Un frère du président afghan Hamid Karzaï a affirmé vendredi à l’AFP que des chefs talibans du sud du pays avaient accepté de ne pas mener d’attaques menaçant la sécurité des Afghans lors des élections du 20 août.
Cette annonce a cependant été démentie par un porte-parole des talibans.
Ahmad Wali Karzaï, qui dirige la campagne de son frère dans le sud, a expliqué avoir demandé à des chefs de tribus du sud du pays, région la plus touchée par les violences, de persuader les talibans locaux de ne pas prendre pour cible le scrutin de jeudi.
« J’ai demandé aux anciens de parler aux talibans et ils l’ont fait, et m’ont assuré que les talibans du cru avaient accepté de ne pas causer de problèmes », a déclaré Ahmad Wali Karzaï, le plus jeune frère du président.
« Certains accords sont déjà conclus entre les anciens et des talibans locaux, mais pas avec les talibans appartenant à Al-Qaïda », a-t-il ajouté.
« Les anciens les ont convaincus que ce serait aller à l’encontre de l’intérêt du peuple et des Pachtounes », a précisé M. Karzaï.
Les Pachtounes sont la première ethnie du pays, à laquelle appartiennent le président Karzaï et la majorité des talibans.
Ahmad Wali Karzaï a refusé de fournir des détails sur ces accords.
Les élections présidentielle et provinciales se tiendront le 20 août.
Le président sortant y briguera un second mandat. Les observateurs le voient comme le favori des 41 candidats présidentiels, estimant néanmoins qu’il doit élargir sa base électorale dans les provinces du sud, bastion des talibans et théâtre des pires violences des insurgés.
Les talibans ont juré de perturber les élections, qu’ils considèrent comme « une imposture orchestrée par les Américains », appelant les Afghans à les boycotter et à prendre les armes contre les « envahisseurs » étrangers.
Ces menaces font craindre un taux d’abstention élevé et donc un scrutin peu crédible.
A l’approche des élections, les craintes de violences et d’attaques suicide augmentent, tandis que les autorités électorales ont déjà prévenu qu’à cause de l’insécurité, des centaines de bureaux de vote – jusqu’à 12% du total – pourraient rester fermés à travers le pays.
Pour Ahmad Wali Karzaï, les violences n’empêcheront pas son frère de l’emporter, la plupart des électeurs – « jusqu’à 70% » selon lui – votant dans des zones urbaines où les talibans ont une influence limitée.
Les talibans ont refusé de manière répétée d’engager des pourparlers de paix régulièrement proposés ces dernières années par le gouvernement Karzaï, posant comme condition préalable le retrait des troupes étrangères du pays.
Un porte-parole des talibans, Yousuf Ahmadi, a démenti tout accord avec les autorités.
« Nous n’avons parlé à personne. Ni nos commandants locaux, ni nos chefs n’ont parlé à quiconque et ils ne le feront pas », a-t-il déclaré à l’AFP par téléphone depuis un lieu inconnu.
Plus de 100.000 soldats étrangers, en majorité des Américains, sont stationnés en Afghanistan. Avec près du double d’hommes des forces de sécurité afghanes, ils mènent de nombreuses opérations pour sécuriser le plus de zones possibles d’ici aux élections.
Le porte-parole des talibans a expliqué que ses hommes prévoyaient de perturber le vote en coupant les routes menant aux bureaux de vote, ajoutant: « nous attaquerons les forces afghanes et étrangères le jour des élections ».