes soviétiques et le renversement subséquent du régime communiste ? L’Histoire va-t-elle bégayer ?

Ce réveil des talibans, qui nourrit un pessimisme lancinant sur l’avenir de l’Afghanistan, a été maintes fois analysé, décrypté.

Gabegie de l’aide extérieure, corruption des nouveaux maîtres, mobilisation internationale distraite par la guerre en Irak, absence de réalisations économiques dans les campagnes, victimes civiles de raids aériens : on reste interdit devant pareille accumulation d’erreurs et de défaillances qui ont fait le lit de la rébellion.

Est-il trop tard ? Depuis environ un an, le gouvernement de Kaboul et la communauté internationale se remobilisent pour tenter d’enrayer cette spirale de l’échec.

Instruits par l’expérience, ils s’efforcent de rectifier le tir. Affinement de la stratégie militaire (« afghanisation » de l’effort de guerre, usage moins systématique des raids aériens), amorce de développement dans certaines zones : un autre scénario est à l’oeuvre, celui qu’on aurait aimé voir s’épanouir dès 2002.

Une course de vitesse est engagée entre ce nouveau cours, encore hésitant et embryonnaire, et la dynamique insurrectionnelle nourrie des premiers ratés de la reconstruction. Rien n’est encore écrit.

Si l’optimisme paraît bien indécent, le pire – le retour des talibans – n’est pas non plus fatal.

A condition bien sûr que la communauté internationale demeure mobilisée pour aider à faire lever les graines récemment plantées.