Le président afghan, Hamid Karzai, a présenté ce samedi matin un gouvernement destiné à plaire tant à la communauté internationale qu’aux hommes d’influence qui l’ont soutenu, choisissant ainsi la continuité, devant un Parlement qui va devoir voter pour investir chacun des ministres.
Après l’ouverture mouvementée de la séance, au cours de laquelle des députés ont remis en cause la légalité du processus, le vice-président, Mohammad Qasim Fahim, a annoncé que les noms des 23 ministres désignés seraient soumis à l’approbation des parlementaires. Le cabinet comprendra au total 25 ministres, mais les noms de deux d’entre eux n’avaient toujours pas été dévoilés ce samedi matin.
Les ministres-clés de l’Intérieur, Mohammad Hanif Atmar, et de la Défense, Abdul Rahim Wardak, devraient conserver leurs portefeuilles, appréciés par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Comme le précédent, le gouvernement proposé compte une seule femme, Husn Banu Ghazanfar, reconduite par M. Karzai à la Condition féminine.
Sur les 23 noms dévoilés samedi 11 ministres sont reconduits dans leurs fonctions. «Beaucoup de ministres ont été maintenus dans leurs fonctions à la demande de la communauté internationale et principalement des Etats-Unis», note l’analyste politique Waheed Mujda. Cela «laisse présager qu’il n’y aura pas de changement majeur dans la politique du gouvernement», a-t-il ajouté.
La composition du gouvernement répond à un subtil équilibre entre les demandes de la communauté internationale, qui ne cesse d’appeler le président Karzai à lutter contre la corruption endémique jusqu’au sommet de l’Etat et a réclamé à ce titre un cabinet constitué de ministres intègres et compétents, et la nécessité politique de récompenser les hommes d’influence ayant soutenu sa réélection.
Un des hommes forts de l’ouest du pays, l’ancien chef de guerre de la résistance contre les Soviétiques et de la lutte contre les talibans, Ismaïl Khan, a ainsi été reconduit au ministère de l’Energie. Par ailleurs, les ministres désignés ont quitté le Parlement, qui délibère sur les modalités d’approbation.
Ils vont ensuite s’exprimer chacun à leur tour devant les membres du Parlement, députés puis sénateurs, qui voteront pour les investir individuellement. Ce processus devrait durer plusieurs jours. Le Parlement afghan est composé de groupes hétéroclites rassemblant d’ex-chefs de guerre de la résistance anti-soviétique, leurs anciens adversaires communistes, des technocrates formés en Occident.
R. I. / AFP