Affrontements meurtriers entre les salafistes et l’armée à Benghazi, La menace djihadiste prend forme en Libye

Affrontements meurtriers entre les salafistes et l’armée à Benghazi, La menace djihadiste prend forme en Libye

Discrets jusque-là les salafistes du groupe radical Ansar Charia ont défrayé la chronique hier à Benghazi, en s’attaquant à une patrouille de l’armée régulière qui passait à proximité de leur quartier général.

Moins d’une semaine après les affrontements entre les milices armées et les manifestants exigeant leur départ de Tripoli, qui avaient fait 46 morts et 500 blessés, des heurts sanglants ont eu lieu hier à Benghazi, où les salafistes d’Ansar Charia se sont attaqué à une patrouille de l’armée régulière, faisant 9 morts et 49 blessés. Réagissant rapidement, le gouvernement libyen a appelé les habitants de Benghazi au calme et à collaborer avec les forces régulières, tout en assurant que les autorités avaient pris toutes les dispositions pour rétablir l’ordre dans la ville. Le colonel Miloud al-Zwei, porte-parole des forces spéciales a indiqué à l’agence AFP que ces affrontements ont éclaté quand une patrouille des forces spéciales a été attaquée à proximité du quartier général d’Ansar Charia. “L’armée a riposté, déclenchant des affrontements avec tous les types d’armes, les premiers du genre entre l’armée et ce puissant groupe islamiste”, a ajouté la même source. D’autres heurts ont opposé par la suite les deux camps dans d’autres quartiers de la ville, en particulier près d’une clinique caritative appartenant à Ansar Charia dans le quartier al-Selmani, a-t-il précisé. Selon un journaliste de l’AFP, des explosions et tirs nourris ont résonné depuis le petit matin dans plusieurs quartiers de la ville. Des habitants en colère ont incendié un des locaux du groupe salafiste, mais en début d’après-midi, un calme relatif régnait à Benghazi, où les forces de l’ordre sont régulièrement la cible d’attaques attribuées aux groupes islamistes. Ansar Charia a été créé après la chute du régime de Mouammar Kadhafi, et son bras militaire est composé d’anciens rebelles ayant combattu les forces loyalistes en 2011. Ce groupe salafiste est soupçonné d’avoir attaqué des juges et des membres des forces de l’ordre, mais aussi d’être responsable de l’attaque contre le consulat des États-Unis à Benghazi, qui avait coûté la vie à quatre Américains, dont l’ambassadeur, en septembre 2012. Ansar Charia a toutefois démenti toute implication. L’organisation prône la charia comme seule et unique source de législation en Libye et exige que la justice applique immédiatement la loi islamique. Elle mène aussi des actions caritatives, sociales et de prédication. Profitant du vide sécuritaire après la chute de Mouammar Kadhafi, Ansar Charia fait la loi en particulier dans l’est du pays, où le groupe contrôle des quartiers à Benghazi, de Syrte et de Derna, selon des sources locales. À Benghazi par exemple, la katiba d’Ansar Charia contrôle toujours l’entrée ouest de la ville. Récemment encore, ce groupe salafiste a indiqué dans un communiqué qu’il ne reconnaissait pas les institutions de l’État ni ses services de sécurité, les qualifiant d’apostat et de “taghout”. Selon le groupe, “la sécurité dans le pays est tributaire de l’application de la charia”. Les affrontements de Benghazi interviennent au moment où les autorités tentent de mettre à profit une grogne populaire contre les milices dans la capitale pour faire évacuer ces groupes armés.

M. T